MALENTENDU AUTOUR D'UN STOCKAGE D'AMMONIAC
Le ministère de l’Environnement et du Développement durable dégage toute responsabilité dans la gestion des 3050 tonnes de nitrate d’ammoniac du Port autonome de Dakar
Le ministère de l’Environnement et du Développement durable dégage toute responsabilité dans la gestion des 3050 tonnes de nitrate d’ammoniac du Port autonome de Dakar. Il a refusé à l’entreprise propriétaire de la marchandise le transfert à Diamniadio. Mieux, il signale que la gestion de ce produit est du ressort des autorités portuaires. Les précisions sont du Directeur de l’environnement et des établissements classés (Deec), Baba Dramé, que la rédaction a joint au téléphone hier, mercredi 19 août. Auparavant, la Direction du Port autonome de Dakar (Pad), réagissant sur un article du journal l’Observateur, a indiqué, à travers un communiqué, qu’un entrepôt a été trouvé par le propriétaire de la marchandise et que la procédure de transfert en cours de traitement avec le ministère de l’Environnement.
BABA DRAME, DIRECTEUR DE LA DEEC AU MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT PREND LE CONTRE PIED DU PORT : «Le ministre a reçu les responsables de X-Loc pour leur notifier son refus d’autoriser le stockage»
I l n’est pas question d’un aval du ministère de l’Environnement et du Développement durable à X-Loc pour le transfert des 3050 tonnes du nitrate d’ammoniac exposées au port de Dakar à Diamniadio. Le Directeur de l’environnement et des établissements classés (Deec), Baba Dramé est formel.
«C’est une information vérifiée parce qu’effectivement nous avons reçu une demande d’exploitation d’aire de stockage de produits de X-Loc. C’est avant-hier, mardi 19 août à 16h 15 min, que nous avons reçu la lettre. Et aussitôt après, le ministère de l’Environnement a instruit la demande. Cette après-midi (hier, mercredi 19 août), le ministre de l’Environnement et du Développement durable a reçu les responsables de X-Loc pour leur notifier son refus d’autoriser le stockage de ce produit à Diamniadio. Il l’a clairement notifié au responsable de X-Loc. Il pouvait se limiter à leur envoyer une lettre-réponse à leur demande, mais il a pris la peine de les recevoir pour leur transmettre la lettre de refus», s’est-il défendu lors d’un entretien téléphonique accordé à la rédaction.
Mieux, a-t-il ajouté, au moment où le Port autonome de Dakar (Pad) sortait un communiqué de presse pour faire part d’une demande d’autorisation de stockage de la marchandise à Diamniadio, la procédure normale et inhérente à l’importation de ce produit n’a pas été respectée. «L’importation, le transport et le stockage des produits chimiques au Sénégal obéit à une réglementation. C’est le Code de l’environnement qui organise la gestion des produits chimiques nocifs et dangereux. Nous avons une nomenclature des installations classiques qui définit les pays à partir desquelles il faudrait faire une déclaration ou une demande d’autorisation. Quand vous devez stocker du nitrate d’ammonium d’une quantité comprise entre 3 tonnes et 30 tonnes, vous devez faire une déclaration», soutient-il.
Avant d’ajouter : «quand il s’agit d’un stockage d’une quantité comprise entre 30 et 300 tonnes vous devez demander une autorisation, avec une étude d’impact environnemental approfondie. Pour cette affaire du Port autonome de Dakar, d’après les informations que nous avons reçues, il s’agit de 3050 tonnes». En conséquence, précise-t-il, «le stockage de ce produit nécessite au préalable une étude d’impact environnemental approfondie mais également une étude de danger et une procédure d’autorisation d’une installation classée pour la protection de l’environnement». L’objectif est, dit-il «de prévenir et de gérer les risques associés au stockage de ce genre de produit».
LE MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT MIS DEVANT LE FAIT ACCOMPLI
«On n’était pas du tout au courant. Le nitrate d’ammoniac est généralement utilisé pour la fabrication d’explosifs pour l’exploitation minière telle que l’or ou les carrières de basalte. D’habitude, c’est le ministère des Mines qui autorise l’importation et, en pareille circonstance, une ampliation est faire au ministère de l’Environnement parce c’est nous qui autorisons le stockage de ce type de produits. En ce qui concerne cette affaire de X-Loc, nous n’avions pas du tout l’information concernant l’importation de ce produit. C’est pourquoi j’ai dit que nous sommes mis devant le fait accompli», déclare Baba Dramé.
Se refusant d’engager la responsabilité du port dans cette affaire, le directeur de l’environnement soutient : «je n’engage la responsabilité de personne. Tout ce que je peux dire est que le produit est au port. Et c’est comme ça que nous l’avons appris». Revenant sur la tâche qui incombe à son département dans cette affaire, Baba Dramé juge que la mission qui leur a été assignée est bien remplie. «Le problème est environnemental et sécuritaire à la fois.
Et, en pareille circonstance, chacun doit assumer ses responsabilités. Le ministère de l’Environnement a déjà assumé la sienne en refusant à X-Loc l’exposition de ses produits à Diamniadio», a-t-il dit. Car, il est à préciser que la nécessité de protéger l’environnement revient à son ministère. Et, pour cela, a-til souligné, «la mesure de protection que le ministre de l’Environnement a prise est l’interdiction de ce produit à Diamniadio. L’autre élément qu’il a voulu bien leur dire c’est de s’organiser pour acheminer le produit vers le Mali, la destination finale».
S’agissant, par contre, de la présence du produit au Port autonome de Dakar, Baba Dramé estime que la nécessité de veiller aux conséquences du stockage incombe aux autorités portuaires. «La gestion du port autonome de Dakar relève de la responsabilité de la Direction générale du port, pas du ministère de l’Environnement», a-t-il déclaré.
DELOCALISATION DU STOCK DE NITRATE D’AMMONIUM VERS DIAMNIADIO : Le port «espérait» une autorisation du ministère de l’Environnement
La Direction générale du Port autonome de Dakar (Pad) a sorti un communiqué hier, mercredi 19 août pour, dit-elle, «informer l’opinion publique et les parties intéressées de l’existence d’un entreposage de 3050 tonnes de nitrate d’ammoniac au niveau du Mole 3 dédié aux marchandises du Mali». Et d’expliquer : «sur ce tonnage, 350 tonnes ont été déjà évacuées vers le Mali, qui reste sa destination finale, après son débarquement par l’armateur X-Loc». La Direction du Pad ajoute, en outre, qu’elle a déjà mis en demeure le propriétaire pour l’enlèvement, sans délai, de la marchandise et que ce dernier a déjà trouvé un entrepôt à Diamniadio. «Il est en train de travailler avec le ministère de l’Environnement pour avoir l’agrément en vue d’enlever instamment cette cargaison». Rappelons que tout est partie de la parution du quotidien l’Observateur d’hier, mercredi 19 août, qui, à sa Une, révèle que 3050 tonnes de nitrate d’ammonium sont stockées actuellement et à l’air libre au Môle 3 du Port autonome de Dakar. Le produit très dangereux serait à l’origine de la double explosion au Port de Beyrouth, au Liban, qui a fait 177 morts et 6 500 blessés.