MACKY SALL MAGNIFIE L’EXEMPLE DU SENEGAL
"Ici, sous le même toit, les uns se lèvent pour aller à la mosquée et les autres à l’église"
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Le président Macky Sall a prononcé hier, le discours d’ouverture du sommet africain 2018, organisé par la fédération pour la paix universelle(fpu) sur le thème, «nouvelle Afrique : interdépendance, prospérité mutuelle et valeurs universelles», le sommet offre une occasion aux chefs d’Etat et de gouvernement, aux ministres, aux parlementaires, d’aborder les questions de paix et de sécurité qui touchent l’Afrique et le reste du monde.
«Le récit de la guerre est une tragédie universelle. Partout, la guerre se lit dans la ruine, la ruine des demeures, dans les larmes des innocents, des orphelins et des veuves et la misère des familles endeuillées et nulle guerre n’est propre», a souligné d’entrée de jeu le Président Macky Sall. Et de poursuivre en citant Martin Luther King qui disait que «ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, mais le silence des bons».
D’après le chef de l’Etat, rien n’est plus dommageable à la paix que le silence, la passivité, l’ignorance des juifs, chrétiens, musulmans et adeptes des autres religions, qui nous unit. «C’est d’abord notre humanité au-delà de toute forme d’identification religieuse, philosophique, culturelle, idéologique ou autres. C’est ce qui justifie notre rassemblement en ces lieux», a insisté le président de la République. Selon lui, le Sénégal qui accueille ce sommet est un pays avec 95% de musulmans vivant depuis toujours en parfaite intelligence avec leurs compatriotes chrétiens et des religions traditionnelles. «Ici, sous le même toit, les uns se lèvent pour aller à la mosquée et les autres à l’église. Voilà ce qui explique que Léopold Sédar Senghor de confession chrétienne a pu être au pouvoir pendant deux décennies», a encore expliqué Macky Sall.
De l’avis de Macky Sall, la théorie du choc des civilisations, encore moins celle de la guerre des religions n’a aucun fondement théologique ni sur les textes, ni sur la pratique. «Par contre, ce qui génère l’incompréhension et l’antagonisme voire la violence, c’est plutôt l’interprétation abusive de la parole divine à des fins autres que sa finalité authentique. C’est aussi la prétention à rendre universelles des valeurs, en réalité relatives et locales au nom d’une prétendue mission civilisatrice à partir de laquelle chacun est jaugé, jugé et au besoin redressé. Voilà ce qui engendre le mépris et voilà pourquoi l’Afrique, continent qui a subi un traumatisme de cinq siècles cumulés d’esclavage et de colonisation, doit se dresser fermement contre toute dérive raciste, xénophobe et négationniste parce que tout simplement toutes les cultures les civilisations sont d’égale dignité.» «Je crois en cette Afrique nouvelle, je crois en une Afrique capable de se prendre en charge. Une Afrique qui pense et agit par et pour elle-même en dépit du fardeau de l’histoire et des pesanteurs des relations asymétriques. L’Afrique est en majorité un continent stable, active, laborieuse et ingénieuse. Cette Afrique qui crée, qui entreprend qui progresse ne doit pas se satisfaire de la promesse d’un continent du futur, elle doit s’affirmer et se faire accepter comme partie prenante des acteurs présents et futurs.
C’est pourquoi, l’Afrique revendique à juste titre la réforme de la gouvernance mondiale, à travers la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, entre autres. A travers sa position commune exprimée dans le consensus...l’Afrique veut sa place dans un conseil de sécurité des Nations Unies réformée, dans une composition plus juste et plus équitable reflétant les réalités du monde contemporain », martèle-t-il. On ne peut pas continuer à gouverner le monde de 2018 à partir des règles de 1945», a indiqué Macky Sall. D’après le chef de l’Etat, «il est établi sur le plan économique, que l’Afrique recèle des richesses inestimables.
Et selon une étude de la Banque africaine de développement intitulée : «Croissance de l’Afrique, libérer le potentiel de l’afro industrie», le continent possède 12% des réserves pétrolières mondiales, 40% des réserves d’or, 85 à 95% des réserves de métaux, du chrome et du platine, 95% des réserves de phosphates et plus de 50% de réserve de cobalt et 1/3 de réserves de bauxite sans compter les ressources hydriques et foncières d’un continent de 30 millions de km2 abritant 60% des terres arables non encore exploitées». «L’Afrique n’est pas pauvre, a encore insisté M.Sall. Elle est plutôt pénalisée par les règles de l’échange inégal. C’est pourquoi elle réclame une gouvernance économique et financière mondiale plus inclusive, une lutte plus soutenue contre les fléaux financiers illégaux et une juste rémunération des matières premières en particulier dans le domaine des mines et du pétrole». Et pour cela lance le chef de l’Etat: «Il faut que l’Afrique lutte contre la corruption également. Il faut des contrats miniers plus justes et plus équitables qui protègent à la fois les intérêts de l’investisseur et ceux du pays d’accueil, mais c’est aussi avec des ressources humaines de qualité. Une jeunesse bien formée et avertie des réalités de son temps fera que l’Afrique réussira le pari de de l’émergence».