LE COMBAT EST LOIN D’ETRE GAGNE
AUTOSUFFISANCE EN MOUTONS AU SENEGAL
Le combat pour l’autosuffisance en moutons risque d’être difficile au Sénégal. L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), en collaboration avec la Banque mondiale a effectué une étude sur un échantillon de 1327 ménages au Sénégal, d’où il est ressorti que la grande majorité des Sénégalais préfère acheter des moutons plutôt que de les élever. Ainsi, 72,4% des ménages s’approvisionnent sur le marché du bétail contre 23 % qui ont élevé leur propre mouton. Des chiffres qui, s’ils se confirment risquent d’accentuer la dépendance du Sénégal auprès de pays frontaliers (Mali Mauritanie).
L’approche de la Tabaski est souvent motif de stress pour tous les « goor gorlu » sénégalais. Les fluctuations notées ces dernières années sur les prix des moutons ont poussé certains ménages à élever leurs propres moutons. Toutefois, cette tendance risque de ne pas s’inverser au regard de la dernière étude publiée par l’Ansd en partenariat avec la Banque mondiale. Cette étude qui s’est déroulée entre le 2 novembre 2016 et le 11 novembre 2016 démontre que les Sénégalais font toujours confiance au marché du bétail pour acquérir un mouton pour la tabaski.
Ainsi, selon les experts de l’Ansd et de la Banque mondiale, les Sénégalais comptent sur le marché du bétail pour s’approvisionner en moutons malgré la multiplication des élevages en moutons. « La majorité des ménages ayant sacrifié un animal lors de la tabaski l’ont acheté. En effet, 72,4% des ménages ont acheté l’animal sacrifié tandis que 23,0% l’ont élevé. La répartition des ménages selon la zone de résidence donne les mêmes tendances avec un léger écart en milieu rural », soutient le document dont « l’As », détient une copie. Ce phénomène précise le texte est plus accentué en milieu urbain qu’en milieu rural.
En effet, précise le rapport, si sept ménages ruraux sur dix ont acheté leur animal sacrifié, ce sont 73,9% des ménages de la zone urbaine de Dakar et plus de trois quarts (77,1%) des ménages des autres zones urbaines qui se l’ont également procuré par achat. Par ailleurs, c’est dans le milieu rural qu’on retrouve le plus souvent les ménages qui ont élevé euxmêmes la bête sacrifiée, peut on lire dans le texte. Le document révèle par ailleurs que la préférence des ménages pour l’achat d’un animal de sacrifice plutôt qu’à élevage répond à plusieurs préoccupations liées au manque d’espace, problèmes d’insécurité, de temps ou de moyens tant en milieu urbain qu’en milieu rural.
Fort de ce constat, il apparait que cette prétention des Sénégalais à s’approvisionner en moutons dans les marchés met à nu les insuffisances de la politique d’autosuffisance en moutons au Sénégal. D’autant plus que le gros des moutons vendus au Sénégal provient des pays frontaliers du Sénégal (Mali et Guinée). Les mesures incitatives liées au transport et à la sécurité pour faciliter l’arrivée des éleveurs maliens et mauritaniens ne feront qu’accentuer cette dépendance. En effet, les éleveurs de ces pays voisins expédient des centaines de bêtes pour approvisionner le marché sénégalais freinant les initiatives de renforcement de la production locale. En effet, malgré les politiques de développement de l’élevage, cette production peine à combler le déficit de moutons et selon beaucoup d’experts, ce déficit s’élève à 750.000 têtes de moutons. La sécheresse et le manque de fourrage dans nos pays voisins risquent de tarir cette source d’approvisionnement. Une situation qui dans un avenir proche pourrait déboucher sur une situation de manque de moutons au Sénégal.