MOBILISATION POUR LA LEVÉE IMMÉDIATE DES SANCTIONS DE LA CEDEAO CONTRE LE MALI
Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’autonomie populaire, une plateforme des organisations de la société civile sénégalaise, a manifesté hier, vendredi 28 janvier 2022, à la place de la Nation, ex-Obélisque, pour montrer son soutien indéfectible au Mali

Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’autonomie populaire, une plateforme des organisations de la société civile sénégalaise, a manifesté hier, vendredi 28 janvier 2022, à la place de la Nation, ex-Obélisque, pour montrer son soutien indéfectible au peuple frère du Mali et dénoncer l’attitude de la CEDEAO qui, de «façon commandée», lui a infligé des sanctions. Ces mesures qui sont à la fois inhumaines, parfaitement illégales au regard du Protocole de la CEDEAO et des textes qui régissent son fonctionnement, selon la plateforme Yoonu Askan wi/Mouvement pour l’autonomie populaire, visent à asphyxier le Mali. A l’en croire, les dirigeants de la CEDEAO et de l’UEMOA ont montré, à suffisance, qu’ils n’avaient aucune considération pour la sécurité et la souveraineté de la République du Mali, encore moins pour le bien-être de son peuple.
«Lors de leur récent sommet extraordinaire sur la situation au Mali, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont pris des mesures draconiennes contre ce pays frère et son peuple, déjà largement éprouvés par une décennie de guerre sans merci contre le terrorisme», note d’emblée Yoonu Askan Wi dans une déclaration.
Selon la plateforme de la société civile sénégalaise qui a organisé une manifestation de soutien au peuple malien, hier vendredi, à la Place de la Nation, ex-Obélisque, «ces mesures, à la fois inhumaines, parfaitement illégales au regard du Protocole de la CEDEAO et des textes qui régissent son fonctionnement visent à asphyxier le Mali». Suffisant pour Yoonu Askan Wi de montrer le manque de considération des dirigeants de la CEDEAO envers le peuple malien. «Par ces actes, les dirigeants de la CEDEAO (…) ont montré qu’ils n’avaient aucune considération pour la sécurité et la souveraineté de la République du Mali, encore moins le bien-être de son peuple», a-t-on indiqué sur la déclaration.
Par ailleurs, ils restent convaincus que ces sanctions infligées au peuple malien sont une inspiration de la France et d’autres puissances extérieurs. «Ces décisions sont manifestement inspirées par la France et d’autres puissances extérieurs, comme l’illustrent la satisfaction non dissimulée et la précipitation du président français, Emmanuel Macron, à pousser ce qu’il considère comme sa victoire jusqu’à faire adopter ces sanctions par les pays de l’Union européenne (UE)».
Ainsi, à la lumière de ces constats, Yoonu Askan wi, condamne avec la dernière énergie les «sanctions illégales et inhumaines» de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le peuple malien frère et ses dirigeants. De même, la plateforme des organisations de la société civile dénonce l’attitude «honteuse et servile» de nombre de dirigeants de la CEDEAO et de l’UEMOA vis-à-vis de la France dans sa croisade contre la volonté des dirigeants et du peuple malien d’assumer leur souveraineté ainsi que leurs responsabilités devant l’histoire. Aussi exige-t-on «la levée immédiate du blocus contre le Mali et la reprise du dialogue», tel que préconisé par les autorités maliennes elles-mêmes et certains autres dirigeants africains, afin de trouver une solution. Par ailleurs, elle réitère son soutien sans faille au peuple malien «dans sa résistance pour assurer sa souveraineté, son indépendance, son unité et son intégrité».
Concernant, la mesure de fermer les frontières de tous les pays membres de la CEDEAO au Mali, Yoonu Askan Wi invoque le fondement du Protocole de la CEDEAO. «Le fondement du Protocole de la CEDEAO est précisément la libre circulation des personnes et des biens», a-t-on mentionné dans la déclaration. Fondement du protocole pourtant rappelé, selon la plateforme des organisations de la société civile sénégalaise, devant le président français, par Mohamed Bazoum, président du Niger, en juillet 2021, lors de sa visite à Paris.
