HORS NORME

Concentrant 80% du tissu industriel du Sénégal, la zone de Hann Bel-Air présente aujourd'hui un niveau de pollution sans précédent. Soit un niveau de pollution 10 000 à 100 000 supérieur à la norme. Pourtant, naguère, elle figurait dans la liste des zones littorales les plus belles au monde. Mais elle est désormais classée à la 17e position des baies les plus polluées au monde.

La concentration à 80% du tissu industriel du Sénégal dans la zone de Hann Bel-Air n'est pas sans conséquence sur le cadre de vie des populations de la localité. Selon Mbacké Seck, un des défenseurs de l'environnement marin de la zone franche industrielle du Sénégal, les populations de cette localité sont, à cause des rejets industriels, exposées à, au moins trois types de maladies. Mais, a-t-il déploré, les structures sanitaires refusent de communiquer sur les types de pathologies récurrentes lors des consultations.

"Les centres de santé refusent de donner des statistiques sur les types de maladies fréquentes ici. Mais une étude a montré que les maladies respiratoires, dermatologiques et diarrhéiques, qui sont des maladies de la saleté, sont les plus fréquentes dans la localité", a révélé Mbacké Seck.  C'était, hier, lors d'une visite de terrain avec une équipe de journalistes de la sous-région ouest africaine, en séminaire à Dakar, sur la problématique de l'eau et de l'assainissement.

D'après Mbacké Seck, cette situation est due à la concentration du tissu industriel du Sénégal dans cette localité où vivent plus de 300 000 âmes. "Le niveau de pollution est entre 10 000 et 100 000  fois supérieur à la norme. C'est pourquoi, la baie de Hann  est interdite à la baignade", a-t-il renseigné sur le niveau de pollution de la localité, en soulignant que les industries déversent, directement, des produits toxiques en mer sans aucun traitement.

C'est ce qui, à son avis, affecte aussi bien le cadre de vie des populations, mais aussi  l'environnement marin. "Le poisson n'est plus pêché ici. Yarakh, qui était l'une des plus grandes zones de pêche du Sénégal, est devenu, aujourd'hui, un marché aux poissons", a encore déploré ce natif de la localité.

Hann, classée 17e baie la plus polluée au monde

Ainsi, la baie de Hann, qui figurait dans la liste des zones littorales les plus belles au monde, est désormais classée à la 17e position des baies les plus polluées au monde. M. Seck a, tout le long de la visite, décrié le niveau de pollution de son milieu d'enfance. Pour lui, Hann est devenu, "la pire baie, en termes de pollutions en Afrique".

Cette situation est, d'après lui, la résultante de la transformation du canal 6 qui, en dehors d'être un dépotoir d'ordures, est victime de branchements clandestins. Conçu pour revoir des eaux pluviales, le canal 6 est, aujourd'hui, un endroit où industriels et populations déversent toute sortes de déchets.

"Ce canal est appelé le fléau de la baie de Hann. Avec la pollution, il n'est plus possible de se baigner ici. En plus de cette situation, moi-même, j'ai dénombré 46 branchements clandestins sur le canal", a-t-il confié, lors de cette visite guidée organisée par Water-Aid Afrique de l'Ouest.

Ainsi, dans l'espoir de voir la baie de Hann retrouver son lustre d'antan, Mbacké Seck attend avec impatience le projet de dépollution de cette baie, dont le démarrage des travaux est prévu en juillet 2016.