LE MAIRE DE NGUENIENE MENACÉ DE PLAINTE
Après une trêve de plusieurs mois due au coronavirus, les habitants de la commune de Nguéniène ont déterré la hache de guerre contre leurs autorités municipales qu’ils accusent de gestion opaque du foncier.

La population de la commune de Nguéniène ne décolère pas contre le Conseil municipal que dirige Maguèye Ndao. elle a tenu hier une conférence de presse pour exiger du Conseil municipal la restitution des terres octroyées à l’entreprise espagnole Produeml avant de menacer de poursuivre en justice le maire Maguèye Ndao.
Après une trêve de plusieurs mois due au coronavirus, les habitants de la commune de Nguéniène ont déterré la hache de guerre contre leurs autorités municipales qu’ils accusent de gestion opaque du foncier. Hier, les jeunes et les éleveurs ont animé une conférence de presse au cours de laquelle ils ont dénoncé la spoliation foncière orchestrée par la municipalité.
Selon Ndéné Niass, président des éleveurs de la commune, le maire devrait faire de l’élevage un secteur prioritaire, puisque la commune dispose de plus de bétail au niveau du département de Mbour. «Lorsque nous, les éleveurs, avons rencontré le maire pour lui faire part de nos inquiétudes sur le manque d’espace et les risques que nous courons avec l’octroi tous azimuts de terres à des privés dont la dernière délibération concerne une superficie de 100 hectares située dans la zone de pâturage, il nous a snobés. La seule réponse qu’il a trouvée, c’est de nous demander de réduire nos têtes de bœufs. C’est ahurissant. Aujourd’hui, les jeunes qui travaillent dans ce projet sont payé à 2500 Fcfa/jour.
Et le pire, c’est qu’ils ne travaillent qu’une semaine pour le repiquage du melon et un mois durant la récolte», déplore le vieux Michel Maronne. «En Espagne, l’élevage fait partie des secteurs économiques primordiaux. Pourquoi nos autorités municipales ne s’inspirent pas du modèle espagnol en créant un ranch au lieu de nous priver de notre activité principale ?», fulmine-t-il.
Pour être édifiés sur la manière dont la communauté rurale d’alors dirigée par l’actuel maire avait cédé les terres, les jeunes ont demandé au secrétaire municipal la délibération des deux premiers champs (celui de Soussane 150 ha et celui de Ndièmane d’une superficie de 50 ha) qui ont été respectivement attribués en 2008 et 2011 au projet espagnol Produmel spécialisé dans la culture des melons. Mais le secrétaire municipal a conforté leurs craintes, car ils avaient informés par l’équipe municipale sortante alors dirigée par feu Ousmane Tanor Dieng, qu’il n’y avait aucune trace relative la cession des deux champs. Et cela a été constate par voie d’huissier.
Très déçus, les jeunes menacent de déposer une plainte contre le maire. «Nous exigeons un audit foncier et dans les plus brefs délais. Puis, une rencontre tripartite entre Produmel, la municipalité et la population. Cette rencontre aboutira forcément à la restitution des terres aux éleveurs. Aujourd’hui, le maire a fait du foncier son gagne-pain. Dans chaque village, il a laissé ses empreintes», dénonce Babacar Diallo. Pour Seny Wade, les autorités de la commune de Nguéniène se distinguent par une boulimie foncière. «Alors que les populations réclament leurs terres de pâturage, la municipalité a entamé des négociations intercommunales avec Sandiara et Malicounda pour la déclassement de 1 175 hectares dans la forêt de Ballabougou dont plus de 90% se situent dans le périmètre communal de Nguéniéne. Et ce, à l’insu des populations». Interpellé, le maire de Nguéniène Maguèye Ndao a refusé systématiquement de se prononcer sur la question.
Toutefois, le conseiller municipal Boucar Diouf indique avoir alerté depuis 2014 sur le caractère étrange de cette délibération. «Ce n’est pas normal de faire des délibérations sur 4 hectares sans que le bénéficiaire ne parvienne à présenter un projet convaincant. Puis, le Conseil municipal doit à chaque fois fournir des explications à la populations, sinon il risque de se poser des problèmes». Pour la restitution des terres, les jeunes n’excluent pas de faire dans le déballage les jours à venir.