LES FAITS REPROCHÉS AU JUGE TELIKO PAR L'IGAJ
Sauf changement de dernière minute, le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, fera face aujourd’hui à l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice
Sauf changement de dernière minute, le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, fera face aujourd’hui à l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (IGAJ). Même si les raisons de sa convocation n’ont pas été rendues publiques, «L’As» est en mesure de vous les révéler sans risque d’être démenti.
C’est devenu un secret de Polichinelle. Le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, est convoqué aujourd’hui par l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (Igaj).
Par contre, ce que les gens ignoraient jusqu’à présent ce sont les raisons pour lesquelles Téliko doit être entendu par l’Igaj, qui doit en retour produire un rapport destiné au ministère de la Justice. Mais dans le souci de livrer à ses lecteurs la bonne information, «L’As» a fouiné un peu partout pour en savoir un peu plus.
En un mot comme en mille, le président de chambre à la Cour d’appel de Thiès sera entendu sur les propos qu’il a tenus sur le procès Khalifa Ababacar Sall condamné le 30 août 2018 à 5 ans de prison ferme pour escroquerie aux deniers publics, faux et usage de faux dans des documents administratifs, complicité en faux en écriture de commerce.
En effet, invité le 12 juillet dernier à l’émission «Jury du dimanche» d’IRadio, il avait déclaré ceci : « Je ne rentre pas dans les jugements de valeur. Je m’en tiens aux faits et les faits, c’est que la Cour de justice de la Cedeao a effectivement considéré que dans l’affaire Khalifa Sall, il y avait eu une violation d’un des principes qui garantissent un procès juste et équitable : la présomption d’innocence et, je crois, les droits de la défense. Ça, il faut le regretter. Moi, je le regrette franchement, parce que j’estime que nous avons toutes les ressources humaines de qualité qui ont été bien formées et qui peuvent nous épargner ce genre de déconvenues, parce que c’est clairement une déconvenue pour la justice sénégalaise. Je considère que la Cour de Justice de la Cedeao avait raison sur l’affaire Khalifa Sall. Il y avait effectivement une violation de la présomption d’innocence et des droits de la défense».
LES MAGISTRATS Y VOIENT UNE PROLONGATION DE L’AFFAIRE NGOR DIOP
Pour les magistrats, il ne s’agit ni plus ni moins que le prolongement du bras de fer que l’Ums a engagé, après l’affectation de Ngor Diop de Podor à Thiès. La position radicale de Téliko était restée en travers de la gorge de la chancellerie, croient-ils savoir. En réalité, la guerre que se livrent Souleymane Téliko et sa hiérarchie ne date pas d’aujourd’hui. Pour preuve, le magistrat avait publiquement pris le contre-pied du Président Macky Sall qui, lors de son face-à-face avec des journalistes le 31 décembre 2018, avait soutenu que sa présence au Conseil Supérieur de la Magistrature (Csm) est à titre honorifique. «Je vous dis que la présence du chef de l’Etat est l’un des éléments qui conforte la mainmise de l’Exécutif sur la carrière des magistrats. Les autres éléments ont trait aux fonctionnements et aux attributions. Vous ne pouvez pas dire que sa présence est symbolique. D’ailleurs, l’accord donné par le chef de l’Etat pour l’application du système de transparence est limité aux tribunaux d’instances et de grandes instances. Ce qui veut dire jusqu’à présent que lui, il entend garder son pouvoir d’appréciation pour les nominations des chefs de cour», avait déclaré Souleymane Téliko.
L’UMS DETERRE LA HACHE DE GUERRE
L’Union des magistrats sénégalais (UMS) s’est fendu hier d’un communiqué pour dénoncer « la tentative de musèlement dont elle fait l’objet». « Cette convocation inadmissible, qui intervient après la médiatisation de la lettre de démission d’Ousmane Kane par la cellule de communication du Ministère de la Justice, constitue un précédent dangereux que l’UMS dénonce et combat avec la dernière énergie car ne s’agissant ni plus, ni moins que d’une tentative d’intimidation et de musellement qui, de toute façon, ne peut prospérer », réagit le Bureau de l’Ums. «Le Président de l’UMS a été convoqué verbalement pour être entendu ce mercredi 16 septembre 2020 par l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (IGAJ), saisie par le Ministre de la Justice, pour des propos qu’il aurait tenus lors d’une interview parue dans la presse. Le Bureau estime que le Président de l’UMS, en cette qualité, et en tant qu’élu et représentant de l’ensemble des membres de l’association pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux, ne relève ni du ministre, ni de l’IGAJ », renseigne la même source.