LES INDIGNÉS DU PAKAO DANS LA RUE
SÉDHIOU - Accès à l'eau et l'électricité, problèmes d'insécurité
Dans le Pakao, les populations sont descendues dans la rue pour réclamer l'accès à l'eau, l'électricité et aussi dénoncer les problèmes d'insécurité.
Elles sont indignées : des populations de plus d'une cinquantaine des villages de l'arrondissement de Diendé et de Karantaba ont battu le macadam ce dimanche à Sédhiou. C'est pour interpeller l'État sur leurs préoccupations liées entre autres à l'éclairage public, la santé, la sécurité, l'éducation et l'enclavement. La marche, initiée par l'association pour le développement du Pakao, est partie du barrage anti-sel de Diobcounda pour attirer l'attention des autorités sur l'état lamentable du pont. L'infrastructure réalisée par le marabout Alioune Souané croule sous le poids de la vétusté au point d'être interdite d'accès aux camions. L'arrêté préfectoral tient compte du danger que représente aujourd'hui cet édifice, qui fait office de cordon ombilical entre l'arrondissement de Karantaba et le reste de la région via la route Kolda Sitaba. Dès lors le transport des marchandises reste problématique et cette situation influe négativement sur l'économie. Les rizières sont envahies par le sel et le trafic est réduit.
L'accès au courant électrique reste une préoccupation majeure des populations du Pakao . «Depuis l'indépendance, le Pakao n'a pas d'électricité», lit-on sur l'une des nombreuses pancartes brandies par des marcheurs de tout âge qui arborent des brassards rouges.
La sécurité des populations reste précaire puisqu'aucun poste de police ou de gendarmerie ne se trouve dans la zone. Cela favorise la fréquence des actes de banditisme ayant comme conséquence une série de cambriolages suivis de mort d'hommes. C est le cas notamment à Diannamalary, il y a quelques années et de Sakar, tout récemment.
Vendredi dernier, un magasin a été cambriolé par des malfaiteurs à Marandang. Les malfrats, qui profitent de l'obscurité et de l'absence de forces de sécurité dans cette zone, ont fait irruption la nuit et ont emporté un important butin. Sous un soleil de plomb des jeunes, des femmes et des vieux ont investi la rue pour brandir ces vieilles doléances. Le Pakao, par la voix de Bécaye Diebate, président de l'association pour le développement du Pakao, initiateur de la marche, dresse un long chapelet de doléances au chef de l'Etat et qui traduit un manque d'infrastructures dans cette zone de l'est de la région de Sédhiou. Sur le plan sanitaire, les populations veulent un poste de santé digne de ce nom. C'est pour prendre en charge des milliers de femmes qui perdent la vie en la donnant.
Dans un contexte de démocratisation de l'éducation, le Pakao demande à l'Etat d'implanter un lycée capable d'accueillir leurs enfants issus des Cem, qui pullulent dans la zone. Déversant leur ras-le-bol dans la rue, des marcheurs rouges de brassards donnent un délai de deux mois à l'Etat pour donner une suite à leur mouvement.