LES POIDS LOURDS DU SECTEUR DISENT NON, MANSOUR FAYE MENACE LES «FAUTEURS DE TROUBLES»
On connaitra aujourd’hui en fin de journée les forces de frappe des syndicats contrôlés par Gora Khouma, SG de l’Union des transporteurs routiers du Sénégal, et Alassane Ndoye, SG du Syndicat national des travailleurs du transport routier du Sénégal
La grève illimitée décrétée par les transporteurs routiers à compter de ce mardi ne fait pas l’unanimité au sein de leur profession. Après la défection de grosses pointures comme la société publique Dakar Dem Dikk et, surtout, l’AFTU (Association pour le financement du transport urbain qui gère les milliers de bus Tata), c’est au tour du Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (CUSTRS) de se démarquer de l’appel lancé par l’UTRS de Gora Khouma et le SNTTRS d’Alassane Ndoye. Le ministre des Transports dit « tolérer » ceux qui veulent aller en grève tout en martelant qu’il ne saurait accepter les fauteurs de troubles. L’Etat restera ferme, a-t-il menacé.
On connaitra aujourd’hui en fin de journée les forces de frappe des syndicats contrôlés par Gora Khouma, SG de l’Union des transporteurs routiers du Sénégal, et Alassane Ndoye, SG du Syndicat national des travailleurs du transport routier du Sénégal (SNTTRS) qui ont appelé à une grève illimitée pour dénoncer les 22 mesures issues du conseil interministériel du 09 janvier suite à l’accident de Sikilo qui avait fait 42 morts. Comme nous l’écrivions hier, en effet, de puissants segments du monde des transports routiers se sont démarqués du mouvement. C’est ainsi que Dakar Dem Dikk et AFTU ne feront pas grève ce mercredi. Dakar Dem Dikk, transporteur public avec ses centaines de bus, et l’AFTU, premier réseau de transport en commun par minibus appelés Tata, sont des poids lourds du secteur. Aucune grève ne saurait réussir sans ces deux structures. Qui plus est, elles sont rejointes dans leur refus d’aller à la grève par le Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (CUSTRS). Lequel cadre est sorti hier de la rencontre avec le ministre des Transports convaincu par les aménagements apportés sur certaines mesures parmi les 22 arrêtées le lundi 09 janvier dernier à Diamniadio par le Premier ministre. Le 13 janvier dernier, le CUSTRS avait avancé des doléances tournant autour du réaménagement de 6 parmi ces 22 mesures. Elles concernaient la mise en place effective des brigades mixtes de sécurité routière relatives aux contrôles routiers sur les corridors nationaux ; le réaménagement des heures de circulation pour les véhicules de transport public de personnes désormais interdits de rouler de 23 heures à 05 heures ; des dérogations pour la mesure d’interdiction des porte-bagages ainsi que l’obligation pour tous les véhicules de transport public de voyageurs de venir faire leur visite au Centre de contrôle technique moderne de Dakar. Les deux autres doléances concernaient le réaménagement des mesures relatives à la durée d’exploitation des véhicules de transport public et la décision de revoir les âges plancher et plafond pour les chauffeurs des véhicules de transport public de voyageurs et de marchandises.
Les réponses satisfaisantes apportées aux six mesures poussent le CUSTRS à s’opposer à toute grève
Lors des concertations entre le ministère des Transports et le CUSTRS, il a été finalement retenu que la mesure concernant les brigades mixtes de sécurité routière cette mesure sera mise en application avec les autorités territoriales et les forces de défense et de sécurité. Concernant la mesure relative aux heures de circulation des véhicules de transport public de voyageurs et de marchandises, le CUSTRS a convenu que, du fait de son caractère salutaire et son impact sur les accidents et la mortalité sur les routes, son maintien est nécessaire. Les acteurs ont compris cette position du Gouvernement selon le ministre Mansour Faye. Relativement aux dérogations pour la mesure d’interdiction des porte-bagages, le Gouvernement a accédé à la demande des transporteurs en établissant une période transitoire d’un an pour la mise en œuvre de cette mesure. En attendant, les porte-bagages sont limités à 50 cm pour les 7/8 places et 70 cm pour les autres véhicules de transport de voyageurs. Sur l’obligation pour tous les véhicules de visite au centre technique moderne de Dakar, le Gouvernement s’est engagé à trouver avec les acteurs un mécanisme pour que des visites techniques modernes soient effectuées dans les régions intérieures. En même temps, le programme d’érection de 8 centres de contrôle technique modernes dans les autres régions sera accéléré. Pour la durée d’exploitation des véhicules de transport public, un décret a été pris pour porter la durée d’exploitation des véhicules de transport public de voyageurs à 20 ans et celle des véhicules de transport de marchandises à 25 ans, à partir de la date de première mise en circulation. Cependant, à titre dérogatoire, une période d’exploitation supplémentaire de 2 ans a été accordée aux véhicules de transport public de marchandises et de voyageurs qui ont dépassé les durées limites fixées. Enfin, sur le point relatif aux âges des conducteurs, les dispositions du Code de la Route sont maintenues : 23 ans pour les chauffeurs des gros porteurs et 25 ans pour les chauffeurs des véhicules de transport public de voyageurs. En considération des résultats de cette concertation, les membres du Cadre Unitaire des Syndicats des Transports routiers du Sénégal (CUSTRS) ont décidé de ne pas suivre le mot d’ordre de grève décrété par les autres acteurs.
« L’Etat restera ferme contre les fauteurs de troubles », selon Mansour Faye
Devant la presse, hier, les ministres des Transports a indiqué que « nous tous, nous en convenons, il y a trop de morts et de blessés dus aux accidents de la route : trop c’est trop ! Et ne pas agir, serait une négligence coupable que l’État ne peut endosser ». Mansour Faye d’ajouter que « ceux qui veulent aller en grève sont libres de le faire mais l’Etat va réprimer fermement les fauteurs de troubles ». Pour ce faire, il a martelé que l’Etat va rester ferme et les forces de défense et de sécurité vont veiller au grain. « La circulation ne sera pas perturbée » assuret-il. Une menace à peine voilée pour encourager « les défaillants » qui invitent l’Etat à protéger leurs biens car redoutant que leurs véhicules soient caillassés par les grévistes. « Je réaffirme que le Gouvernement reste ouvert au dialogue avec tous les acteurs. En réalité, nous n’avons pas d’adversaires. Les transporteurs, quels que soient les syndicats ou les associations auxquels ils appartiennent, sont et demeurent nos partenaires. Cependant, et je le dis de la façon la plus officielle et clairement : l’intérêt général, l’intégrité physique et la vie des citoyens seront assurés ; et toutes les mesures nécessaires à cet effet seront prises. La sécurité, en l’occurrence la sécurité routière, est notre premier critère d’analyse, le premier facteur de décision » a conclu le ministre Mansour Faye.