L’INSÉCURITÉ, LE NŒUD DU PROBLÈME
Les éleveurs de la région de Thiès sont confrontés, chaque année, au phénomène de vol de bétail dans les foirails, durant les “opérations Tabaski’’.
Pour une année sans vol de bétail, ils invitent le comité régional de développement (Crd) à renforcer la sécurité dans tous les sites de vente de la région où 200 000 têtes sont attendues.
“L’année dernière, certaines de nos bêtes ont été volées. Par qui ? Je ne saurais le dire. Les éleveurs établis à Séwékhaye ont perdu beaucoup de moutons. Des voleurs sans état d’âme, de passage dans notre foiral, ont presque tout emporté. C’est vraiment inadmissible et impardonnable. Il y en a qui viennent à Séwékhaye uniquement pour voler des moutons. On ne peut pas continuer à élever des moutons pour des voleurs sans cœur’’, fulmine Djiby Bâ, le président des éleveurs qui officient au foirail de Séwékhaye, dans la commune de Ngoundiane, pour la fête de Tabaski. Il se dit peiné de voir ses camarades se plaindre tout le temps d’avoir perdu leurs bêtes. Il a profité, hier, de la tenue du Crd spécial Tabaski 2019 pour faire passer son message aux forces de défense et de sécurité présentes à cette rencontre. D’après lui, l’heure a “vraiment sonné’’ de mettre un terme à cette problématique du vol de bétail dans tout le pays. “Chez nous à Séwékhaye, on nous signalait chaque jour des cas de vol de bétail. A chaque ‘opération Tabaski’, le même problème refait surface.
Et les solutions pour régler ce problème n’existent toujours pas. Cette année, nous demandons aux forces de défense et de sécurité de renforcer le dispositif sécuritaire dans tous les foirails. Car c’est pendant ces moments que les voleurs de bétail attitrés en profitent pour s’emparer des biens des éleveurs. Ce que je trouve inhumain. C’est pour cette raison que nous insistons sur la sécurité, sans laquelle on ne fera pas de bonnes opérations’’, insiste Djiby Bâ. Pour régler cette question, il propose la création de badges, afin de pouvoir identifier toute personne qui entre dans le foirail. “Il faut savoir qui est entré dans le site, pour faire quoi. C’est de cette façon qu’on pourra régler définitivement ce phénomène de vol de bétail qui hante le sommeil des éleveurs, à l’approche de chaque fête de Tabaski. Je pense qu’il faut qu’on arrive à faire la différence entre le vendeur, l’acheteur et celui qui est sur le site pour garder les moutons’’, préconise-t-il.
Le mouton du régional de l’élevage déjà emporté
De son côté, le président de la Maison des éleveurs du Sénégal veut aussi que les forces de défense et de sécurité soient déployés en masse dans les foirails ou sites où se déroulent les opérations. Selon Ismaïla Sow, le vol de bétail ne doit prospérer dans le pays. Abou Kâ, éleveur dans le département de Tivaouane, n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, les mesures prises par le gouvernement pour sanctionner les voleurs de bétail doivent être corsées et plus dures. “En Mauritanie, dit-il, quand on attrape un voleur de bétail, il paie d’abord le prix de l’animal, avant d’aller en prison. Si l’État du Sénégal faisait la même chose, on aurait fini avec ce phénomène de vol de bétail’’, soutient Abou Kâ. Le vol de bétail déploré par les éleveurs, est un phénomène réel à Thiès. Et les populations le vivent au quotidien. A presque un mois de la fête de Tabaski, la première victime signalée n’est personne d’autre que le chef du Service régional de l’élevage par intérim.
L’ingénieur en production animale, Cheikh Ahmadou Bamba Bèye, a vu son mouton de Tabaski être emporté par des individus, il y a quelques jours. Il a mis à profit le Crd consacré à l’’’opération de Tabaski’’ à Thiès pour demander aux forces de défense et de sécurité d’accentuer le dispositif sécuritaire dans les foirails de la région, afin de combattre efficacement les voleurs de bétail. Une préoccupation qui, selon l’adjointe au gouverneur de la région de Thiès, Ngoné Cissé, va être prise en compte de “façon efficiente’’ pour une “opération Tabaski’’ réussie au niveau de la capitale régionale du Rail. Il faut signaler que, pour cette année, la région attend un quota de 200 000 têtes, soit 50 mille bêtes de moins que l’année dernière. Cela s’explique, selon M. Bèye, par les 30 000 moutons invendus de 2018.