OUMAR YAFFA SE PERD DANS SON HEGIRE
En terre nigériane, le suspect a eu d’abord à séjourner à Abaddam, Goza baptisé par Boko Haram Fathul Moubine puis à Sambissa, toutes des zones sous l’emprise du groupe Boko Haram
Attrait à la barre de la Chambre criminelle spéciale du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar pour des faits relatifs au terrorisme, Oumar Yaffa a soutenu que l’objet de son voyage au Nigeria était de partir en hégire pour acquérir une bénédiction dans un lieu où la Charia est appliquée. En lieu et place d’un Etat respectueux des règles islamiques, il s’est retrouvé, dit-il, dans des bastions rebelles de Boko Haram. L’accusé n’a pas pu cependant fonder son argumentaire sur un verset coranique quand il été interpellé par le président du tribunal, Samba Kane
Au septième jour du procès pour apologie du terrorisme l’accusé Oumar Yaffa qui dit regretter son voyage au fief de Boko Haram, a confessé son déplacement au Nigéria était motivé par une ambition, faire l’hégire. Attrait devant la barre la barre de la Chambre criminelle spéciale du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, il a expliqué que cette motivation de s’exiler se justifie par le souhait d’avoir des bienfaits. C’est ainsi qu’il a atterri à l’Etat de Borno, au Nigéria, sur recommandation d’un certain Abdou Aziz, un non Sénégalais qu’il a rencontré en Mauritanie. Ce dernier lui a dit que dans cette partie du Nigeria, la Charia est appliquée. Le juge Samba Kane, voulant savoir si les motivations du détenu sont fondées, lui a demandé de révéler le verset du Coran qui justifie l’hégire.
Le détenu n’est pas parvenu à donner une ré-ponse à la question. C’est à cet instant que le juge assesseur Ndary Diop, par ailleurs imam dans une mosquée, muet depuis l’ouverture de l’audience, a pris la parole pour énoncer le verset du Coran dans lequel Dieu a parlé de l’hégire du Prophète (PSL), de la Mecque à Médine. Son voyage pour le Nigeria est financé par le nommé Abdou Aziz qui lui a remis 150.000 F Cfa et l’a recommandé à un certain Ibrahima Ba. Il a fait le voyage en compagnie d’Ibrahima Mballo, Ahmet Bella et Mouhamadou Ndiaye qui était le chef du groupe au moment du dé- part. Dans sa réponse à la question du président du tribunal, Samba Kane, sur la pertinence de faire l’hégire, le prévenu a dit que la pratique n’est pas désuète et qu’elle est toujours d’actualité.
Replongeant dans les déclarations puisées dans les procès verbaux d’enquête, le juge Samba Kane a rappelé au pré- venu ses propos selon lesquels il a voulu partir au Nigéria en guise de protestation contre la souffrance des musulmans en Palestine et en Centrafrique. En guise de réponse, l’accusé a soutenu que si tel était le cas, il se rendrait dans l’un de ces pays cités et non pas au Nigéria.
En terre nigériane, le suspect a eu d’abord à séjourner à Abaddam, Goza baptisé par Boko Haram Fathul Moubine puis à Sambissa, toutes des zones sous l’emprise du groupe Boko Haram. Oumar Yaffa a soutenu n’avoir pas eu à faire une formation militaire pendant son séjour et il n’a pas non plus participé à des combats. Mais il a reconnu, toutefois, avoir entendu des bombardements. En compagnie de Moussa Mbaye, Aboubacry Gueye, Mouhamadou Ndiaye, il a rencontré le chef de Boko Haram, Aboubakr Shekau qui leur a rappelés, dit-il, les bons comportements d’un musulman. Son retour au Sénégal est motivé, à l’en croire, par la proscription des cartes nationales d’identité et l’interdiction de l’école (l’enseignement) occidentale. Oumar Yaffa a refusé d’avoir abordé avec Makhtar Diokhané, la création d’une base terroriste en Casamance. Ils ont échangé sur la possibilité de développer des poulaillers dans cette partie du pays