LE PIERCING GAGNE LES PARTIES INTIMES
Percer une partie du corps pour y mettre un bijou est devenu un effet de mode, mieux une arme de séduction - Les oreilles, le nez, les cils, la langue, le nombril…aucune partie du corps n’est épargnée
Percer une partie du corps pour y mettre un bijou est devenu un effet de mode, mieux une arme de séduction. Les oreilles, le nez, les cils, la langue, le nombril… aucune partie du corps n’est épargnée, pas même les plus intimes. les tarifs varient entre 10 000f et 50 000f Cfa.
Aux «Maristes», Tyco Tatoo, un jeune tatoueur et perceur tient son business qui marche fort actuellement. L’appartement de «Tyco» est toujours bondé de jeunes filles, «sexy» par nature. Elles font la queue pour se faire des tatouages ou des piercings. Le maître des lieux n’est personne d’autre qu’un jeune, tristement célèbre depuis son arrestation l’année dernière pour publication de photos obscènes. Il a été jugé et condamné à un an avec sursis dont un mois ferme pour attentat à la pudeur et diffusion de photos obscènes mais la prison ne lui a pas fait changer de métier : il demeure le plus grand tatoueur et perceur connu au Sénégal. La vingtaine, un peu élancé, Tyco arbore de longs dreadlocks teintés à leurs bouts. Teint clair avec un style américain, tout chez lui fait penser à un jeune venu tout droit des Etats-Unis. Chez Tyco, le piercing est devenu une pratique banale. Très convoité, il le fait tous les jours avec une forte clientèle jeune. «C’est un métier que je pratique depuis pas mal de temps ; je suis perceur et tatoueur en même temps et je fais des piercings partout sur le corps. C’est un effet de mode. Les jeunes filles sont nombreuses à venir se faire percer de nos jours. Avec une fourchette comprise entre 10.000 et 50.000 F Cfa» les prix varient selon l’endroit à tatouer, confie Tyco qui ne manque pas de louer le caractère «fashion» et «sexy» des piercings. Les clientes se trouent le corps soit au niveau des cils, du nez, du bout du nez, de la bouche, à l’intérieur des lèvres, de la langue, du nombril, et des lèvres vaginales. « Elles se percent partout», soutient-t-il ; poursuivant que les parties les plus percées sont le sexe, la langue et les cils. «Les piercings clitos sont les plus demandés par les jeunes filles. C’est pour des fins érotiques et pour pimenter leurs relations intimes que les filles se font percer les lèvres vaginales et le clitoris», révèle, un brin salace, Tyco. Il souligne que rien que la vue d’une femme avec un piercing, excite certains hommes et leur donne des envies folles.
TEMOIGNAGES DES CLIENTES
Parmi ses clientes, Arame, une jeune fille élancée avec de belles rondeurs. Âgée de 24 ans et habitant aux «Maristes», elle est venue se faire percer le clitoris. Vêtue d’un pantalon jean de couleur beige assorti d’une chemise blanche, les manches retroussées, elle explique que c'est son petit ami qui lui a remis de l'argent pour se faire percer le clitoris. «C’est une belle arme de séduction. Une arme très puissante d'ailleurs. Mon fiancé m'a dit que ça l'excite quand il lèche un vagin avec un piercing. Il y trouve un plaisir énorme. Et il m’a remis de l’argent pour que je vienne le faire. Je l'aime. On va bientôt se marier. Et je n’y trouve aucun mal. En plus, c’est ‘’sexy’’ et ‘’fashion’’.» Cependant, si Arame fait du piercing par amour pour son fiancé, d’autres filles rencontrées chez Tyco le font pour des raisons distinctes. Il en est ainsi pour Ndoumbé, jeune commerciale dans une structure de la place. Teint noir, la trentaine, elle est venue se faire un nouveau piercing sur les lèvres vaginales et la langue. Vêtue d’un pantalon leggins et d’un body, cette mère célibataire vivant à Usine Bène Tally est venue chez Tyco accompagnée d'une de ses amies. Elle raconte s’être fait percer les parties intimes pour une première fois sous la demande de son ex-mari qui vit en Italie et qui n’aura pas la chance de voir son nouveau piercing. «J’ai décidé de le faire parce que j'ai vu des actrices pornographiques le faire. Et c'est joli. En plus, des copines m'ont dit que c'est une tendance maintenant pour pimenter ses relations intimes», ajoute-t-il. Mais d’autres filles moins audacieuses se limitent à faire du piercing sur la langue, le nez ou à l'intérieur des lèvres buccales juste pour le fun. C'est le cas de Marceline, une jeune étudiante congolaise trouvée chez Tyco en train de se faire trouer la langue. «C'est un truc de jeunes. C'est sexy et c'est joli de parler avec un bijou sur la langue. Ça change ta diction et c'est beau que les gens voient le reflet argenté d'un bijou dans la bouche», confie-t-elle. Pour une autre fille du nom de Mamy, vivant aux Parcelles Assainies, elle fait du piercing pour ressembler à son idole, la chanteuse Ndiolé Tall appelée également «diamant noir.» Mais ce n’est pas juste l’apanage des femmes, même les hommes s’y mettent. Oui, les hommes se font également percer… .. «Le plus souvent, ils se percent les cils, le nez mais il leur arrive de franchir les extrêmes en allant jusqu'à leurs parties les plus intimes. Parfois, les hommes des fois font des piercings au niveau des tétons. Il m’est arrivé de percer pour une personnalité de ce pays sous le regard de sa femme, ses testicules. Il ne pouvait pas se déplacer pour venir chez moi. Alors je suis allé chez lui faire un piercing sur ses parties génitales et cela devant sa femme», a-t-il confié.
