LE SÉNÉGAL PEINE À SE DÉPARTIR DE SES «DÉCHETS» PLASTIQUES
Deux mois après son entrée en vigueur, les sachets et gobelets à usage unique continuent d’inonder le marché et les déchets plastiques de pulluler
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Le 20 juin dernier, la nouvelle loi sur le plastique, jugée plus contraignante, a connu ses deux mois d’application. Seulement, malgré l’engagement des autorités en charge de sa mise en œuvre effective, en vue de protéger l’environnement, le cheptel et les ressources halieutiques, etc., les résultats ne sont toujours pas probants. Deux mois après son entrée en vigueur, les sachets et gobelets à usage unique continuent d’inonder le marché et les déchets plastiques de pulluler.
Le 30 décembre 2019, l’Assemblée Nationale avait voté la loi relative à la prévention et à la réduction de l’incidence des matières plastiques sur l’environnement. Une nouvelle loi qui abroge et remplace celle de mai 2015 qui avait connu des limites, faute de résultats suffisants. En effet, elle ne concernait que les sachets plastiques à faible micronnage. Avec la nouvelle loi qui prévoit un contrôle beaucoup plus sévère, l’élargissement de l’assiette des interdits et l’alourdissement des sanctions, l’espoir était permis. Seulement, deux mois après sa mise en œuvre, le plastique continue d’être visible sur les étals des marchés et autres lieux de commerce.
La souplesse apportée dans la loi pour permettre aux populations de passer un bon Ramadan, comme l’avait expliqué le ministre, s’éternise. Un mois après que la Korité a été célébrée, le ministère de l’Environnement et du Développement durable, n’a toujours pas fait de sortie pour indiquer la conduite à tenir alors que le moratoire sur les sachets utilisés pour la vente de d’eau, de glace, de jus, etc., était censé expirer après le mois béni du Ramadan.
A côté, il y a aussi les producteurs des sachets d’eau qui sont autorisés à travailler pour pallier le manque à gagner occasionné par le Covid-19. Ainsi, alors que l’Etat attend la fin de la pandémie pour décider de leur sort, le coronavirus continue sa propagation fulgurante. L’interdiction du plastique devrait aussi aboutir, selon le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall, au rétablissement du système de consigne sur les bouteilles. Jusque-là, rien n’a été fait ou, si c’est le cas, la pratique n’est pas connue des usagers.
ABDOU KARIM SALL A L’EPREUVE DE SES ENGAGEMENTS
Le ministre de l’Environnement et du Développement durable avait martelé à plusieurs reprises la détermination de l’Etat à appliquer de manière rigoureuse la nouvelle loi sur le plastique, insistant et répétant qu’elle est faite pour être appliquée. «Nous n’allons laisser aucun marché, aucun grossiste en rade. Nous ferons des décentes, des saisies et il y aura des amendes», avait-il mis en garde. Mieux, Abdou Karim Sall avait aussi indiqué qu’il ne voulait pas des actions d’éclats, mais celles qui s’inscrivent dans la durée.
Dans un entretien accordé à Sud Quotidien, le 25 avril 2020, Abdou Karim Sall avait indiqué que les conditions juridiques pour l’entrée en vigueur de la loi sur le plastique sont réunies. Quant à celles techniques et matérielles, elles se mettront en place au fur et mesure de l’application de la loi. Cela démontre, selon lui, que «l’Etat ne doit pas attendre que toutes les conditions soient réunies pour mettre en place une loi». «Dans certaines situations d’urgence, comme c’est le cas actuellement avec l’ampleur de la pollution plastique, il faut légiférer et passer à l’action. Le reste suivra. Car, plus nous attendrons, plus le mal va empirer et atteindre le point de non-retour», avait-il garanti. S’agissant de la circulation des sachets, le ministre de l’Environnement avait promis l’arrêt des importations. «Ce dont je suis sûr, c’est qu’aucune autorisation d’importation de sachets plastiques ne sera délivrée par le ministère de l’Environnement et du Développement durable. Au cas où ces sachets plastiques entrent frauduleusement dans le pays, les services de contrôle habilités procéderont à leur saisie, conformément à la loi, et infligeront aux contrevenants les sanctions prévues», avait-t-il mis en garde.
UNACOIS/YESSAL DANS TOUS SES ETATS
D’ailleurs des conteneurs de plastiques ont été saisis, en application de la loi effective depuis le 20 avril dernier. Selon L’info, en conférence de presse, l’Union nationale des associations de commerçants, opérateurs et industriels du Sénégal (Unacois/Yessal) a révélé que la douane a mis la main sur quelque 40 tonnes de sachets plastiques, d’une valeur équivalente à 120 millions de F CFA et 156 conteneurs de plastiques dédouanés d’une valeur de 5,5 milliards de F CFA. Et l’Unacois/Yessal de réclamer l’arrêt des saisies et la libération des stocks déjà dédouanés, en cette période de Covid-19 impactant tous les secteurs d’activités, tout en assurant les autorités de leur accompagnement pour la mise en œuvre de la loi.