LES POLICIERS RETRAITÉS REDOUTENT LE SYNDROME TERME SUD
Ce qui s’est passé à Terme Sud risque de se répéter avec les policiers retraités. C’est l’avis de Cheikhna Keita, brigadier chef des gardiens de la paix à la retraite, président du mouvement national des policiers retraités du Sénégal tous corps confondus
Ce qui s’est passé à Terme Sud risque de se répéter avec les policiers retraités. C’est l’avis de Cheikhna Keita Brigadier Chef des gardiens de la paix à la retraite, Président du mouvement national des policiers retraités du Sénégal tous corps confondus. Selon lui, le fait de voir des militaires retraités se retrouver subitement dans la rue a violemment heurté la conscience collective.
L’affaire Terme Sud a réveillé la peur chez les policiers retraités et veuves de retraités de la police vivant encore dans les camps de garde que la police avait hérités, suite à la dissolution par l’ancien Président Léopold Sédar Senghor de la garde républicaine.
Selon Cheikhna Keita Brigadier Chef des gardiens de la paix à la retraite, Président du mouvement national des policiers retraités du Sénégal tous corps confondus, la police avait donc hérité de ce patrimoine délaissé et aujourd’hui, ces maisons sont debout, parce que réhabilitées par des policiers retraités à coup de millions, avec des prêts bancaires et des fonds provenant des missions à l’étranger.
Et dans certains camps comme à Diourbel, Saint-Louis, Kolda, Tambacounda, Kédougou, Louga, la spéculation foncière s’est invitée et des espaces ont été morcelés. Aujourd’hui, note Cheikhna Keita, ces policiers retraités redoutent le syndrome Terme Sud. Il déclare à ce sujet: « Ce qui s’est passé à Terme Sud risque de se répéter avec les policiers retraités. C’est désolant de voir déguerpir des militaires retraités, qui ont eu à occuper des logements pendant plus de 20 ans. Avec cet acte douloureux, des pères et des familles se sont subitement retrouvés dans la rue. Il faut que tout le monde sache qu’il a violemment heurté notre conscience.
Selon Cheikhna Keita, le président de la République avait été sollicité pour consentir une cession en faveur des retraités et veuves de retraités qui vivent encore dans ces camps de garde. Il ajoute que le président de la République avait déjà accordé la cession de ces logements, mais il faut absolument aller vers le Décret qui matérialise cette décision, pour que les gens puissent dormir en paix et sortir de la peur de se voir mettre dans la rue à tout moment, à l’image de ce qui s’est passé à Terme Sud. Il poursuit : « Nous avons été des militaires avant d’être des policiers et nous avons servi ce pays et il est donc demandé à Monsieur le président de la République de prendre ce Décret, car personne ne sait de quoi demain sera fait.
Et par exemple s’il quitte le pouvoir sans prendre ce Décret, ces policiers retraités peuvent bel et bien vivre le même calvaire que les militaires retraités de Terme Sud. » Revenant sur l’affaire Terme Sud, il demande au président de la République de régulariser ces anciens militaires, en leur redonnant les maisons qu’ils occupaient car, dit-il, « les mettre dans la rue, c’est les déshonorer ». Et à son avis, « ces retraités qui sont dans les camps de garde à travers le Sénégal, ces veuves de retraités et d’autres qui sont dans d’autres sphères n’ont pas besoin de vivre cette situation vécue par les militaires de Terme Sud ».
Si ce message est lancé à l’endroit du président de la République, renseigne le Président du mouvement national des policiers retraités, « c’est parce que c’est lui-même qui avait appelé les policiers à la retraite en novembre 2011 chez lui au quartier Mermoz, par l’entreprise de l’ancien Directeur Général de la Police Nationale Assane Ndoye. C’était pour solliciter leur soutien lors de l’élection présidentielle de 2012. C’est dans ce cadre que les policiers retraités se sont engagés à le soutenir sans conditions et prenant tous les risques possibles.
Par exemple lors de la campagne électorale en Casamance, le véhicule de la délégation du mouvement a été stoppé en pleine brousse par un tronc d’arbre placé au milieu de la route. Des éléments supposés appartenir au Mouvement des Forces Démocratiques de Casamane (MFDC) ont surgi de la brousse pour nous ceinturer, mais finalement rien de grave ne s’est passé, mais il s’est bien agi d’un danger réel. Nous avons donc pris des risques pour le président de la République que d’autres n’ont pas pris. Et lors de cette fameuse rencontre, nous lui avions demandé de nous remettre dans nos droits, notamment la pension militaire, le versement de la charge de police, etc.
Un seul des points soulevés a été respecté et il est relatif au versement de 2 milliards de Fcfa pour les 1 274 policiers radiés, pour le complément de leurs pensions de retraite ». Il souligne par ailleurs que l’irritation est à son comble, quand des gens qui ont combattu de façon acharnée le Président Macky Sall quand le Président Wade l’a débarqué, occupent aujourd’hui des postes de prestige, alors que le mouvement des policiers retraités est laissé en rade.
D’après lui, lors d’une audience le 22 mars 2015, le mouvement lui avait rappelé toutes ses promesses et il avait promis d’installer une commission pour les prendre en charge, mais celle-ci n’a jamais vu le jour. « Nous demandons au Président de penser à nous, car nous avions pensé à lui », martèle Cheikhna Keita, qui a par ailleurs réitéré le soutien du mouvement à l’endroit du Président Macky Sall.