LES FAMILLES DES DÉTENUS POLITIQUES CRIENT À L’INJUSTICE
Des Sénégalais ont répondu massivement à l'appel de mères, pères, frères et sœurs... des détenus politiques
Des Sénégalais ont répondu massivement à l'appel de mères, pères, frères et sœurs... des détenus politiques. Le collectif pour la libération des détenus politiques qui a tenu une grande mobilisation samedi au terrain de Sacré-Cœur dénonce l’injustice et exige la libération des détenus.
Le terrain Sacré-Cœur a été le point de ralliement du collectif pour la libération des détenus politiques, samedi. Parents, proches, anciens détenus et sympathisants de l’ex-Pastef ont bravé le soleil pour exiger la libération des détenus politiques qui ne sont pas encore relaxés malgré l’élan de décrispation. Le secrétaire administratif du collectif, Babacar Djiméra, indique que l’objectif de la manifestation est de sensibiliser la population face à une injustice. Il estime cependant que l’autorisation de plusieurs manifestations le même jour est une stratégie de division qui, à son avis, n’a pas fonctionné, vu la mobilisation.
Porte-parole du jour, Sokhna Ndèye Diop déclame le message du collectif. «Oui, nous sommes les familles des détenus politiques, et nous en sommes ô combien fières et honorées (...). Nous sommes les mères de ces hommes, de ces femmes, de ces jeunes qui ont fait parler le sang de leurs ancêtres, qui ont dit non, qui ont résisté, qui ont bravé la mort pour défendre l'Etat de droit et la démocratie. Nous sommes fières de ces dignes fils et filles du Sénégal qui, avec leur sang, sont en train de réécrire l'histoire...», déclare-t-elle, sous l’acclamation du public.
Dopée par la foule, elle lance, dans la foulée, un appel au président de la République. «L'histoire retiendra que sous votre magistère, des cœurs de mères de la nation ont été brisés. On retiendra que pendant votre passage à la tête de la république, vous n'avez pas gouverné, mais vous avez régné. Les mamans et les femmes au foyer se souviendront de votre règne de souffrance et de misère, d'inquisitions et d'injustices, un magistère de sang et de morts et de paquetages de nos fils... , ajoute Mme Diop avant de clamer : «Le peuple s'est soulevé, le peuple est prêt à payer le prix de la libération.»
Elle livre le message des détenus du fonds des prisons. «Les détenus de Rebeuss, du Cap manuel demandent justice... Ces jeunes incassables restent dignes et fiers dans l'enfer de leurs geôles. Ils ne veulent ni de votre amnistie, ni de votre pitié. Ils ne veulent pas de votre clémence parce que vous êtes froid et sans cœur. Du fond de leurs cellules, entre le silence des murs, un seul mot désormais leur tient à cœur, nourrit leur espérance : justice ! Justice pour les vivants, justice pour les morts», déclare Sokhna Ndèye Diop.
Venus prendre part à la manifestation, Ndèye Maguette Thiam, mère du détenu Abdoulaye Diallo Ndiaye emprisonné depuis le 1er août 2023 et libéré le vendredi 16 février 2024 continue de mener le combat. «Tant qu’il reste un détenu politique, on continuera à mener le combat», dit-elle.
Les anciens détenus ont eux aussi pris la parole pour apporter leurs témoignages. Hannibal Jim lance un message au tenant du pouvoir : «Il a deux choix : soit il part, soit on le dégage !». Le député Birame Soulèye Diop estime qu’emprisonner 1 800 personnes, «c’est mettre le même nombre de familles dans des difficultés...». Le gars dit : ‘’il n’y a pas de détenu politique’’, le public rétorque : «c’est faux !»