UN MAL TRÈS MÂLE
En voilà une révélation qui risque de faire débat au Sénégal. Selon une étude, les hommes de plus de 50 ans subissent plus de violences basées sur le genre que les femmes de plus de 50 ans.

En voilà une révélation qui risque de faire débat au Sénégal. Selon une étude, les hommes de plus de 50 ans subissent plus de Violences Basées sur le Genre (VBG) que les femmes de plus de 50 ans.
Au Sénégal, les hommes de plus de 50 ans subissent plus de Violences Basées sur le Genre (VBG) que les femmes de plus de 50 ans. C’est ce qu’indique une étude réalisée par Ndèye Amy Ndiaye, Docteur en Droit international pénal et enseignante-chercheure à l’Institut des Droits de l’Homme et de la Paix de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). « Notre étude a montré qu'au Sénégal les hommes de plus de 50 ans subissent plus de violences basées sur le genre que les femmes de plus de 50 ans», renseigne-t-elle.
D’après l’étude, «le pourcentage de femmes âgées de 15 à 49 ans victimes des actes de violences physiques depuis l’âge de 15 ans est plus élevé parmi celles de 25- 29 ans (30,6%), suivi des femmes âgées de 30-39 ans et les femmes âgées de 15-19 ans avec respectivement 26,8% et 26,0%. Pour les violences conjugales, 9,4% des femmes ont subi des actes de violences conjugales physiques, 5,9% des actes de violence sexuelle et 9,4% des actes de violence émotionnelle. La proportion de ces femmes en union ou en rupture d’union qui déclarent avoir subi une forme de violence physique ou des actes de violence émotionnelle à tout moment de leur vie, est respectivement de 17,4% et 13,3%», souligne l’enseignante-chercheure.
Cette proportion, indique-t-elle, est d’ordre de 7,4% pour n’importe quelle forme de violence sexuelle. Le pourcentage de femmes ayant subi des actes de violence sexuelle, poursuit-elle, est nettement plus important chez les femmes de 15-49 ans en rupture d’union (17,5%) que chez les femmes en union (9,4%) etles célibataires (5,4%). «Parmi les femmes qui déclarent avoir subi une violence sexuelle au cours des 12 derniers mois avant l’interview, 12,9% sont en rupture d’union 5,4% sont en union et 0,7% sont célibataires. Dans la plupart des cas (61,9%), c’est le conjoint/partenaire actuel qui est cité comme responsable de ces actes de violences sexuelles. L’ancien mari/partenaire et le petit ami actuel/le plus récent ont été mentionnés pour respectivement 20,8%et 10,1%», informeNdèye Amy Ndiaye.
LE MONDE RURAL BEAUCOUP PLUS TOUCHE
L’étude révèle encore que concernant la violence physique, des variations selon le milieu de résidence montrent que le pourcentage de femmes de 15-49 ans qui ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans est légèrement plus élevé en milieu rural(27,8%) qu’en milieu urbain (25,1%). «Il en est de même pour la violence physique au cours des 12 derniers mois avant l’interview, soit 10%dans le milieu rural et 8,2% dans le milieu urbain. En termes de violence sexuelle, le pourcentage de femmes, qui a subi des violences sexuelles au cours des 12 derniers mois avant l’interview, est plus élevé chez les femmes âgées de 25-29 ans (5,0%)», signale-t-elle. Cette proportion, ajoute l’enseignante-chercheure, est moins importante dans la tranche d’âge de 15-19 ans (3,4%). Par ailleurs, d’après l’étude, la proportion des femmes ayant subi des violences sexuelles à n’importe quel moment de leur vie est plus importante en milieu urbain soit 5,3% contre 3,5% pour le milieu rural.
Ndèye Amy Ndiaye précise que les données des tribunaux indiquent que les personnes sans profession représentent 21,8% des auteurs de violences faites aux femmes tandis que les commerçants représentent 20,8%. «Ce profil des auteurs de violences démontre que la campagne contre les VFF est une affaire que l’on ne peut plus laisser exclusivement aux intervenants historiques des droits des femmes. L’approche transversale et multisectorielle devient de plus en plus urgente. De même, l’intégration de lutte contre les violences faites aux femmes dans les politiques et programmes de développementlocal est devenue une priorité à ne plus ignorer», rapporte-t-elle.
LE VIOL RESTE LE TYPE DE VBG LE PLUS FREQUENT
D’après la Dr en Droit international pénal, le viol reste de loin le type de VBGle plus fréquent.Ace niveau, renseigne-t-elle, il est important de préciser que les violences sexuelles englobentle viol, la pédophilie, l’inceste, l’attouchement, le détournement de mineurs, le harcèlement. «Ces formes de violence aboutissent à des traumatismes psychologiques vécus comme un malaise social par la victime avec la stigmatisation. Elles se développent dans les milieux : professionnels, familial et éducatif. Dans les hôpitaux cibles, le viol constitue le tiers des cas de violences faites aux femmes enregistrées. De même, dans les tribunaux (2006-2010), 35% des types de violences faites aux femmes enregistrées, reste le viol», note-t-elle. Les registres des services de justice indiquent, si l’on se fie à Ndèye Amy Ndiaye, que les victimes ont une moyenne d’âge de 13 ans, tandis que la moyenne d’âge des auteurs est de 30 ans 66. «Les personnes sans profession représentent 21,8% des auteurs de violences faites aux femmes ; les commerçants représentent 20,8%. Les cadres sont très faiblement représentés (1%). A ce titre, les hommes sont les principaux auteurs de VBG quel que soit le sexe de la victime. En effet, 66,3%et 54,1%desVBG commises respectivement sur les hommes et les femmes sont perpétrés par des adultes de sexe masculin. Les femmes commettent aussi des actes de VBG sur les femmes, soit à 42,8%.»