LES BOUCHERS DÉCHIRENT LA PATENTE SUR LE BŒUF
RUFISQUE - Non satisfaits de la gestion de l’abattoir
Les bouchers de Rufisque travaillent depuis 2 ans dans des conditions difficiles et supportent entre autres les déficits récurrents en eau, des problèmes d’éclairage et l’absence d’une chambre froide. Une situation qu’ils ont portée à l’attention des autorités qui font la "sourde oreille". Ainsi l’association qui compte 300 exerçants a décidé de se faire entendre en refusant désormais de verser la moitié des 3000 francs de taxe fixés sur chaque bœuf tué.
Des recettes conséquentes générées pour des conditions de travail difficiles. De cette situation, les bouchers exerçant à l’abattoir de Rufisque en ont assez et ont tenu à le faire savoir vendredi lors d’une assemblée générale.
"150 bœufs sont tués par jour et 3 mille francs sont prélevés sur chaque bœuf pour être versés en part égales au trésor public et à l’entreprise en charge de la gestion de l’abattoir ; ce qui fait en moyenne une enveloppe de 450 mille par jour (...) Pendant ce temps l’éclairage pose problème sur le site, il n’y a pas d’infirmerie, l’approvisionnement en eau nous fait défaut, l’abattoir ne dispose pas d’une chambre froide et souffre d’un manque d’entretien criard", s’est offusqué le président du Collectif des bouchers de l’abattoir de Rufisque Cheikh Mbaye entouré de ses collègues.
"Des conditions épouvantables" de travail qu’ils ont portées à l’attention des autorités sans pour autant que s’en suit de la part de ces derniers "la moindre attention". "Depuis 2 ans, le bureau (de l’association des bouchers) fait des pieds et des mains pour trouver une solution à ces difficultés. Nous nous sommes entretenus avec le maire de la commune Alioune Mar, nous sommes ouverts au préfet du département et à toutes les autorités de cette ville pour leur exposer nos difficultés", a tenu à préciser le président, déplorant sur la lancée "le manque de considération à leur égard" constaté chez ces derniers.
Las de cette situation qui perdure, les bouchers ont tout simplement décidé de retenir une partie du versement quotidien. "A partir de ce jour, nous ne verserons plus que les 1500 francs du Trésor public. Ce qui devait aller à la caisse de l’entreprise qui gère l’abattoir nous le garderons entre nos mains", a décrété Cheikh Mbaye sous l’approbation de ses collègues.
Pour lui, cette entreprise qui a gagné le marché d’entretien de l’abattoir dans "des conditions opaques" n’a rien fait pour leur lieu de travail qui "se dégrade de jour en jour". "C’est nous qui cotisons 100 francs par boucher pour assurer les frais d’entretien de l’abattoir", a-t-il déploré évaluant à "250 permanents travaillant la nuit et 50 le jour" le nombre de personnes gagnant leur vie à l’abattoir de Rufisque.
"Nous n’allons pas bloquer l’activité car la conséquence serait une pénurie de viande dans la région de Dakar mais, désormais les 1500 francs destinés à l’entreprise fictive, nous les garderons désormais pour prendre en charge nous-mêmes l’entretien de l’abattoir", a-t-il prévenu, exigeant dans la même voie la reprise de la gestion de l’abattoir par les bouchers eux-mêmes.