«L’OFFICE DU BAC NE VEUT PAS ENTENDRE RAISON»
Interpellé sur la mauvaise correction des copies de philosophie par certains professeurs, le philosophe Abdoulaye Sow en a profité pour décrier les conditions de travail des enseignants
C’est ce matin que les 159 300 candidats au Baccalauréat, session 2019 se penchent sur l’épreuve d’anticipée de philosophie. A la veille, de cette épreuve, «L’AS» a fait une immersion dans la salle de classe d’Abdoulaye Sow, professeur de philosophie au lycée des Parcelles Assainies Unité 13, qui terminait sa dernière séance de révision avec ses élèves.
Interpellé sur la mauvaise correction des copies de philosophie par certains professeurs, le philosophe en a profité pour décrier les conditions de travail des enseignants. Selon le Coordonnateur des Enseignants et Examinateurs de Philosophie (CEEP), la mauvaise correction des copies de philosophie des candidats au Bac est une question qui soulève beaucoup de débats, de polémiques et d’interrogations. Celle-ci serait bien liée aux conditions de correction des copies des candidats au baccalauréat. En effet, à tort ou à raison, d’après le professeur Sow, certains parents d’élèves et même des candidats ont souvent décrié le système de correction et d’évaluation lors des différents examens au Sénégal. Cependant, son analyse amène à croire que le système d’évaluation au baccalauréat est complexe, surtout pour une discipline comme la Philosophie.
Pour ce correcteur, il ne faudrait pas perdre de vue le fait que beaucoup de facteurs concourent à rendre la correction problématique. En fait, ces facteurs vont de l’explosion du nombre de candidats d’année en année au manque criant de correcteurs en philosophie, en passant par le délai plus ou moins court accordé aux correcteurs pour une évaluation sereine des copies des candidats. Sous ce rapport, Abdoulaye Sow reconnait qu’au regard de toutes ces difficultés, il y a lieu de s’interroger sérieusement sur cette question récurrente. Maintenant, malgré cet état de fait, à la décharge des correcteurs en philosophie, une grande partie des copies dont ses collègues héritent sont élaborées dans un français lamentable, des idées décousues et un raisonnement incohérent. Il révèle que les correcteurs se retrouvent avec des copies dont ils n’arrivent pas à cerner de manière intelligible le contenu.
Ainsi, «tous les problèmes que je viens de citer justifient le plus souvent les notes catastrophiques en philosophie au baccalauréat», regrette l’enseignant de philo. Poursuivant, il en a profité pour décrier les conditions de correction qui sont lamentables, à ses yeux. D’après lui, les correcteurs reçoivent tardivement leurs convocations du bac. Conséquence : Ceux qui doivent se déplacer à l’intérieur du pays arrivent dans les centres d’examen très fatigués par le long voyage effectué. Ce philosophe a témoigné que dans certains centres d’examen, avec la «correction sur place», les conditions de correction (dans des abris provisoires, sous des tentes de fortune et même à l’ombre des arbres) impactent plus ou moins sur la correction et la concentration des correcteurs ; et dans toutes les disciplines d’ailleurs.
Ce membre de la Coordination des Enseignants et Examinateurs de Philosophie attire l’attention de l’Office du bac sur ces impondérables et ces manquements. Mais pour des raisons d’ajustement au niveau des finances, les autorités de l’Office du baccalauréat refusent d’entendre raison, selon lui. En effet, Abdoulaye Sow a signalé que pour une organisation efficace et efficiente du baccalauréat, cette structure se doit de traiter les enseignants avec le respect qu’il faut.
Ce qui illustre ce manque de considération, selon lui, c’est la dernière décision unilatérale et discourtoise de l’Office du bac de fixer cette année l’anticipé de Philo au mois de mai, pour une épreuve qui, d’habitude, se tenait au mois de juin. De sorte que beaucoup de professeurs de philosophie ont peiné pour terminer les enseignements-apprentissages à temps, parce que simplement ayant été pris de court.