LE CONCEPT «ARMEE-NATION» ENDEUILLE !

En plus des cinq (05) membres et proches de la famille du ministre-conseiller Robert Sagna qui ont péri dans le crash de l’hélicoptère de l’Armée le mercredi survenu le mercredi 14 mars dernier à Missirah, l’Armée aussi a payé un lourd tribut à cet accident : tout un équipage décimé ! Il s’agit du pilote, le colonel El Hadj Mamadou Touré ; du copilote, le capitaine Emmanuel Sarr et du mécanicien, le sergent-chef Thiendella Fall. Le dernier membre de l’équipage, l’adjudant Mountaga Sow lutte encore contre la mort à l’hôpital. Au lendemain de ce crash, nombreux sont les novices voire les ignorants qui s’interrogeaient sur la pertinence de la pré- sence de civils à bord d’avions militaires. 

La question n’est pas « idiote », mais renvoie à un manque de culture ou d’information sur le concept « Armée-Nation ». Il est bon de rappeler qu’en 1960, lorsque notre pays accédait à la souveraineté internationale, la plus prestigieuse institution qui faisait la fierté de la nation tout entière, c’était l’Armée ! Une Armée républicaine, disciplinée et loyale, mais aussi professionnelle. Surtout, une Armée de métier sagement confinée danss es casernes, faute d’ennemis parce que le Sénégal a toujours entretenu de très bonnes relations avec ses voisins. Cet esprit de bon voisinage avait poussé le président Léopold Sédar Senghor à transformer notre Armée nationale en une Armée de Développement. D’où le concept « Armée Nation » qui consiste à faire participer les militaires au développement économique et social de notre pays. Ainsi, l’Armée sénégalaise, par le biais du Bataillon des travaux du génie, était engagée sur plusieurs fronts de développement pour construire des routes, des ponts, des digues, des écoles et des postes de santé. Pendant ce temps, les médecins de la Santé militaire se déploient dans les zones reculées du pays comme Tambacounda, Kédougou, la Casamance et Fouta où ils prennent en charge les populations. A preuve, les civils représentent 90 % des patients consultés et internés dans les hôpitaux et dispensaires militaires.

Et lors des grands événements (Magal, Gamou, Popenguine etc.), pèlerins et populations locales se font soigner ou consulter gracieusement dans les unités médicales de l’Armée. Depuis quelques années, d’ailleurs, cette dernière déploie dans ces grands événements des boulangeries pour distribuer gratuitement des milliers de pains aux pèlerins ! Ce en plus de les soigner. Pour consolider davantage ce concept « Armée-Nation », l’Armée de l’air devint par excellence un corps du désenclavement. De tout temps, les aéronefs militaires sont quotidiennement à la disposition des autorités civiles pour des missions d’ordre social ou humanitaire. C’est dans ce cadre que l’hélicoptère qui a crashé était parti acheminer la dépouille d’un membre de la famille de l’ancien ministre d’Etat Robert Sagna à Ziguinchor avant de s’écraser sur le chemin du retour de mission.

Et lors des derniers matches décisifs pour la qualification au Mondial Russie-2018, les « Lions » du foot ont effectué leurs déplacements à bord de vols militaires(Praia, Ouagadougou etc). Sans oublier l’éternel mariage d’amour et de raison entre les « Fokker » et les « Lionnes » du basket pour de longs voyages de noces à la conquête des trophées continentaux (Bangui, Bamako, Luanda, Kinshasa, Alger, Caire, Abidjan etc). D’autres corps et unités comme la Marine nationale, la Musique principale, le Bataillon du Train (chauffeurs militaires) etc. se sont toujours engagés afin de mettre en exergue le concept d’une Armée sénégalaise au service de ses populations. On conviendra donc, au-delà du douloureux et regrettable accident survenu à Missirah (09 morts), que c’est le concept « Armée / Nation » qui est endeuillé à bien des égards… D’où les condoléances les plus sincères de la nation sénégalaise à nos braves « Jambaars »…