«NOUS N’AVONS PAS JUGE PERTINENT DE RELAYER CETTE INFORMATION PARCE QUE…»
CHRISTOPHE BIGOT, AMBASSADEUR DE FRANCE AU SENEGAL, SUR LA «MENACE CREDIBLE» D’ATTENTAT TERRORISTE A DAKAR
L’ambassade de France n’a pas jugé pertinent de relayer l’information selon laquelle il y aurait «une menace crédible liée à une activité terroriste potentielle à Dakar», postée sur le site de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Sénégal. Le chef de la diplomatie française au Sénégal, l’ambassadeur Christophe Bigot, explique que c’est parce qu’ils n’ont pas les mêmes éléments d’analyse. Toutefois, Christophe Bigot qui souligne qu’il appartient à chaque pays«de prendre ses responsabilités» par rapport à la menace terroriste, appelle les autorités à rester «très très vigilent» car «le Sénégal vit dans un environnement qui est dangereux, les frontières sont extrêmement longues et difficiles à tenir.» Aussi est-il revenu sur les conclusions du séminaire intergouvernemental franco-sénégalais de Paris. Il était l’invité de Baye Omar Guèye sur Sud Fm Sen Radio.
REACTION PAR RAPPORT A LA MENACE TERRORISTE POSTEE SUR LE SITE DE L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS D’AMERIQUE A DAKAR
Comme vous le savez, nous n’avons pas relayé cette information parce que nous n’avons pas les mêmes éléments d’analyse que nos amis. Nous avons été en contact étroit avec la Police, la Gendarmerie, les Services de renseignement de l’Armée sénégalaise. Effectivement, nous n’avons pas jugé pertinent de relayer cette information. Chaque pays dispose de ses propres sources de renseignement, vous le savez peut-être, j’ai moi-même été pendant trois ans directeur de la stratégie à la DGSE, et à chacun ensuite de prendre ses responsabilités. Moi, pour ce qui me concerne, je suis très heureux, puisqu’on parle de sécurité, que nous ayons pu il y a un an lever les restrictions qui pesaient sur la circulation des Français en Casamance. Et je pense que cela a contribué à la relance du tourisme dans cette région.
LE SENEGAL VIT DANS UN ENVIRONNEMENT DANGEREUX, LES FRONTIERES EXTREMEMENT LONGUES ET DIFFICILES A TENIR
Mais maintenant, effectivement, il faut être très très vigilent. Le Sénégal vit dans un environnement qui est dangereux, les frontières sont extrêmement longues et difficiles à tenir. Et, clairement, personne, personne n’est immune aux risques du terrorisme. On l’a vu, bien sûr, en Europe et on le voit aussi tous les jours en Afrique. Donc, il faut être extrêmement vigilent, c’est l’objet d’ailleurs d’une des feuilles de route du séminaire de jeudi dernier. C’est justement (le sens de) cette coopération, en tous les domaines sécuritaires, avec le Sénégal. J’en prends deux exemples: nous avons tenu un exercice à Saly avec le ministre de l’Intérieur, il y a quelques jours, pour essayer de tester la réactivité et le dispositif de sécurité en cas d’attentat contre un hôtel. Je vous donne un deuxième exemple qui est le mécanisme de cyber sécurité qui a été mis en place au sein de la Direction générale de la Police nationale et qui, je crois, fonctionne très bien et s’accroit. Voilà deux idées très simples qui permettent aussi de renforcer cette capacité sécuritaire et de prévention parce qu’il s’agit de prévention pour éviter tout attentat ici au Sénégal.
TOURNEE DANS LA VALLEE DU FLEUVE A LA SUITE DU SEMINAIRE INTERGOUVERNEMENTAL FRANCO-SENEGALAIS
Je crois qu’il est important d’aller sur le terrain, de rencontrer les gens, de voir les projets, comment ils avancent, les difficultés qu’ils rencontrent. Et là, cette tournée qui va me conduire de Matam jusqu’à Saint-Louis… va me permettre d’inaugurer des projets, par exemple des cases de santé, des périmètres maraichers, voire aussi des projets que nous avons lancé dans le domaine scolaire (des écoles, des lycées) et aussi dans le domaine de l’agriculture (des périmètres rizicoles).
