LES «BARBUS» ASSIEGENT LE PALAIS DE JUSTICE
Le tribunal de Dakar a refusé du monde, hier, lors de la première comparution des 29 présumés terroristes
Imam Alioune Badara Ndao et ses 28 co-accusés ont été attraits hier, à la barre de la chambre criminelle spéciale pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bande organisée, acte de terrorisme par menace ou complot, d’apologie du terrorisme et de financement du terrorisme en bande». l’affaire a été renvoyée au 14 février pour permettre aux avocats de la défense de mieux s’imprégner du dossier. au premier jour de l’évocation de l’affaire des présumés terroristes, les militants et autres inconditionnels sont venus en masse au tribunal dès les premières heures de la matinée. seulement, l’accès au temple de thémis n’était pas chose aisée à cause de la forte délégation des «ibadus».
Le Palais de justice de Dakar a refusé du monde, hier, lors de la première comparution des 29 présumés terroristes à la barre de la chambre criminelle spéciale de Dakar. Très tôt le matin, militants, sympathisants, parents et autres souteneurs ont bravé le froid pour se rendre au Tribunal où devrait se jouer le destin de l’Imam Alioune Badara Ndao et Cie pour leur apporter soutien. Des hommes pour la plupart « barbus» et des femmes habillées en Hijab se voilant presque tout le corps, ont assiégé la salle 4 du Tribunal régional de Dakar. On se croirait dans une cérémonie religieuse n’eut été les visages renfrognés et autres mines colériques.
Avec un solide quadrillage policier, les disciples d’Imam Ndao devraient passer par une série de contrôle avant d’accéder à la salle d’audience. Filtrant les entrées, il fallait se faire identifier par les pandores,se faire contrôler scrupuleusement. Sans compter la longue file indienne à perte de vue logeant le mur du Palais de justice. Le passage par les portiques était obligatoire et précédé d’une fouille corporelle et des sacs. Même après avoir franchi le portail, il y’avait un autre rang devant la porte de la salle 4 où se déroulait le procès.
IMAM NDAO ET CIE RENVOYES AU 14 FEVRIER PROCHAIN
À l’intérieur, la salle était pleine à craquer. Vêtu d'un boubou blanc avec une longue barbe blanche, un visage plein de rides, certainement à cause de la longue détention, l’imam Alioune Badara Ndao et ses co-accusés ont été appelés à la barre par le juge pour leur identification. Suite à cela, les nouveaux avocats constitués se sont manifestés avant que le juge ne renvoie le dossier au 14 février pour une autre audience spéciale. Certains avocats ont soulevé des exceptions sur ce dossier.
Prenant la parole, Me Moustapha Dieng déclare qu’il y’a eu une défaillance et un manquement dans le dossier. Selon la robe noire, le dossier a été mis à leur disposition tard dans la journée d’avant-hier. « Le dossier qui est devant nous, n'est pas celui qui est à la disposition des avocats. Il nous faut un procès juste et équitable pour pouvoir défendre nos clients dans la clarté. Sachez que dans ce dossier, il y a des pages blanches. On exige que le parquet nous livre l'ensemble du dossier pour nous permettre d'être équidistant », indique Me Dieng.
Abondant le même sens, Me Adanan Yahia déclare qu’elle est partie au niveau du parquet pour s’enquérir de l’ordonnance de renvoi mais on lui a refusé l’accès à ce dossier. «Le ministère public m’a dit que seul les avocats commis d’office ont le droit de recevoir le dossier. Ce que je trouve anormal», dit-elle. Le juge explique qu’ils verront cette affaire afin que toutes les conditions soient réunies pour l’équité du procès. Finalement, le dossier est renvoyé au 14 février prochain pour permettre aux avocats d’étudier le dossier.
L’EMOTION ATTEINT SON PAROXYSME
L’émotion a atteint son paroxysme quand Imam Ndao et Cie ont été appelés à rejoindre le box. «Allahou akbar, Allahou Akbar !» (Dieu est le plus grand), scandaient les partisans et autres disciples de l’imam. Brandissant les mains en haut, Imam Alioune Ndao est suivi par ses inconditionnels qui criaient haut et fort le nom d’Allah. Certains pleuraient d’autres hurlaient. Même les gendarmes ont eu du mal contenir la foule. C’est ainsi qu’un renfort est venu à sa rescousse pour obliger les 29 détenus à entrer dans le box des accusés. En outre, les louanges à Dieu continuaient pour les spectateurs jusqu’à leur sortie de l’audience. Dehors, les disciples ne communiquaient qu’en arabe. Ce qui paraissait étrange pour certaines personnes. Une femme en pleurs de se débattre en soutenant : « On ignore ce qu’est le terrorisme. Vous êtes en train de tout faire pour plaire aux Américains et aux Français. Ils sont innocents. Ils n’ont rien fait», lâche-t-elle sous un air de désolation.