LE DANDÉ MAYO RÉCLAME SA PART DE L’EMERGENCE
Ces localités frontalières de la Mauritanie voisine sont souvent confrontées à d’énormes difficultés, enclavement, absence d’électricité dans certains villages, manque d’infrastructures et absence de réseau et de connectivité

Situé dans la zone fertile des terres du Walo, le Dandé Mayo est isolé et presque coupé du reste du pays. Ces localités frontalières de la Mauritanie voisine sont souvent confrontées à d’énormes difficultés, enclavement, absence d’électricité dans certains villages, manque d’infrastructures et absence de réseau et de connectivité. Les jeunes ont ainsi décidé de porter la voix de leurs pairs pour indiquer la voie aux autorités afin de sortir leur zone du gouffre profond dans lequel elle est plongée.
Mécontents d’être oubliés par les autorités du pays, surtout dans la dynamique des programmes de construction des routes et autres projets de désenclavement, les jeunes de Nguidjilone ont, au cours d’une manifestation pacifique, exprimé leur ras-le-bol face à l’indifférence des autorités vis-à-vis de leur vécu quotidien.
Il faut emprunter tout un labyrinthe, avec des pistes chaotiques et faire des heures pour rallier le Dandé Mayo, pourtant distant de quelques 50 kilomètres de Matam. Des indépendances à nos jours, la seule route qui mène vers les localités riveraines du fleuve est de la latérite non encore bitumée, sur laquelle les passagers devant l’emprunter tous les matins, vivent un véritable parcours de combattant. Pour des besoins administratifs ou d’affaires, il faut se rendre à Ourossogui ou Matam et prendre toute une journée au risque d’y passer la nuit ou bien encore y retourner le lendemain. Même pour se soigner, les habitants de cette zone sont obligés de se rendre dans les deux hôpitaux dont dispose la région. Dans le domaine de l’agriculture, le manque d’accompagnement aurait entraîné une diminution des rendements. Véritable paradoxe, si l’on sait que cette zone peut à elle seule assurer l’autosuffisance alimentaire tant chantée par nos autorités.
Pour lancer leur cri de détresse, les jeunes de la commune de Nguidjilone ont demandé à la sous-préfecture de leur arrondissement (Ogo), une autorisation de marche que le sous-préfet n’a pas voulu leur accorder.
Ils se sont conformés à la décision de l’autorité en se repliant sur le point de départ, dans la maison dite des Pêcheurs où se tiennent généralement les rassemblements du village.
Face à la presse, Aliou Tall, dit Manka, porte-parole des manifestants, a lu une déclaration dans laquelle les jeunes du Dandé Mayo ne réclament rien d’autre que le bitumage de la route qui sillonne toutes les localités riveraines du fleuve, dont les travaux ont été réalisés jusqu’à Ndouloumadji, village d’origine du chef de l’Etat. Ils demandent le prolongement de cette route jusqu’à Oréfondé où elle est reliée à la Rn2. Dans leurs revendications, figurent en bonne place la construction d’un hôpital ou d’un centre de santé, avec l’affectation de médecins pour prendre en charge la santé de quelque trente mille âmes, ainsi que l’érection d’une brigade de gendarmerie dans une zone frontalière et la mise en place d’un système de pompage dans les périmètres agricoles pour permettre aux agriculteurs d’augmenter les rendements.
«Nous rencontrons toutes les difficultés pour nous faire soigner, car nous sommes obligés de nous rendre à l’hôpital de Ourossogui ou de Matam en cas d’urgence. L’agriculture étant la première activité économique du Dandé Mayo, nos agriculteurs rencontrent d’énormes difficultés et les rendements deviennent de plus en plus faibles. Nous pensons qu’avec un bon système de pompage, le Dandé Mayo peut assurer l’autosuffisance en riz et contribuer favorablement au «consommer local» comme le souhaite le Président Macky Sall.»
Cette manifestation des jeunes de Nguidjilone n’a pas été approuvée par leurs leaders politiques qui, soutiennent-ils, ont tout tenté pour les dissuader de tenir leur mobilisation. D’ailleurs, ils accusent leurs responsables politiques (une dizaine) qui occupent de hautes fonctions, d’avoir orchestré l’interdiction de leur marche.
«Nous attendons beaucoup de nos responsables politiques et eux également attendent en retour nos cartes électeurs, donc, ces revendications ne doivent pas tomber dans l’oreille de sourds, ils doivent en faire leurs priorités, sinon, nous savons comment nous comporter à leur égard», a mis en garde Seydou Ndiaye, dit Lat Dior.