CHERIF NGAIDO, COORDINATEUR DU COLLECTIF NOO LANK : «Le Mali a besoin d’autre chose que des sanctions»
«Nous sommes là aujourd’hui pour apporter notre soutien à l’Etat, au peuple qui subit des sanctions depuis pratiquement un mois. Nous, en tant qu’acteurs de la société civile, nous nous sommes dit que nous ne devons pas rester les bras croisées. Nous devons nous lever pour apporter notre soutien à cet Etat qui vit présentement des difficultés. Connaissant ce qui se passe dans le monde, avec la crise sanitaire qui fait des ravages un peu partout dans le monde, nous nous ne jugeons pas nécessaire de prendre des sanctions présentement ; le contexte n’est pas favorable. Avec le contexte actuel, on aurait pensé à autre chose que de prendre des sanctions contre un Etat qui vit des difficultés depuis pratiquement dix ans. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes dit que nous devons nous lever pour dire non à ces sanctions-là et pour dire non à l’impérialisme. Le message que nous lançons à la CEDEAO, c’est juste pour leur dire qu’il faut qu’elle revienne à la raison c’est-à-dire, au moment où nous sommes, le Mali a besoin d’autre chose que des sanctions. Le mali a besoin de l’unité. Le mali a besoin de la sécurité. Le Mali a besoin de la paix. Mais pas à organiser des élections. Des fois, les gens nous disent que la meilleure des transitions, c’est une transition courte. Mais, au regard de ce qui se passe sur le terrain, la meilleure des transitions, c’est une transition qui garantie la sécurité, une transition qui garantie la paix dans la durée.»
PAPE BABACAR FAYE DE L’ONG PANAFRICANISTE : «Les sanctions de la CEDEAO ne traduisent pas la volonté du peuple malien…»
«Les sanctions de la CEDEAO sont incomprises dans la mesure où, elles ne traduisent pas la volonté du peuple malien. La population du Mali est sortie, un peu partout dans les rues du Mali, pour soutenir la transition qui est sensée durer cinq ans. Donc, nous disons que ces sanctions sont injustes. Parce que la CEDEAO a brandi un motif selon lequel elle soutient le peuple alors que le peuple soutient la junte militaire. Donc, c’est contradictoire. Nous jugeons, en tant que panafricaniste, en tant que membre de la société civile sénégalaise, que c’est la France qui est derrière. Il y a une mainmise de l’Etat français qui instrumentalise ce syndicat de chefs d’Etat de la CEDEAO. Parce que la CEDEAO ne traduit pas la volonté de la population malienne. Et c’est injuste et incomprise. La population malienne soutient la junte militaire pour une transition de cinq ans.»
MOHAMED EL DICKO DE LA PLATEFORME DE LA JEUNESSE MALIENNE AU SENEGAL : «On ne peut pas rester en marge de tout ce qui se passe au Mali»
«On ne peut pas rester en marge de tout ce qui se pesse au Mali aujourd’hui. C’est pourquoi nous nous sommes organisés avec les coordinations et certaines organisations sénégalaises pour venir porter le message haut et fort en disant qu’il est grand temps qu’on arrête ces choses-là. Il est grand temps vraiment que la CEDEAO revienne à de meilleurs sentiments. Il est temps que cette CEDEAO soit au service des peuples africains. On ne veut pas vraiment que la CEDEAO reste une CEDEAO des présidents. Il faut que nos dirigeants écoutent la population. On a toujours dit que le Mali n’est pas seulement qu’un pays voisin du Sénégal, le Mali est un pays frère jumeau du Sénégal. Depuis cet embargo décrété le 9 janvier, les Sénégalais ont employé tous les moyens pour venir en assistance aux Maliens qui sont ici. Ainsi, l’objectif de cette manifestation n’est autre que la levée immédiate de l’embargo. Il faut lever ces sanctions qui n’arrangent personne.»