MBOUR SE DRESSE ENCORE
« Non au morcellement de la lagune de Mbour ». C’est au tour de ce slogan que les Mbourois, vent debout ont battu le macadam samedi dernier
« Non au morcellement de la lagune de Mbour ». C’est au tour de ce slogan que les Mbourois, vent debout ont battu le macadam samedi dernier pour s’ériger contre le morcellement depuis plusieurs années maintenant du site où des dizaines de bornes délimitant des parcelles seraient implantées et des travaux de construction en cours illégalement engagés. Pour rappel en 2018 déjà, sous l’impulsion du Cdim (Collectif pour la défense des intérêts de Mbour), une forte mobilisation avait été enclenchée pour dénoncer le décret de déclassement pour la cession du site à une société immobilière privée uniquement préoccupée à y viabiliser 57 parcelles à vendre. Le collectif exigeait l’annulation pure et simple du décret de déclassement de cet espace ainsi que sa réhabilitation dans les plus brefs délais.
« Nous avons constaté, avec désarroi, le lancement des travaux d’envergure de remblai et de vaste dessouchage sur fond de lotissement de plus de deux hectares dans le Domaine public naturel en violation flagrante de la loi 76-66 du 2 juillet 1976 portant Code du Domaine de l’Etat, note le communiqué. Nous interpellons ici, le Chef de l’Etat, gardien constitutionnel de notre patrimoine naturel. On s’étonne que l’Etat du Sénégal, qui n’en est pas à sa première, ait pu déclasser cette réserve et octroyer à travers un décret présidentiel, une superficie de 2ha 83a 48ca à un promoteur privé établi sous le dénominatif de Siham (Société Immobilière d’Habitat Moderne) et dont la seule et unique vision se limite à viabiliser puis vendre (57 parcelles) », avaient fait entendre les initiateurs de ce mouvement. « Notre littoral qui est notre patrimoine immatériel à la valeur inestimable, avec les opportunités qu’il offre pour la pêche, le tourisme, le loisir et même l’agriculture, est gravement agressé par des privés sans scrupule avec la complicité d’agents de l’administration et le silence coupable des autorités » enchaînait le porte-parole Lamine Diop. Cette forte mobilisation avait créé chez les Mbourois l’espoir de ne plus entendre parler de ce funeste projet. Seulement, il faut rappeler qu’on était à quelques encablures du scrutin présidentiel de 2019. Depuis juillet 2018, rien ne laissait présager que ce dossier allait encore les devants de l’actualité.
Après donc bientôt trois ans d’accalmie, la controverse autour de cette affaire aux enjeux à la fois environnementaux, économiques et politiques refait surface à Mbour. Samedi dernier, dans la matinée, sur l’axe Rondpoint, Mamadou Diop (intersection RN 1 sens Kaolack et centre-ville) –Préfecture (Quartier Escale), marché central, ont battu le macadam pour encore dénoncer ce qu’elles considèrent comme une forfaiture. Et cette fois-ci, ce sont les services de la municipalité qui ont été indexés. « Nous avons constaté depuis plusieurs années que des agents de la mairie de Mbour continuent de procéder à des morcellements illégaux de parcelles sur l’assiette foncière de la lagune de Mballing. Sur le site, des dizaines de bornes délimitant des parcelles y sont implantées et des travaux de construction y ont illégalement cours » a déclaré le porte-parole du jour, Vincent Faye, drapé de rouge au même titre que tous les marcheurs.
Pour M. Faye, s’adressant à la presse, cette manifestation pacifique a été organisée dans le but de « dénoncer ces prédateurs fonciers ». Mais, a-t-il ajouté, le comité a cinq revendications à faire valoir. Ce sont : l’annulation de toutes les attributions de parcelles sur l’assiette foncière de la Lagune de Mballing; le retrait de toutes les bornes de parcelles implantées sur la Lagune; la démolition de tous les travaux de construction sur l’assiette foncière de la Lagune de Mballing; la délimitation et la protection de la Lagune de Mballing; le dragage et l’aménagement de la Lagune de Mballing
Les réponses du maire de Mbour
Toutefois, à l’issue de la marche, le maire de Mbour, El Hadj Fallou Sylla, dont l’institution a été visée, a cru devoir apporter une réponse aux allégations des marcheurs. « La mairie de Mbour n’est ni de près ni de loin mêlée à un quelconque projet de lotissement de la lagune de Mballing », a précisé son chargé de communication. Mieux, dès qu’elle a été informée de ces agissements, le maire a tout de suite envoyé la DSCOS sur les lieux avec l’ordre d’arrêter les travaux trouvés sur place, a laissé entendre le porte-parole du maire. Mieux, ce dimanche, le maire en personne, face à la presse, est resté sur cette même ligne de défense. Quoi qu’il en soit, cette question du déclassement et du morcellement de la lagune de Mballing qui joue un rôle écologique reconnu de tous, reste entier. En 2018, le Collectif pour la défense des intérêts de Mbour (Cdim) qui avait porté le combat contre ce projet, avait lancé une alerte en ces termes « C’est une folie que de penser construire sur la lagune de Mballing et obstruer ainsi une voie d’eau, avec tous les risques de destruction de notre écosystème que cela comporte ». Alors, aux pouvoirs publics, seuls habilités à décider du sort de ce site de bien méditer cette alerte !