ORDUR
Le court métrage de MMomar Talla Kandji qui dépeint l’humanité de Mbeubeuse a été projeté à la salle ciné Burkina.
«Ordur», le court métrage fiction du jeune réalisateur sénégalais Momar Talla Kandji, qui a été projeté ce mardi à la salle Ciné Burkina, a séduit le public. En compétition pour le Fespaco 2019, ce film raconte une histoire touchante et émouvante qui permet également de découvrir l’humanité de Mbeubeusse.
Kader, un agent de recouvrement dans une agence immobilière, a perdu son sac contenant l’argent de la société. Il se rend à Mbeubeusse, un dépotoir d’ordures, à la recherche de ce fameux sac. Il y rencontre Nguilane, une gratteuse, qui fait de la récupération d’objets. Celle-ci réussit à l’intégrer à Mbeubeusse. Voilà en résumé l’histoire que Momar Talla Kandji raconte dans Ordur. Une histoire «touchante» et «émouvante», où le jeune de Ciné banlieue démontre qu’on n’a pas besoin d’être immensément riche pour être heureux. Le bonheur n’est pas loin en réalité. Il se trouve dans les petits gestes d’affection. Kader l’apprend en trouvant l’amour, le réconfort chez Nguilane qui a sa cabane nichée au cœur de Mbeubeusse et dont le quotidien est fait de récupération.
Au-delà de l’histoire «touchante» racontée, c’est la direction des acteurs qui a le plus séduit le public du Fespaco. Ibrahima Mbaye Thié dans le rôle de Kader et Ndèye Fatou Cissé dans celui Nguilane ont bien été dans la peau des personnages, vivant dans le dépotoir d’ordures de Mbeubeusse qu’ils ont interprété. Et pour accrocher davantage, le réalisateur n’hésite pas à prendre des «boudioumanes» (jeunes sans abris) rencontrés dans cet endroit pour faire de la figuration. De même, le décor et les costumes ont fasciné. «Etant gamin, j’avais horreur des ‘’boudioumans’’. Quand j’ai grandi, j’ai vu que ce sont des personnes normales comme vous et moi. Et en écrivant, l’idée d’une personne qui a perdu son sac et qui va se réfugier à Mbeubeusse m’est venue. En faisant le repérage, je suis allé là-bas et j’ai été fasciné. Il y a des quartiers, des connaissances ; et des amitiés se sont nouées. C’était extraordinaire. Il me fallait également trouver un personnage féminin qui va accueillir Kader. En faisant l’écriture, des déplacements, c’est là que j’ai trouvé la cabane de Nguilane, la maison en baraque», explique le réalisateur au terme de la projection.
Momar Talla Kandji, qui a suivi des cours de réalisation à l’école Azacom du Ciné banlieue, a été assistant réalisateur dans les films La plaie de Moly Kane, Noir sur Blanc de Samba Diao, Demm de Bachir Diallo, Dem de Pape Bounama Lopy, Christophe Rollin et Marc Réchia. En 2014, il réalise avec ses camarades leur film de fin d’étude intitulé Linguere. Ordur, qui est son premier court métrage de fiction, lui permet de participer pour la première fois au Fespaco. Pour le jeune réalisateur, c’est quelque chose de «magnifique» d’«extraordinaire». «C’est intéressant de voir d’autres films venant d’ailleurs. C’est de cette manière qu’on se mesure en tant que réalisateur».
Ordur a déjà une vie. Sélectionné dans près de 12 festivals, il a récolté quelques prix. Pour son réalisateur, l’histoire continue. Le double étalon d’Or de Yennenga Alain Gomis lui prédit dans tous les cas un bel avenir. «C’est un bon film. Je suis toujours impressionné par ce que font les jeunes de Ciné banlieue. A chaque fois, les films progressent. Ils sont de plus en plus matures. Ordur est un film à la fois surprenant et intéressant. Momar Talla est assez original et surprenant. Ce qu’il raconte de la trajectoire de cet homme (Kader) et du choix qu’il fait par rapport à ce que la société édicte est très étonnant. C’est un film qui a une originalité et une identité. C’est ce qu’on cherche. Il fera du chemin.»