On va toucher, à la fois, les questions de l’éducation, de l’agriculture, de la santé. Et puis aussi le legs que la diaspora, grâce aux concours de l’Etat sénégalais et de l’Etat français, apporte est très important. Je rappelle que ce programme a été considérablement accu grâce justement à un document qui été signé lors du séminaire, puisque l’AFD va, lui, apporter 14 millions d’euros pour permettre à la diaspora, là dans cette région c’est notamment la diaspora du département de Yvelines, d’apporter son concours aux projets locaux des communautés. Et puis c’est aussi l’occasion de regarder ce que font les collectivités françaises, en l’occurrence. Je serais une partie du temps sur le fleuve avec… le président du Conseil général des Yvelines.
RENOUVELLEMENT DU CAPITAL SEMENCIER POUR AUGMENTER LES RENDEMENTS ET LES PERFORMANCES DE L’AGRICULTURE SENEGALAISE.
C’est une question qui relève plutôt de mon ami Pape Seck, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, car c’est une question très technique. Mais, comme vous le savez, sur le critère semencier, l’IRD, le CIRAD travaillent activement avec l’ISRA dans cette direction. J’ai l’occasion d’aller, avec le ministre de l’Agriculture français, il y a un peu plus d’un an, dans la zone du Ferlo pour regarder aussi ce qui s’y menait à bien. Donc, c’est une action éminemment importante pour augmenter l’autosuffisance alimentaire et aussi augmenter les rendements et les performances de l’agriculture sénégalaise. Vous avez raison de le signaler, c’est un des aspects qui a été évoqué lors du séminaire intergouvernemental de jeudi dernier où étaient présents les deux ministres de l’Agriculture français et sénégalais.
QUE RETENIR EN TERMES DE BILAN DU SEMINAIRE DE JEUDI DERNIER, EN FRANCE ?
Mois, je suis très impressionné des conclusions. Les conclusions sont très denses: plus de 25 pages, si vous regardez les autres feuilles de route qui ont été conçues, qui ont été rédigées ensemble, entre la France et le Sénégal, que ce soit les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture; que ce soit dans le soutien à l’émergence; que ce soit dans les questions de circulation des personnes ou que ce soit en termes de sécurité. Voilà donc beaucoup de sujets.
LE PRESIDENT EMMANUEL MACRON EN VISITE AU SENEGAL, EN FEVRIER PROCHAIN
Qu’est-ce qui va changer ? Et bien, nous allons renforcer la relation. Ce troisième séminaire, après ceux de 2015 et 2016, il n’y a jamais eu, je crois, autant de ministres français et sénégalais ensembles, plus d’une dizaine. Ce séminaire lui-même s’inspire de ce qui a été fait par le président Macky Sall pendant sa visite d’Etat en décembre 2016. Donc c’est dans le prolongement naturel des conclusions qui ont été tirées à l’époque et il s’agit aussi de préparer la visite du président Emmanuel Macron en février prochain. Donc je dirai que c’est une danse à trois temps: la visite d’Etat du président Macky Sall, ce séminaire puis la visite du président Macron.
CE QUI VA CHANGER…
Ce qui va changer, ce sont des projets concrets. Je pense par exemple au projet de super calculateur amené par ATOS dans la ville nouvelle de Diamniadio, je pense au campus universitaire franco-sénégalais, je pense aussi à des mesures prévues pour le renforcement des visas pour les étudiants et les visas dits de circulation. Je pense aussi à tout ce qui est prévu sur le volet sécurité et qui aura l’occasion d’être davantage développé lors du Forum Pais et Sécurité à Dakar où se rendrons le ministre de la Défense, Florence Parly, et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Mais, si vous regardez les feuilles de route, vous verrez que c’est extrêmement dense, extrêmement substantiel. Je pense que ça va doper vraiment la relation dans tous ces volets.