LES RENDEZ-VOUS RATÉS DU TER
Espérons que cette date du 27 décembre sera enfin la bonne et que le Ter ne va pas encore poser un lapin aux Sénégalais !
Prévu fin 2018, puis début 2019, repoussé en avril 2020, annoncé ensuite pour le premier semestre 2021, puis ce 24 décembre, le Train Express Régional (TER) de Macky Sall, qui en avait fait l’un de ses projets phares dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE), sera finalement calé pour ce lundi 27 décembre prochain. Enfin, l’épine qui était sous le pied de Macky Sall va être enlevée...
Lancé en décembre 2016, le Train Express régional (Ter) devait être opérationnel 25 mois après. Plusieurs dates de mise en service avaient été annoncées par le Gouvernement dans le passé mais sans jamais avoir été respectés. La dernière date retenue était fin novembre 2020 puis au premier semestre de cette année 2021. « Après une évaluation des travaux réalisés à 95 %. » Le 14 janvier 2017 résonnait le premier coup de pioche des travaux du Train express régional (TER) sénégalais. Le président Macky Sall avait promis, très sûr de lui, que le 14 janvier 2019, il serait de nouveau rassemblé avec ceux avec qui il était ce jour-là pour l’inauguration de ce moyen de transport de masse ultramoderne. Quitte à faire rire, jaune, les réalisateurs du projet. Effectivement, pourtant, le lundi 14 janvier 2019 un wagon (vous avez bien lu !) a roulé sur 36 kilomètres entre Diamniadio et Dakar avec, à son bord, une délégation de ministres, de représentants d’entreprises impliquées dans les travaux et de partenaires financiers. À la barre, un président toujours aussi sûr et « fier » de ce premier projet ferroviaire du Sénégal indépendant. Seule la première phase du projet avait été réceptionnée, entre Diamniadio, la ville nouvelle située à 30 kilomètres du centre de Dakar, et la gare rafraîchie de la capitale… Le passage… à 30 km/h du TER dans le paysage de la presqu’île du Cap Vert, sans mur de sécurité autour des voies et sans passerelle pour permettre aux habitants de les traverser avec le maximum de sécurité, rappelle quelque peu un autre spectacle, sept ans plus tôt. Le 23 février 2012, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le président Abdoulaye Wade avait tenu à « inaugurer » l’aéroport Blaise Diagne, l’un de ses plus grands projets. Il avait atterri sur un tarmac à peine terminé, encore entouré de talus de terre. Les bâtiments de l’aéroport n’étaient alors qu’à l’état de squelettes. Les accusations de calcul politique n’avaient pas manqué. Finalement, l’AIBD n’était devenu opérationnel que six ans plus tard. Qu’en est-il du TER ? « Il sera mis en service dans quelques mois », avait promis le président qui était en précampagne électorale pour un second mandat, l’élection présidentielle devant avoir lieu un peu plus d’un mois plus tard. Une réponse qui était apparue à l’époque comme imprécise et floue pour nombre d’observateurs. Tout le monde avait compris que cette « inauguration » au forceps obéissait à l’impératif de présenter un bilan comparable à celui de Wade en matière d’infrastructures pour la présidentielle de février 2019.
Encore 2020...
Inauguré en grande pompe le 14 janvier 2019, pour les besoins de la campagne électorale de Macky Sall, qui avait demandé aux usagers de patienter encore six mois pour son entrée en service effective, le Train Express régional ne devait finalement rouler…qu’au début de l’année 2020, nouveau délai. L’annonce avait été faite par Oumar Youm, alors ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, chargé du Réseau ferroviaire au moment des faits. En effet, le gouvernement, qui était déjà asphyxié par une dette intérieure qui dépassait 1000 milliards de francs CFA, n’arrivait pas à réunir les 60 milliards de FCFA qu’il devait au consortium des entreprises engagées dans les travaux pour continuer ceux-ci. Pire encore, reconnaissait Oumar Youm dans une interview accordée à la chaîne TFM, « il y a une dette d’une vingtaine de milliards vis-à-vis des fournisseurs du TER et de 5 milliards dues aux populations impactées par les travaux ». La plupart de ces entreprises avaient été contraintes d’ailleurs de mettre leurs employés au chômage technique, ou de les affecter sur d’autres chantiers. L’unique partie du projet, qui était définitivement opérationnelle, était l’ancienne gare ferroviaire de Dakar réhabilitée dans le respect de son architecture patrimoniale pour les besoins du TER. Toutefois, lors de sa visite, le samedi 15 juin, soutenait-on paradoxalement au niveau de l’APIX, maitre d’œuvre des chantiers du TER, le président Macky Sall a annoncé que l’Etat préparait le chantier à sa «certification». Le chef de l’Etat aurait pris cette décision après avoir visité « les sites fonctionnels, le parc de matériel roulant, la plateforme des services de la gare, les ouvrages de franchissement et hydrauliques, et la station de traction électrique ». Une visite des chantiers avait toutefois permis de constater que les travaux étaient à l’arrêt sur la quasi-totalité du projet du TER. A titre d’exemple, ils n’avaient toujours pas débuté sur le site de la nouvelle gare de Thiaroye tandis que les ponts situés sur l’axe Rufisque-Bargny, déjà ouverts à la circulation, étaient dégradés. Le président Macky Sall avait profité de l’occasion pour promettre aux chefs d’entreprises présents lors de sa visite des chantiers qu’ils seraient payés. Sans préciser les délais…
« Premier semestre 2021 », « 24 décembre » puis 27 décembre...
Naturellement, le rendez-vous de 2020 fixé par l’alors ministre Oumar Youm n’a pas été respecté. Un nouveau rendez-vous avait été fixé aux Sénégalais pour le premier semestre 2021 hélas. Après ce nouveau lapin posé, Mansour Faye, devenu ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement entretemps, avait promis-juré que le train du TER roulerait et entrerait en gare de Diamniadio en septembre 2021. Nouveau lapin ! Finalement, on nous a dit que le Père Noël l’offrirait comme cadeau aux Sénégalais ce 24 décembre 2021. Bien que les travaux fussent effectivement prêts à cette nouvelle date, le président de la République a demandé de différer le lancement en grande pompe de trois jours. Ce sera donc finalement pour lundi prochain 27 décembre 2021. Une décision prise par Macky Sall qui veut, selon ses communicants, donner un cachet symbolique et populaire à l’évènement. Il aurait justifié ce report par le fait que le 24 décembre coïncide avec un vendredi et les fêtes de Noël. « Les gens seront occupés par les fêtes et c’est la raison pour laquelle, il a demandé au ministre des Infrastructures, Mansour Faye, et à l’Apix de décaler l’inauguration du TER au 27 décembre prochain. Ce n’est donc que partie remise, car tout est en place pour l’exploitation du TER. Tout ce qui est plateforme ferroviaire est livré à 100 %. Présentement les essais se poursuivent », indiquaient les collaborateurs du Président. Espérons que cette date du 27 décembre sera enfin la bonne et que le Ter ne va pas encore poser un lapin aux Sénégalais !