ME MOUSSA SARR CORRIGE AMNESTY
Comme marge d’erreurs notée dans le rapport incriminant l’Etat du Sénégal, la robe-noire évoquera la présence du président de la République et du ministre de la Justice dans le Conseil supérieur de la magistrature
Il existe des parts de vérité dans le rapport produit par Amnesty international sur les violations de droits de l’homme au Sénégal. C’est l’avis de Me Moussa Sarr, avocat d’Imam Aliou Ndao. L’invité de l’émission Grand Jury de la Rfm d’hier, dimanche 19 août, pense tout de même que ledit rapport comporte aussi «une marge d’erreurs».
Me Moussa Sarr corrige Amnesty ! Contrairement à ceux qui soutiennent mordicus que le rapport d’Amnesty international, sur les violations des droits de l’homme au Sénégal, reflète entièrement la réalité dans le pays, l’avocat des percepteurs de la ville de Dakar, dans l’affaire de la caisse d’avance de la municipalité semble le nuancer. Invité à l’émission Grand jury de la Rfm d’hier, dimanche 19 août, Me Moussa Sarr a estimé qu’il y a lieu de relativiser sur ce dit rapport de l’organisme international des droits de l’homme. Comme marge d’erreurs notée dans le rapport incriminant l’Etat du Sénégal, la robe-noire évoquera la présence du président de la République et du ministre de la Justice dans le Conseil supérieur de la magistrature, considérée par ladite instance comme preuve de dépendance de la justice sénégalaise.
Pour lui, «ce n’est pas parce que le président de la République et le ministre de la Justice sont membres du Conseil supérieur de la magistrature que la justice n’est pas indépendante». Il pense qu’à ce niveau, Amnesty international a fait une «conclusion hâtive». Citant le cas de la France où le chef de l’Etat était membre de ce dit Conseil, il confie, «sauf erreur de ma part, je n’ai pas entendu Amnesty dire que la justice française était indépendante».
Donc, l’avocat trouve qu’il arrive que «certaines organisations de droits de l’homme, dans leurs analyses ou dans les avis qu’ils donnent, fassent des erreurs».
Pour autant, l’avocat d’Imam Ndao dans l’affaire des présumés terroristes sénégalais estiment qu’il y a une part de vérité dans ce qu’a dit l’organisme des droits de l’homme. Il est d’avis que pour le cas du député-maire de Dakar, Khalifa Sall, il y a eu un «procès inéquitable», dans la mesure où l’instruction avait été bouclée et l’affaire enrôlée pour être jugée, alors qu’il existait encore des voies de recours. Pis, selon lui, il y a aussi «détention arbitraire durant la phase de la proclamation des résultats des législatives et la phase de la levée de son immunité parlement». Pour ce qui est du cas du candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds), Karim Wade, il estimera que le texte qui organise la CREI ne prévoit pas de voies de recours. Alors que, «pour avoir des textes de standards internationaux, il n’est pas admissible que des procédures qui mettent en jeux les libertés d’une personne, n’aient pas de voies de recours», déplore-t-il. Il pense donc, qu’il y a lieu, soit de modifier les textes pour introduire l’appel, soit de supprimer la CREI et faire juger tous ceux qui sont soupçonnés d’enrichissement illicite par les juridictions de droit commun. Concernant son client, Imam Ndao, relaxé pour les délits d’association de terrorisme et d’apologie de terrorisme, il a déploré les conditions de sa détention.
Me Moussa Sarr n’a pas manqué, par ailleurs, de prendre le contre-pied de ceux qui soutiennent que la menace de l’indépendance de la justice est le pouvoir exécutif. Pour lui, «la menace la plus grave de l’indépendance de la justice c’est le pouvoir de l’argent». Il a aussi pris la défense du juge Malick Lamotte qu’il décrit comme l’un des magistrats les plus intègres du pays, pour contredire le député Cheikh Bamba Dieye.