''NOUS NE DISPOSONS PAS DE MATERIEL DE NEUTRALISANT''
Le commandant Moussa Ndour, le responsable de la Zone d’Intérêt Cynégétique de la Falémé, interrogé par nos confrères de la radio Sud Fm, au lendemain de cet incident, est revenu sur les raisons ayant motivé l’abattage de l’hippopotame
Le commandant Moussa Ndour, le responsable de la Zone d’Intérêt Cynégétique de la Falémé, interrogé par nos confrères de la radio Sud Fm, au lendemain de cet incident, est revenu sur les raisons ayant motivé les autorités de la région de Kédougou à décider de l’abattage de l’hippopotame qui a envahi des maisons dans la cité collinaire, le dimanche 31 mars. Selon lui, non seulement l’animal devenait menaçant et il était difficile de contenir les nombreux curieux, mais aussi les services compétents ne disposaient «pas de matériel de neutralisant», dans toute la région, a-t-il déclaré au micro de Boubacar Tamba, correspondant de Sud Fm au Sénégal Oriental.
TOUS LES INGREDIENTS ETAIENT REUNIS POUR QU’IL Y AIT MORT D’HOMME, MAIS HEUREUSEMENT…
«Nous n’avons pas pris cette décision car dans le cadre d’espèce, quand un animal sort de son milieu naturel, nous devons tout mettre en œuvre pour l’y ramener. Ce qui s’est passé est que nous avons été saisis à 6 heures du matin (dimanche 31 mars, ndlr), de la présence d’un hippopotame dans la ville de Kédougou. Une fois sur les lieux, on a alerté les autorités locales. Le gouverneur de la région a, par la suite, avisé les Forces de défense et de sécurité. Mais on a eu un mouvement de foule terrible. C’était un gros risque. Heureusement, qu’il n’y a pas eu mort d’hommes, mais tous les ingrédients étaient réunis pour qu’il y en ait. La curiosité aidant, les Forces de l’ordre, à un certain moment, avaient des problèmes pour contenir la foule.
LA DECISION D’IMMOBILISER L’ANIMAL PRISE APRES EN AVOIR INFORME LE GOUVERNEUR
Nous avons essayé, avec les moyens qui étaient à notre disposition, de le canaliser, pour qu’il prenne son chemin de retour. Mais ça n’a pas été le cas. L’animal fuyait et rentrait dans des domiciles et donnait des coups de tête à gauche et à droite. Il était très dangereux. Il est entré même dans deux domiciles. Nous ne disposons pas de matériel de neutralisant. Et, dans le cas d’espèces, il faut le neutraliser avec des fusils et une dose de produit et faire l’opération de rapatriement, ensuite le déposer et lui remettre une dose antidote pour le réveiller et le suivre. Tout ce matériel n’a pas été disponible. Les services vétérinaires de la région et nous, ne disposons pas de ce matériel. Face à cette situation et après avoir informé les autorités, on a pris la décision d’immobiliser l’animal, le dégager hors de la ville. C’est ce qui a été fait.
DES BALLES DE CALIBRE 12 TROUVEES DANS LA TETE DE L’ANIMAL, ATTESTENT QU’IL A ETE BLESSE QUELQUE PART
L’animal a été enterré malgré les sollicitations des populations pour disposer de la viande. Parce que, semble-t-il, il y a beaucoup de gens qui ont réclamé la peau, d’autres la queue. Finalement, le gouverneur a pris la décision de ne pas mettre la viande à la disposition des populations parce qu’il n’y a pas eu un examen vétérinaire pour attester que l’animal n’est pas malade. C’est après sa mort qu’on a constaté beaucoup de choses. Par mesure de prudence, nous avons coupé la tête de l’animal pour des examens plus approfondis. Et ce que nous avons trouvé dans la tête de cette animal, ce sont des balles de calibre 12. Il a été blessé quelque part. Et nous pensons que c’est ce qui l’a stressé et l’a poussé à traverser la route et rentrer dans le quartier.
SUR LA POLEMIQUE NEE DE L’ABATAGE DE L’ANIMAL
Il était devenu plus dangereux et très furieux. On l’a vu quand on l’a abattu et on a essayé de dépecer la tête pour en faire un produit de taxidermie. Tous ceux qui ont dit ça (que l’animal de devrait pas être abattu, ndlr), on fait du «médecin après la mort». Depuis 6 heures du matin, on était sur le site jusqu’au environ de 12 heures. Nous avons tenté toutes les possibilités. Mais les populations ne nous ont pas laissé faire et l’animal devenait plus furieux. Il fallait le canaliser pour vraiment le diriger sur la rive du fleuve; ce qui était impossible. J’ai l’impression que le stress qu’il a subi, avec les coups de feu et les balles qu’on a récupéré, ont été les motifs qui l’ont vraiment dérangés.»
VALORISATION DE LA FAUNE ET DE LA FLORE : De la nécessité de protéger les espèces en voie de disparition
Une rencontre de planification de la Stratégie de valorisation de la faune et de la flore a réuni les acteurs, notamment des agents des Parcs nationaux, hier mercredi à Dakar. Elle a pour but d’élaborer une Stratégie nationale pour la protection d’une espèce protégée comme l’éland de derby dont le Sénégal est le seul pays à disposer.
Le directeur des Parcs nationaux, le Colonel Abdoulaye Diop a insisté sur des défis à relever pour une meilleure protection de la faune et de la flore. Il était hier, mercredi 17 avril 2019, à une rencontre de planification de la Stratégie de valorisation de la faune. Il s’agit notamment, selon le colonel Abdoulaye Diop, d’élaborer une Stratégie nationale pour la protection d’une espèce comme l’éland de derby, un animal dont le Sénégal est le seul pays à disposer. Il convient, dès lors, trouve-t-il, de prendre des dispositions afin de garantir une meilleure sécurité de l’espèce. Le Sénégal a également une population importante de lions et de panthères qu’il faut impérativement protéger, selon le directeur des Parcs nationaux. La biodiversité sénégalaise, c’est aussi les lycaons qu’il faut préserver car notre pays est le seul à en détenir en Afrique de l’Ouest.
A signaler que l'éland de derby ou encore éland géant est une espèce d'antilopes considérée comme la plus grande d'Afrique. Au Sénégal, on le retrouve dans les réserves privés comme celle de Bandia. Le lycaon, quant à lui, est un mammifère carnivore de la famille des canidés. Il vit exclusivement en Afrique subsaharienne australe et centrale, dans les steppes et les savanes.
L’animal est présent au Parc de Niokolo Koba. Parlant de la réintroduction d’espèces fauniques dans des réserves, une option nationale pour la préservation des animaux en voie de disparition, le directeur des Parcs nationaux trouve qu’elle devra être faite suivant des bases légales. La réintroduction d’espèces consiste à la création de milieux naturels capables de permettre une évolution des espèces animales.