LE CHOC ENTRE DEUX DROITS CONSACRÉS PAR LA CONSTITUTION
Justice et médias au Sénégal
Les rapports entre la justice et les médias concernant les affaires judiciaires sont souvent l'objet de polémique. Le juge fidèle aux principes juridiques fait face au journaliste guidé par la course au scoop. Le thème a été discuté hier lors de la sortie de promotion de 33 greffiers du Centre de Formation judiciaire (CFJ).
Quelle est la relation entre justice et médias ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre des greffiers hier au Palais de justice de Dakar, à l'occasion de la cérémonie solennelle de rentrée et de remise de diplômes aux élèves administrateurs des greffes du Centre de formation judiciaire (CFJ).
Au total 33 anciens greffiers en chef réunis en deux promotions ont reçu leur parchemin sanctionnant deux ans de formation. Au cours de cette rencontre organisée autour du thème : "Justice et médias", des anciens pensionnaires du Centre ont livré leur impression sur les rapports qui existent entre l'information et la justice.
L'incompatibilité entre presse et justice sur les affaires judiciaires s'explique, selon Me Yandé Faye, par le facteur temps. A l'en croire, les journalistes guidés par la course au scoop versent facilement dans les dérives.
"Le temps médiatique n'est pas le temps judiciaire. La procédure judiciaire demande du temps. Il y a un choc de comportements. La presse excelle dans la caricature. Elle porte atteinte au secret de l'instruction et à la présomption d'innocence", a soutenu le major de la promotion 20122014 des élèves greffes. A ses yeux, la confidentialité de ces principes judiciaires est une valeur sacro-sainte qui ne se négocie point.
Poursuivant dans la même logique, son collègue Mamadou Diédhiou a soutenu pour sa part que la publication des procès-verbaux (PV) ne doit pas se faire, avant d'être livrés en audience publique.
Toutefois, le greffier pense que justice et médias peuvent faire bon ménage, malgré leurs divergences, car tous les deux sont garantis par la Constitution. "Si la justice ne peut pas tout dire, elle doit faire des efforts pour donner certaines informations, tout en respectant le secret de l'instruction et la présomption d'innocence", a-t-il fait savoir.
Me Kaba : "Des points de presse pour expliquer certaines affaires"
De son côté, le ministre de la justice Garde des Sceaux, Sidiki Kaba, pense que les journalistes et les juges peuvent travailler ensemble "pour le bien de la vérité et pour que l'information soit vraie et juste". Selon l'actuel président de l'Assemblée de la Cour pénale internationale (CPI), des réformes sont en cours pour bien encadrer le droit à l'information des citoyens.
"Nous prévoyons dans la réforme du code pénal et du code de procédure pénale l'organisation des points de presse pour expliquer certaines affaires de manière à ce que la désinformation ne s'impose pas, tout en respectant le secret de l'instruction et la présomption d'innocence", a-t-il informé.
Si juge et journaliste sont tous liés par les faits, le ministre précise cependant qu'il y a une frontière. "Il y a deux droits qui s'affrontent. Le droit à l'information et le secret de l'information. Ce sont deux situations, deux rôles radicalement différents mais qui se rejoignent sur un point : les faits sont sacrés à tous les niveaux. Mais le commentaire n'est pas libre chez le juge. A la place, c'est plutôt une analyse", souligne M. Kaba.
Le Sénégal élu nouveau membre non permanent du conseil de sécurité
Sidiki Kaba en donne les raisons
Après le président de la République Macky Sall, c'est au tour du ministre de la justice, Garde des Sceaux, de saluer le succès de la diplomatie sénégalaise. Sidiki Kaba a saisi hier l'occasion de la sortie d'une promotion du Centre de formation judiciaire (CFJ) pour vanter les mérites du Sénégal.
Le Sénégal est depuis avant-hier membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unis. La cérémonie solennelle de rentrée et de remise de diplômes aux élèves administrateurs des greffes du Centre de formation judiciaire (CFJ) a servi hier de prétexte à Sidiki Kaba, pour vanter les mérites du Sénégal pour son accession à ce cercle restreint où se décide le sort du monde.
Dans l'emblématique salle 4 du Palais de justice de Dakar, le ministre de la justice a loué le succès diplomatique du Sénégal et la performance de son système judiciaire.
"C'est entre, autres raisons, un pays considéré comme un État de droit dont le socle repose sur une justice indépendante, respectueuse des principes et des règles qui fondent le respect des libertés fondamentales, des libertés publiques et des droits de l'Homme. La justice est la colonne vertébrale de l'État de droit", a soutenu le Garde des Sceaux.
Selon lui, cette reconnaissance est le reflet de la vitalité démocratique de l'État du Sénégal. Une maturité démocratique qui fait du pays de la "Téranga" un acteur incontournable à l'échelle mondiale.
"C'est aussi la marque du leadership incontesté, sur le plan international, du président Macky Sall. Cette reconnaissance montre un leadership incontesté du président de la République et les valeurs de justice, de défense de l'État de droit et particulièrement les principes de la démocratie", a-t-il ajouté.
Cette troisième accession du Sénégal au poste de membre non permanent du conseil de sécurité est due aussi à la compétence des professionnels de la justice. "Les hommes et les femmes qui animent la justice au Sénégal sont reconnus comme compétents, sérieux et intègres dans l'exercice de leur travail", a indiqué le président de l'Assemblée de la Cour pénale internationale (CPI).
A son avis, la force du système démocratique et judiciaire du Sénégal justifie le choix du Sénégal pour l'organisation du procès "historique" de l'ex-président tchadien Hissein Habré.
Le Sénégal a été élu jeudi dernier comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l'Organisations des Nations unies (ONU), au titre de la période 2016-2017.
Les 193 membres de l'assemblée générale de l'ONU ont accordé 187 voix au Sénégal devant respectivement l'Uruguay, le Japon, l'Egypte et l'Ukraine. Après les élections de 1968-1969 et 1988-1989, le Sénégal siège pour la troisième fois dans cette instance restreinte où se président les destinées du monde.