LES REVELATIONS DU MAGISTRAT CHEIKH BAMBA NIANG
Le membre de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) a décortiqué hier le mode de financement des organisations terroristes.
Le magistrat Cheikh Bamba Niang a décortiqué hier le mode de financement des organisations terroristes. Il se prononçait à l’occasion du déjeuner de presse organisé par le ministère des Affaires étrangères dans le cadre du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité des 18-19 novembre prochains.
Les révélations inédites de Cheikh Bamba Niang ont installé une certaine stupeur dans la salle du complexe hôtelier où se tenait la rencontre. Selon ce membre de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), les terroristes qui sévissent entre le Nigeria, le Mali, le Niger et le Burkina Faso tirent leurs ressources financières du vol de bétail, de l’extorsion de fonds, de dons provenant d’individus, d’organismes à but non lucratif comme les ONG, du transfert d’argent, du trafic illicite de drogue et de rançons tirées des enlèvements. Ils reçoivent même de l’argent d’entreprises commerciales, de transport légalement reconnues. Cet argent, d’après Cheikh Bamba Niang, sert à entretenir les familles des djihadistes, à acquérir des moyens roulants, à gérer des cellules dormantes, à l’achat d’armement, à la formation des nouvelles recrues, aux investissements dans les entreprises, à la corruption etc...
Les moyens de transport de l’argent peuvent être physiques ou électroniques, renseigne l’ancien directeur de cabinet du président du CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel), devant une assistance éberluée. Le magistrat Cheikh Bamba Niang a donné l’impression d’une maitrise parfaite de son sujet puisqu’il a fait un état des lieux très impressionnant des groupes terroristes qui sévissent au Sahel. Il a ainsi cité le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans qu’il a présenté comme la « CEDEAO » des terroristes. Dirigée par le touareg Iyad Ag Ghali, cette fédération regroupe Ansar Dine, le front de libération du Macina, l’émirat du Sahara d’Aqmi et Al Mourabitoune.
À cette fédération s’ajoute l’Etat islamique au Grand Sahara dont l’émir est le sahraoui Adnan Abou Walid. Divisée en deux entités dont l’une est reconnue par l’Etat islamique, la secte terroriste Boko Haram continue de dicter sa loi dans le nord du Nigeria et dans le Lac Tchad. Le phénomène est devenu tellement sérieux que, d’après l’ancien Cemga, le général Babacar Gaye, la zone du Sahel a subi près de 2240 attaques terroristes qui ont provoqué 11.500 morts et des milliers de déplacés ces dernières années. Selon l’ancien patron des forces onusiennes en Centrafrique, il faut alors penser la sécurité dans le cadre de la sécurité humaine en parvenant à une mutualisation des forces de défense.
Au cours du déjeuner de presse d’hier, les participants ont aussi pu apprécier la perspicacité de notre confrère Barka Ba de GFM. Ce dernier, qui fait partie des rares journalistes s’intéressant aux questions relatives à l’extrémisme violent, a préconisé la multiplication des études sur les origines anthropologiques des conflits. Dans cet ordre d’idées, il a attiré l’attention sur la percée qu’un leader comme Amadou Kouffa a pu faire, grâce à sa capacité de mobiliser sa communauté.
Poursuivant son propos, le journaliste de révéler qu’à Linguère, dans notre pays donc, les « audios » de ce prêcheur peulh devenu au fil du temps l’un des djihadistes les plus redoutables du Mali, sont écoutés. Une alerte qui doit être entendue par qui de droit, surtout qu’il n’y a pas très longtemps, Amadou Kouffa, qui occupe la deuxième place du GSIM avait lancé un appel à ses « frères Peulh » du Sénégal de le rejoindre dans le djihad. Vigilance, vigilance, vigilance donc…