MULTIPLE PHOTOSL’ÉTAU AUTOUR DE SONKO EST-IL EN TRAIN DE SE DESSERRER ?
Ça circule à la cité Keur Gorgui. Si autrefois il y avait une forte présence des forces de l'ordre et de sécurité autour du domicile de Sonko, aujourd'hui cette cité est de moins en moins militarisée.
Ça circule à la cité Keur Gorgui. Ce qui n’était pas évident les jours précédents. Pour y accéder, c’était la croix et la bannière. « On est vraiment soulagé. S’il y avait 200 ou 100 policiers avant, sachez aujourd’hui qu’il n’y en a plus que 20 », souffle-t-on dans le voisinage. On respire mieux après les tensions nées de la condamnation du leader de Pastef, Ousmane Sonko, à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse », dans l’affaire Sweet Beauté, l’opposant à l’ex-masseuse Adji Sarr, qui l’accusait de viols et menaces de mort.
Notre interlocuteur, résident du quartier qui a requis l’anonymat, ajoute, souriant, qu’il a pu prendre son véhicule. Ce qui n’était pas possible ces derniers jours. « Ils nous faisaient faire un long détours. On a subi un véritable calvaire », se plaint-il.
Il n’est pas le seul à se lamenter. Maçon de son état, Mohamed Mballo, tâche noire sur le front, a passé plusieurs nuits dans son chantier. « On avait un véritable problème pour accéder au quartier. Beaucoup de mes collègues n’ont d’ailleurs pas pu travailler. Ils venaient jusqu’ici avant qu’on ne leur interdise l’accès. Aujourd’hui la situation s’est améliorée », explique-t-il.
Ceux qui avaient pu y accéder ont dû brandir leur pièce d’identité nationale. Ce qui n’est pas le cas ce matin.
Demba Sy, photographe, n’habite pas à la Cité Keur Gorgui. Mais, « j’y passe souvent dans le cadre de mes activités », confie l’homme au teint clair et cheveux grisonnants. « Franchement, l’accès était difficile. On te pose des tas de questions avant de t’obliger à faire un long détours. C’était vraiment une perte de temps », confirme-t-il.
Bien qu’allégé, le dispositif est toujours visible. C’est le cas au niveau du Rond-point et de certaines ruelles. Mais, le blocus est plus impressionnant aux abord du domicile de l’opposant Ousmane Sonko. La ruelle est barricadée d’un côté, avec des policiers veillant au grain, et barrée par une fourgonnette de la police de l’autre. Impossible de franchir les barrières. Les policiers affirment n’avoir reçu « aucune instruction » dans le sens d’un allègement. D’où le maintien du dispositif et l’accès est interdit.
Après plusieurs jours coincée chez elle, Astou Mané, résidente, se réjouit d’humer l’air de la liberté. « Je ne sais même pas quoi dire après ce qu’on a vécu ces derniers jours. Respirer la fumée de grenades lacrymogènes à longueur de journée, pendant des jours, enfermer chez soi, ne pas vaquer à ses activités. C’était comme être en prison. »
Le constat a été aussi fait que nombre de citoyens rencontrés sur place n’ont pas souhaité s’exprimer par peur « d’être arrêtés ».