LE MINISTRE ALIOUNE NDOYE ET SA FORTE DÉLÉGATION DÉBARQUENT EN «SAUVEURS» À CONAKRY
Les 379 pêcheurs sénégalais et leurs capitaines de pirogues respectivement « bloqués » et arrêtés à Conakry ont finalement été libérés depuis hier jeudi
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Les 379 pêcheurs sénégalais et leurs capitaines de pirogues respectivement « bloqués » et arrêtés à Conakry ont finalement été libérés depuis hier jeudi. Comme nous l’écrivions en début de semaine, l’amende de 19 millions de francs CFA infligée aux capitaines des pirogues avait été ramenée à 2.000 euros soit 1.300.000 CFA suite à d’intenses négociations menées par notre représentation diplomatique en Guinée. Par conséquent, il fallait juste payer cette somme pour que les « capitaines » sénégalais soient libres de reprendre la mer avec leurs pirogues et leurs passagers ! Hélas, pour faire du tintamarre, le ministre des Pêches, Alioune Ndoye, en compagnie d’une très forte délégation a débarqué à Conakry à bord d’un vol spécial. Pour s’acquitter de cette pauvre amende forfaitaire rien n’était de trop ! A preuve, le ministre avait embarqué dans son avion des reporters de la Rts auquel l’accès au port de Conakry a été interdit par les autorités guinéennes. Au finish, « Le Témoin » vous révèle que la délégation sénégalaise était la risée à Conakry…
Respectivement « bloqués » et arrêtés pour avoir violé les eaux territoriales guinéennes, les 379 pêcheurs sénégalais et leurs capitaines de pirogues ont été finalement libérés. Le ministre de la Pêche Alioune Ndoye s’est rendu, hier, à Conakry pour régler l’amende forfaitaire de 2.000 euros (1.300.000 cfa) finalement fixée par les autorités guinéennes alors qu’elle s’élevait au départ à 30.000 euros (19.500.000 CFA). Il y avait également des droits de licence de 400.000 CFA à acquitter par pirogue. Si tout est bien qui finit bien, il convient quand même de regretter le fait de voir le ministre de la pêche Alioune Ndoye débarquer en sauveur à Conakry à bord d’un vol spécial payé aux frais du contribuable sénégalais. Ce, en compagnie d’une très forte délégation (neuf membres) renforcée par une équipe de la Rts dont les agents ont été d’ailleurs interdits d’accès au port de Conakry par les autorités guinéennes. Affréter un avion spécial avec neuf fonctionnaires « frais de missionnés » à bord, en plus de deux journalistes de la Rts pour aller payer une amende de 1. 300.000 francs, le ridicule ne tue pas !
Depuis Conakry, une autorité portuaire nous confie : « Vraiment on ne comprend pas l’Etat sénégalais ! Pour s’acquitter d’une petite amende forfaitaire et faire libérer d’honorables pécheurs qui ne sont ni des criminels, ni des prisonniers de guerre, le ministre sénégalais embarque des journalistes à bord d’un vol spécial pour venir faire du tintamarre à Conakry… » s’étrangle-t-il avant d’ironiser « Même un pauvre commerçant sénégalais pouvait s’acquitter d’une telle amende via Western-Union (Ndrl : Ou alors Wari !) ». Toujours est-il que l’Etat guinéen peinait à comprendre cette armada de « guerre » diplomatique déployée par le ministère sénégalais de la Pêche. Du vrai lourd qui apparaît aux yeux de nos amis guinéens comme une dilapidation des ressources de l’Etat du Sénégal puisque les fonds de location de l’avion et les frais de mission pourraient servir dans d’autres priorités du secteur de la Pêche.
Du lourd et du tintamarre !
Evidemment, comme l’avait si bien révélé « Le Témoin » (voir notre édition de mardi), le ministre de la Pêche Alioune Ndoye n’avait pratiquement aucun rôle à jouer dans cette affaire puisque la représentation diplomatique du Sénégal à Conakry avait réussi à négocier la libération des capitaines contre une amende symbolique sur instruction de Me Aissata Tall Sall, ministre des Affaires étrangères. Donc il restait plus qu’à s’acquitter des amendes et autres droits de licence de pêche sans tambour ni trompette pour que les pêcheurs sénégalais soient libérés. Chose faite ! Rappelons-le, les patrouilleurs de la marine nationale guinéenne avaient arrêté la flottille de pirogues avec 379 pêcheurs sénégalais à bord avant de l’escorter jusqu’au port de Conakry. Seuls les capitaines des pirogues arraisonnées avaient été arrêtés puisque les autres pêcheurs (environ 350) étaient libres de tout mouvement dans l’enceinte du port de Conakry.
En effet, ils avaient préféré rester sur place en solidarité avec leurs capitaines placés en détention pour pêche illégale et défaut de licence. Une solidarité qui se justifiait du fait qu’ils ne savaient pas conduire les embarcations sans leurs capitaines. Malheureusement, une bataille « sous-marine » de positionnement politique ou diplomatique entre Me Aissata Tall Sall et M. Alioune Ndoye avait retardé la libération de nos pauvres pêcheurs intervenue après plusieurs semaines d’arraisonnement.