L’UMS VENT DEBOUT CONTRE LE MINISTRE DE LA JUSTICE
Les collègues de Souleymane Téliko comptent en découdre avec le Garde des Sceaux jusqu’à leur dernière énergie
La procédure disciplinaire lancée par le ministre de la Justice contre le président de l’union des Magistrats du Sénégal (Ums) a mis de l’huile sur le feu qui couvait entre Me Malick Sall et l’organisation. Les collègues de Souleymane Téliko comptent en découdre avec le Garde des Sceaux jusqu’à leur dernière énergie. Mais pour le moment les protagonistes semblent choisir le tribunal de la presse pour expliquer leurs démarches à l’opinion.
C’est la guerre totale entre le ministre de la Justice et l’Union des magistrats du Sénégal. Me Malick Sall qui clamait haut et fort ne pas être mêlé, ni de près ni de loin, à la convocation du juge Souleymane Téliko devant l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ) est finalement entré dans la danse. Après l’audition du président de l’Ums par l’Igaj le 18 septembre, le garde des Sceaux s’est fendu d’un communiqué pour annoncer aux Sénégalais qu’il a «saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du rapport de l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ), concernant le magistrat Souleymane Téliko, en vue d’une suite appropriée». «Le Garde des Sceaux ministre de la Justice informe, suite à la saisine de l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ), que le rapport n°14/2020 concernant le magistrat Souleymane Téliko vient de lui être communiqué.
A cet égard, conformément aux dispositions de la loi organique 2017- 10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats, le Conseil supérieur de la magistrature, statuant en formation disciplinaire a été saisi pour suite appropriée. Cette règle est d’application, sans discrimination aucune, à l’égard de tous les magistrats à l’encontre desquels des manquements ont été relevés», a écrit Me Malick Sall pour motiver sa décision.
L’UMS S’INSURGE CONTRE LA DECISION DE ME SALL
Mais quelques heures seulement après la diffusion de ce communiqué, le bureau de l’Ums a pris la balle au bond pour attaquer violemment le successeur d’Ismaïla Madior Fall. «Le Bureau réaffirme sa désapprobation totale de l’existence même de la procédure, qui constitue un réel affront fait à tous les membres de l’association et à la magistrature tout entière. L’empressement sans précédent manifesté par le ministre de la Justice à faire juger le président de notre union à travers la diffusion aux organes de presse d’un communiqué relatif à la transmission d’un rapport non encore notifié au principal intéressé, est un autre signe révélateur du caractère particulièrement scandaleux de cette procédure», dénonce l’Union des magistrats du Sénégal, dans un communiqué parvenu hier à «L’AS». Tout en réaffirmation sa détermination inébranlable à mener avec tous «les hommes épris de justice, le combat pour l’abandon de ces poursuites illégitimes, strictement motivées par une attitude vindicative et une volonté de dompter l’UMS et audelà, la Justice tout entière», l’UMS annonce un point de presse «incessamment» pour édifier l’opinion sur les tenants et aboutissants de cette procédure disciplinaire.
LE COMITE DE RESSORT DE SAINT-LOUIS S’INDIGNE
Dans le même sillage, le comité de ressort Saint-Louis (bureau régional de l’Ums, Ndlr) est sorti de sa réserve pour soutenir le «combat» que mène le président de l’Ums, tout en dénonçant «vigoureusement les attaques injustes et les poursuites odieuses contre lui». Il lance un appel à tous leurs collègues pour qu’ils se mobilisent pour Téliko dans la procédure disciplinaire engagée contre lui et aillent l’assister. Il demande également la convocation d’une assemblée générale extraordinaire dans les plus brefs délais. En adoptant cette démarche, le comité de ressort veut mettre fin à la volonté du ministre de la Justice de «faire coûte que coûte» juger le président de l’UMS pour une «faute disciplinaire imaginaire», «sauvegarder» l’indépendance de la justice et lutter contre toute forme de «bâillonnement» de leur association.