LE MAIRE FALLOU SYLLA CONDAMNE A 2 ANS DONT 3 MOIS FERME
L’édile de la capitale de la Petite Côte est reconnu coupable des délits de faux et usage de faux en écriture publique. Son conseil compte interjeter appel
Le Tribunal de Grande Instance(TGI) de Mbour a rendu son verdict hier dans l’affaire de la cession de la place publique de Mbour. Le maire, El-Hadj Fallou Sylla, attrait en justice par le collectif «Mbour Justice» est condamné à 2 ans de prison dont 3 mois ferme. Il devra en outre verser à la partie civile une somme de 2 millions de Frs CFA. L’édile de la capitale de la Petite Côte est reconnu coupable des délits de faux et usage de faux en écriture publique. Son conseil compte interjeter appel.
Historique! Le maire de la ville de Mbour a été condamné par le tribunal de Grande instance (Tgi) de Mbour à une peine de 2 ans dont trois mois ferme. La justice a rendu hier son verdict dans l’affaire de la cession de la place publique de la ville qui a mis à couteaux tirés depuis plus d’un an maintenant l’institution municipale à de jeunes activistes regroupés au sein du collectif «Mbour Justice». Ce procès, dont le délibéré était très attendu, a tenu toute une ville en haleine. Dès les premières de la matinée de ce lundi, les locaux du tribunal ont refusé du monde. La salle des audiences semblait trop exiguë pour contenir tous ceux qui avaient effectué le déplacement. A 10h, le président du tribunal Thierno Niang était déjà sur place en compagnie du procureur, Mamadou Sokhna. Un silence de cathédrale régnait dans la salle, on pouvait entendre une mouche voler et l’on pouvait lire l’inquiétude sur certains visages.
Le juge commença à lire les délibérés, la voix de Thierno Niang connu pour son calme olympien déchirait l’atmosphère. Le cas qui concerne le maire de Mbour était en troisième position. Prononçant le verdict dans une atmosphère glaciale, le juge a relaxé le prévenu du délit de faux et usage de faux avant de le reconnaitre coupable des délits de faux et usage de faux en écriture publique. La sentence tombe pour El -hadj Fallou Sylla, condamné à une peine de 2 ans dont 3 mois ferme avec une amende de 2 millions. Après la sentence, la salle s’est vidée. a la sortie du tribunal, certains partisans du maire ont laissé éclater leur courroux. des femmes proches de Fallou Sylla ont voulu solder leurs comptes avec les jeunes qui ont poursuivi leur leader en justice. D’ailleurs, certaines parmi elles n’ont pas hésité de placer des mots déplacés à l’endroit des plaignants qu’elles ont traités de «corrompus».
Toutefois, les jeunes ont promis de continuer le combat jusqu’à la restitution totale de la place publique à la population mbouroise. «Aujourd’hui il faut que tout le monde sache que nous n’avons pas de problème personnel avec le maire de la ville. C’est notre maire à nous tous, personne ne lui souhaite la prison. Mais, il s’est trouvé qu’il doit apprendre à gérer le foncier de la commune. Aujourd’hui, on assiste à une véritable bamboula à Mbour. Nous avons constaté comment on est en train de dilapider la réserve du stade Caroline Faye. Mais le combat est loin d’être gagné, car nous voulons la restitution de la place publique» a laissé entendre Bakary Diémé, coordonnateur de Mbour Justice. Pour rappel, le maire Fallou Sylla avait cédé la place publique à un promoteur pour la construction d’un centre commercial.
Attaqué par «Mbour Justice», Fallou Sylla avait été contraint par le juge de prouver la légitimité de cet acte, c’est à dire un procès-verbal prouvant qu’il y a eu une délibération du conseil municipal sur ce dossier. incapable de satisfaire à cette requête, l’édile avait reçu les foudres du procureur qui avait requis une peine d’emprisonnement de six mois et une amende de 100 millions pour les délits de faux et usage de faux en écriture publique et falsification de document administratif. Il s’était tout juste limité à brandir un douteux procès-verbal sans aucune trace administrative même si le document a été approuvé par le préfet le 30 mai 2018.
REACTIONS DES AVOCATS
La partie civile jubile, la défense va interjeter appel
Après le prononcé du verdict, les conseils des deux parties se sont prononcés à chaud. Du côté de la partie civile, l’on affiche la satisfaction. Me Souleymane Diallo constitué, estime que la satisfaction réside surtout dans le fait que les délits de faux et de mensonge aient été condamnés. Tandis que pour la défense, l’on reste «surpris» par la sentence. Me Moïse Mamadou Ndior annonce qu’il va interjeter appel.
Pour me Souleymane Diallo l’avocat de la partie civile, cette condamnation est une victoire. «Le tribunal a considéré que les faits de faux dans un document administratif et usage de faux ne sont pas établis et a relaxé le prévenu de ce chef. En ce qui concerne le faux en écriture publique authentique, le Tribunal a retenu les charges à l’encontre du prévenu. Pour ce geste, il l’a déclaré coupable, l’a condamné à deux ans dont trois mois ferme. Le Tribunal a reçu aussi notre constitution de partie civile pour la réparation, il nous a alloué la somme de 2 millions de Frs CFA en fixant la contrainte par corps au maximum et en condamnant le prévenu au paiement. Le mandat de dépôt n’a pas été prononcé à l’audience, il appartiendra maintenant au ministère public notamment le Procureur de procéder et d’apprécier l’exécution dudit mandat de dépôt» souligne - t- il. «Nous sommes satisfaits parce que nombreuses les autorités qui sont traduites devant une juridiction et qu’une décision ne soit pas prononcée. Qu’il soit mis en prison ou pas, là n’est pas l’essentiel pour nous. L’actualité, c’est sur la fausseté des documents qui ont été produits et des mensonges qui y ont été portés et qui ont soutendu l’érection de ces constructions dans l’espace public», ajoute me Diallo.
Quant à me Moïse Mamadou Ndior, l’avocat du maire, il soutient être surpris par le verdict et compte interjeter appel. «Le TGI de Mbour vient de rendre une décision que nous contestons. Nous l’avons appris avec beaucoup d’étonnement, parce que le maire El -Hadj Fallou Sylla n’a strictement rien à se reprocher. Si on devra commenter cette décision, nous le ferons devant les juridictions compétentes. Je puis vous dire que nous allons immédiatement faire appel contre cette décision et ce en toutes ses dispositions», lâche- t-il.
En droit, l’appel étant suspensif, El -hadj Fallou Sylla pourra encore humer l’air de la liberté tant que les juridictions ne se seront prononcées définitivement sur cette affaire qui a déjà commencé à occuper les débats dans la capitale de la petite côte