ACCIDENTS DE LA ROUTE, LE MAL EST DANS LES PNEUS
Les routes sénégalaises tuent environ 600 personnes par an. Si dans plusieurs cas, l'excès de vitesse ou la négligence sont évoqués, d'autres facteurs comme les défauts pneumatiques pourraient être la source de ces drames.
Les routes sénégalaises tuent environ 600 personnes par an. C'est du moins ce que révèlent les responsables de la sécurité routière. Si dans plusieurs cas, l'excès de vitesse ou la négligence sont évoqués, d'autres facteurs comme les défauts pneumatiques pourraient être la source de ces drames.
Il ne se passe presque pas un jour sans qu'un accident mortel ne soit signalé sur l'étendue du territoire national. Le dernier en date est celui qui s'est produit hier dans la région de Kaolack, impliquant un véhicule de type "7 places" et un taxi stationné au bord de la route. L'incident qui s'est produit vers 5h du matin a fait deux morts et plusieurs blessés. Des cas de ce genre, on en compte des centaines par an. Le plus souvent, certains aspects sont avancés pour justifier de tels drames.
L'imprudence du conducteur, des piétons, le non-respect des règles de conduite, le défaut de maîtrise ou encore l’état défectueux des routes sont entre autres les principales causes de ces accidents. D'autres estiment que le mal est beaucoup plus profond. « La route tue, parce que nos autorités refusent de voir la réalité en face. Nombreux sont aujourd'hui des conducteurs qui sont au volant de leur véhicule et qui ne méritent pas leur permis. Ils n’ont pas appris les règles de circulation et ne sont jamais sanctionnés à la hauteur de leurs fautes. Ils se caractérisent par une indiscipline notoire. On va même jusqu'à considérer les accidents de la circulation comme de simples faits divers», avait récemment indiqué Mactar Faye, Directeur Exécutif de la Nouvelle Prévention Routière du Sénégal, dans une interview accordée au site Sénégal.com.
Autres éléments non négligeables, source parfois d’accidents, les défauts pneumatiques. D’après les chiffres dévoilés en 2018 par la structure chargée de la Sécurité routière de l’entreprise Senac Sa, 6% des accidents mortels étaient liés à des défauts pneumatiques. A l’époque (2018), Senac Sa avait lancé une campagne gratuite de vérification des pneus, dont le but était de réduire le fléau. Et durant la même année 2018, les statistiques montraient que 5,3% des accidents étaient dus à des éclatements de pneus. L'année 2019 n'a fait que confirmer ces chiffres. Entre janvier et août 2019, les autorités ont dénombré 18 390 blessés et 430 morts, sur plus de 11 082 sorties sur toute l’étendue du territoire national. Une courbe qui ne devrait pas connaître une baisse, tellement l'année 2020 a été marquée par de multiples accidents mortels.
LA QUALITE DES PNEUS EN QUESTION !
Lorsqu'un accident est signalé, c'est souvent la responsabilité du chauffeur qui est mise en avant. Mais en dehors des éléments naturels ou l'état des routes, les pneus sont à prendre comme élément provocateur d’accidents. Seul élément qui lie la voiture à la chaussée, le pneu est un élément essentiel et indispensable pour rouler.
Par conséquent, il doit être de qualité. Mais est-ce souvent le cas ? Selon un spécialiste interpellé sur la question, plusieurs effets peuvent altérer les pneus. Il s'agit entre autres du défaut de gonflage, de la surcharge du véhicule, du sous-gonflage ou encore du surgonflage. «Nous qui sommes de ce secteur, il est de notre intérêt de suivre ce genre de campagne, pour que nos camarades aient des voitures qui ont de bons pneus. On parle de l'autoroute à grande vitesse. Donc, si on n'est pas assuré qu’on a de bons pneus, on court des risques. Avoir des pneus neufs est plus sécurisant que le contraire», déclarait le Secrétaire général de l’Union des routiers du Sénégal affiliée à la Cnts/Fc, Gora Khouma en marge d'une campagne axée sur la vérification pneumatique, organisée par Senac SA.
Selon le syndicaliste, l'utilisation par les conducteurs de pneus inappropriés serait la cause de cette «tuerie» de masse. «Nous leur demandons d'éviter les ‘’secondes mains’’, concernant les pneus, surtout pour ceux qui utilisent l'autoroute. Il y a une grande différence entre l'autoroute et la route nationale. Donc, il faut avoir de bons systèmes pneumatique et mécanique pour emprunter ce genre de trafic. Nous demandons aussi à la Senac de descendre à la base pour approcher davantage les chauffeurs», avait lancé le Sg de l’Union des routiers du Sénégal.
LES AUTORITES TRAINENT LES PIEDS !
Et selon les chiffres de Senac SA sur la sécurité routière, quatre accidents sur dix sur l'autoroute à péage sont causés par des défaillances pneumatiques. «Dans nos données d’accidents, nous avons 6% de l'ensemble des accidents qui sont dus aux pneus. Dans ces 6%, nous avons 40% qui causent des blessés graves et légers mais aussi des cas mortels. Sur ces blessés graves, nous avons 25% des accidents mortels qui sont dus aux pneus», affirmait Ibrahima Senghor, en marge de leurs trois journées de sensibilisation. Aujourd’hui, pour réduire d'une façon considérable les accidents sur les routes sénégalaises, il devient urgent de sensibiliser le maximum d'usagers sur l'importance de la pneumatique dans la structuration d'un véhicule. Au niveau des autorités, des initiatives avaient été prises pour contenir le phénomène.
Face à la recrudescence des accidents, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du désenclavement avait annoncé une batterie de mesures. «Il nous faut aussi trouver un mécanisme qui va faire de la politique de sécurité routière son cœur de métier, son domaine exclusif de compétence. (…). Il y aura aussi la mise en place de brigades mixtes qui vont permettre de faire les contrôles, de manière permanente, sur les routes», avait annoncé Me Oumar Youm. Des réformes importantes en matière de contrôle technique avaient été annoncées par le ministre, en matière de formation. Elles devaient permettre de renforcer le dispositif des examens pour l'obtention du permis de conduire. Mais depuis lors, la situation est pratiquement la même. Les accidents font légion, avec leur lot de dégâts.