DES TARIFS ABORDABLES AU MARCHE DIOR
Au cœur des Parcelles Assainies, au marché «Dior», un autre jeune du nom de Samba Guèye plus connu sous le nom de Bathie s’active dans ce métier in. Tout le monde connaît Bathie dans le coin. Originaire de Kaolack, il vit à Dakar depuis dix ans maintenant. Marchand ambulant à ses débuts, il a viré progressivement vers le «piercing et le tatouage.» En effet, Samba continue toujours de vendre des articles à la sauvette la matinée avant de s’activer comme «perceur tatoueur» le soir. De corpulence moyenne, teint noir, cheveux crépus, ce fan du chanteur à la mode Wally Seck, raconte être devenu tatoueur grâce à ses camarades de chambre tous originaires du Saloum. «Ce sont eux qui m'ont appris le métier. Et à chaque fois que je quitte le marché HLM où j’officie le jour comme marchand ambulant, je viens ici au marché Dior pour faire des piercings et des tatouages à mes clients jusqu'à 22 heures. En ce jour de semaine, l’ambiance est au rendez-vous au marché Dior. Il est 19 heures, les artères sont bondées de monde. Difficile de se frayer un chemin à cause des étals et autres marchandises posées à même le sol. Les vendeurs à la sauvette se disputent les clients et se ruent sur les passants afin de leur proposer leurs produits et autres services. Les tatoueurs et autres perceurs se sont aménagés un petit espace dans un coin du marché. Contrairement à Tyco, Bathie attire ses clientes à travers les prix proposés : de 3 000 à 25 000 F. Bathie fait également du piercing à domicile. C’est ce qu’est venue chercher Marème, rencontrée sur place et qui veut «trouer» ses cils et son nombril. Vivant aux HLM Grand- Médine, elle veut que Bathie se déplace jusque chez elle. Marème dit vouloir se faire percer parce qu'elle est férue de la culture américaine et que beaucoup de stars américaines ou jamaïcaines font des piercings. Elle estime qu’il n’y a rien de mal à vivre avec des piercings sur le corps. «C’est juste un truc de jeunes», ajoute-t-elle. Si Tyco fait les piercings avec un kit piercing de dernière génération et des effets propres pour chaque personne qu'il jette après chaque utilisation, ce n’est pas le cas pour Bathie. Il utilise un seul kit pistolet pour faire les piercings. A ses côtés, de l'alcool et de l’éther pour désinfecter l'appareil après chaque utilisation, pour des mesures sanitaires. Mais cela ne décourage pas les clientes. Selon les filles, même si ce n’est pas trop rassurant, elles viennent à cause des prix pour le service jugé pas très cher.
«PARMI MES CLIENTES, UN GROUPE DE LESBIENNES.»
[ ]Bathie a une clientèle qui lui est fidèle qui adore faire des piercings sur les parties génitales. «Parmi mes clients, il y a un groupe de lesbiennes qui réclament souvent des piercings partout : sur les parties génitales, le bout des seins… Je les ai connues à travers une de leurs membres à qui je vendais des habits. Cette dernière m'a proposé de venir dans un appartement qu'elles ont loué au Point E pour leur faire des piercings. Quand j’y suis allé, j’ai pu leur faire des piercings sur certaines parties de leurs corps : nombrils, cils, langues et mamelons. Il faut dire que ces filles-là vivent décontractées sans interdits. Elles fument, boivent de l’alcool… certaines n’hésitaient même pas à flirter devant moi,, comme si c’était des couples hétéros. Je me rappelle ce jour-là que j’ai fait des piercings à huit filles. Elles m’ont payé 165 000 F», confie-til satisfait. [ ] Toujours selon Bathie, beaucoup de filles viennent solliciter ses services pour lui demander de leur faire du piercing sur le clitoris. «Mais je leur réponds souvent que je ne peux pas le faire», lâche-t-il. Depuis, il est en train d’apprendre à faire ce genre de piercings parce que «c’est ce qui fait le ‘’buzz’’ actuellement au Sénégal». «Il ne se passe pas un seul jour sans que des femmes viennent me demander si je fais des piercings clitos ou sur les lèvres vaginales», informe-t-il satisfait. Et pour lui, l’autre inconvénient pour ces pratiques, c’est que cela requiert un endroit à l’abri des regards indiscrets.