LE SÉNÉGAL BUTE SUR LE TRAFIC DES ETRES HUMAINS

Le groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest (giaba) a rendu public hier son dernier rapport. il ressort de ce document que le Sénégal est devenu un pays de source, de transit et de destination pour les enfants et les femmes soumis aux travaux forcés et à l’exploitation sexuelle.
Malgré toutes les conventions internationales auxquelles il a souscrit, l’Etat du Sénégal n’arrive pas à mettre fin au trafic des êtres humains. Cette pratique est favorisée par les réalités socio-culturelles et religieuses sur lesquelles s’appuient certaines personnes mal intentionnées pour commettre leur crime. D’après le rapport publié hier par le Giaba, «le Sénégal est un pays de source, de transit et de destination pour les enfants et les femmes soumis aux travaux forcés et à l’exploitation sexuelle. De même, le statut du pays en tant que centre financier important voisin de pays très vulnérables au trafic de drogues et aux activités terroristes accroit sa vulnérabilité aux menaces de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (Bc/Ft)».
Face à ces risques, des mesures ont été prises pour lutter contre l’argent dont la provenance est opaque. Ainsi, il ressort du rapport que «le Sénégal a obtenu des condamnations pour blanchiment de capitaux ainsi que la confiscation de biens de criminels. Le pays a recouvré des avoirs financiers, saisi des terrains et d’autres biens suite à des condamnations obtenues devant le tribunal». Par ailleurs, il s’avère que le Sénégal enregistre encore quelques faiblesses dans son dispositif juridique. D’autant que le financement du terrorisme n’est pas encore incriminé, conformé- ment aux recommandations du Groupe d’Action Financière (GAFI). Cependant pour parfaire sa position et marquer des points afin de maintenir la cadence sur la bonne gouvernance, indique le Commissaire Mamadou Thiandoum (représentant de la présidente de la Centif Ramatoulaye Gadio Hann), le Sénégal va corser ses dispositifs juridiques pour mettre fin à la traite des êtres. «Le phénomène de la traite d’êtres humains constitue un réel problème au Sénégal, comme c’est le cas dans les autres pays de la sous-région. C’est un fléau qui a été pris en charge correctement par les autorités en terme de politique parce qu’une Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes a été mise en place depuis des années.
Au niveau de la Centif, nous avons lancé une étude sur le risque du Bc/Ft lié à la taille des personnes et au trafic de migrants. Ce qui signifie que c’est un fléau que nous avons pris en compte», soutient le commissaire Mamadou Thiandoum. L’objectif du Giaba, renseigne son directeur général Kiméabalou Aba, «est de réaliser des évaluations mutuelles coordonnées de succès et de produire des rapports d’évaluation de haute facture et en temps opportun. Pour atteindre cet objectif, il faut deux éléments. Premièrement, le Giaba doit imposer un pool d’évaluateurs compétents et bien formées. Deuxièmement, les principales parties prenantes dans les Etats membres doivent avoir une parfaite compréhension des mesures ou actions que les pays devraient prendre pour aboutir à la mise en œuvre effective des mesures de LBC/FT. A noter qu’en marge de la rencontre, Kiméabalou Aba a décliné sa feuille de route à la tête du Giaba où il vient d’être nommé.