LE COLLECTIF DES IMAMS DE KATABA DÉSAPPROUVE LA DÉMARCHE DU PROCESSUS DE PAIX EN CASAMANCE
Selon le porte de leur collectif, Cherif Samsidine Dino Kébading Aidara, beaucoup d’acteurs au Sénégal sont tenus à l’écart des négociations menées à l’extérieur
Les imams de l’arrondissement de Kataba1 décrient la manière dont le processus de paix en Casamance est géré. Selon le porte de leur collectif, Cherif Samsidine Dino Kébading Aidara, beaucoup d’acteurs au Sénégal sont tenus à l’écart des négociations menées à l’extérieur.
«Pour nous, ce qui se passe n’est pas une surprise. Il n’y a jamais eu de rencontre à la table de négociations», tranche d’emblée le porte-parole du Collectif des imams de l’arrondissement de Kataba1. D’autant que pour Chérif Samsidine Dino K. Aidara, les négociations sont menées à des milliers de kilomètres du Sénégal, loin des principaux acteurs concernés. Cette situation est à l’origine de la léthargie dans laquelle se trouve le processus de paix en Casamance. «Toutes les conséquences néfastes de cette rébellion touchent les habitants de la Casamance. Ces derniers font preuve de retenue, mais cela ne veut pas dire qu’ils ont peur. Nous sommes dans une situation de ni paix, ni guerre», affirme le sieur Aïdara qui estime que le processus de paix est au point mort.
Rejetant la thèse selon laquelle la branche armée, ou politique du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) a tourné le dos au conflit, le porte-parole du Collectif décèle des problèmes de règlements de comptes au sein de la rébellion. «Les uns sont traités comme des princes, tandis que les autres sont traités comme des traitres », clame-t-il avant de rappeler : «on a créé une cellule interne de négociations entre les différentes factions. On avait d’abord démarré avec l’aile combattante, avant d’entamer des négociations avec l’aile politique. A la mort de l’Abbé Augustin Diamacoune, il y a un air de vengeance au sein du mouvement. Il faut que les gens arrêtent et tournent la page.
La vengeance ne paie pas. Nous devons nous accepter et nous pardonner les uns les autres. Nous sommes tous des Sénégalais. C’est difficile, mais essayons d’oublier. C’est une ambition régionale qui a poussé tout le monde vers cette réclamation». Pour reprendre les négociations, indique Samsidine Aidara, l’Etat du Sénégal «doit intéresser les différentes factions du Mfdc et leur faciliter à se rencontrer. Tous les leaders sont partis, il ne reste quelques gens. Il faut les appeler autour d’une même table pour que cessent les exactions et que la paix revienne de façon définitive dans cette région qui a tant souffert».