POUR MIEUX COMPRENDRE L'AFFAIRE PETROTIM
Qui sont les protagonistes de ce scandale de corruption présumé ? Quelle ligne de défense pour chacun d'eux ? Quid des contrats querellés ? Récapitualif de l'affaire à l'aune du début des auditions devant le Doyen des juges, Samba Sall, ce lundi
Les auditions devant le Doyen des juges, Samba Sall, sur l’affaire dite Petro-Tim, démarrent ce lundi 04 novembre. Au total, plus de 20 personnes répondront à la convocation du magistrat au titre de témoins, dans le cadre l’ouverture d’une information judiciaire.
Le Doyen des juges, Samba Sall ouvre ce lundi les auditions dans l’affaire dite « Petro-Tim ». Au cœur de cette question relancée début juin par une enquête de la BBC, il est question d’accusation de l’octroi de pot-de-vin dans l’attribution de deux blocs gaziers. Le député Mamadou Lamine Diallo va ainsi déférer, en premier, à la convocation du juge. Après lui, d’autres témoins devraient, selon toute vraisemblance, se présenter face au magistrat.
Pourquoi ces auditions
Ces auditions interviennent suite à une ouverture d’enquête. En effet, dans un reportage publié par la BBC, une chaîne de télévision britannique, des responsables politiques sénégalais se sont vus accusés d’enrichissement illicite, dans l’attribution de concessions, en matière d’hydrocarbures, au détriment de l’intérêt du pays. Une affaire polémique qui suscite encore débat dans les chaumières. Cette affaire aux ramifications multiples est formellement décrite par des responsables de l’opposition comme un «scandale sans précédent». Parmi ceux-là figurent Ousmanne Sonko, leader du parti politique Pastef, Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo, Thierno Alassane Sall entre autres.
Des contrats jugés opaques
Au cœur des accusations brandies par les opposants au pouvoir, il y a des contrats jugés opaques qui auraient été signés. Dans leur ligne de mire se trouve Aliou Sall, maire de Guediawaye, ancien directeur General de la Caisse de dépôts et de Consignation, non moins frère du président de la République, Macky Sall. Ils accusent l’édile de Guédiawaye d’avoir joué un rôle auprès du trust appartenant à l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis qui se serait enrichi massivement au détriment des Sénégalais. Dans l’enquête de la BBC qui a relancé cette affaire, Aliou Sall est accusé d’avoir reçu 250 000 dollars de la part de Frank Timis, à travers une SARL dont il serait actionnaire, Agritrans. Des accusations que le principal concerné a toujours niées : «Je n’ai jamais reçu, directement ou indirectement, un quelconque paiement de la part de Timis Corporation, à travers Agritrans », martelait-il en conférence de presse, le 3 juin dernier. Quelques jours plus tard et en pleine polémique, M. Sall démissionna de son poste de Directeur général (Dg) de la Caisse des dépôts et de consignation (CDC). «Il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens, qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité», disait-il juste après démission de la CDC.
Le Sénégal prône la transparence
Ces accusations de manquements sont d’autant plus surprenants que le Sénégal s’est inscrit dans une perspective de transparence, dans la gestion de ses richesses gazières et pétrolières. Ainsi, dès 2013, le Sénégal rejoint l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), une organisation qui évalue la bonne gouvernance des pays dans le secteur des hydrocarbures. Le gouvernement sénégalais procède à la publication régulière des contrats. Le Sénégal a procédé à la création d’un Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-Petrogaz, qui est l’organe de pilotage stratégique), la révision en cours du Code pétrolier et la ferme volonté politique de faire en sorte que le Sénégal ne soit pas victime de la malédiction des ressources naturelles. Dans sa publication du 02 novembre 2018, le journal Sud Quotidien évoquait dans un article le «satisfecit d’Oxfam adressé au gouvernement du Sénégal», en rapport au respect des nouvelles normes internationales relatives à la divulgation des contrats. Isabel Munilla, responsable politique transparence dans les Industries extractives Oxfam America précisait qu’«une quarantaine de grandes entreprises évoluant dans ces trois secteurs ont été consultées dans ce rapport». Concernant les efforts de transparence que déploie le Sénégal, elle déclarait : «C’est très bien que le gouvernement du Sénégal ait publié des contrats. Ceci est un bon signe de la part des pouvoirs publics à l’endroit des populations dans la gestion des ressources naturelles».