QUAND LES TALIBES VENUS DE LA SOUS-REGION COMPLIQUENT LA LUTTE
La société civile est préoccupée par la situation des enfants talibés qui continuent à mendier, malgré plusieurs tentatives d’éradication du phénomène
Amnesty international Sénégal a organisé, hier mardi, un forum à Dakar, sur le thème : «La responsabilité des acteurs dans la protection des enfants talibés». Lors de cette rencontre qui a vu la participation de maîtres coraniques, venus de différents coins du pays, de chercheurs et de représentants de partis politiques et de l’Etat, les participants ont fait des recommandations pour mettre fin à la mendicité des enfants talibés dont ceux «importés» de la sous-région ne facilitent pas le travail.
La société civile est préoccupée par la situation des enfants talibés qui continuent à mendier, malgré plusieurs tentatives d’éradication du phénomène. Pour preuve, hier mardi, de 9 heures à 15 heures, Amnesty international Sénégal a réuni les acteurs, dans un hôtel de la place, pour échanger sur le thème «La responsabilité des acteurs dans la protection des enfants talibés». Après de riches panels animés par des religieux, des chercheurs et la représentante de l’Etat, les participants ont proposé de nouvelles recommandations pour mettre un terme au fléau qui perdure.
Entre autres solutions, Seydi Gassama et compagnie ont proposé : le recensement du nombre de «daaras» (écoles coraniques) et du nombre de talibés dans le pays ; la formation et le renforcement de capacités des maîtres coraniques ; renforcer les services de l’Etat travaillant pour la protection des enfants, l’implication des élus locaux dans l’accompagnement des daaras ; la mise en place d’une loi sur le Statut des daaras, dont le projet de loi sera élaboré dans les mois à venir etc…
Rappelons qu’en 2018, l’Etat du Sénégal avait mis en place un Programme de retrait des enfants de la rue. Cependant, l’on constate que le phénomène est toujours là. Pour Madame Koilel Sambou Sarr, représentante de l’Etat à la rencontre, l’Etat du Sénégal reste plus que jamais déterminé à retirer les enfants de la rue, afin de leur assurer une meilleure protection. C’est d’ailleurs, selon l’éducatrice spécialisée, ce qui explique la multiplication des Centres d’accueil pour enfants en situation difficile à travers le pays.
Ce qui complique la lutte contre le phénomène de la mendicité des enfants talibés, c’est l’envahissement des enfants «importés» de la sous-région. C’est l’avis d’Oustaz Alioune Diagne. «Nombreux de ces enfants qui mendient dans la rue ne sont pas en réalité des talibés, bien vrai qu’ils se le réclament. C’est un business dont la plupart des individus qui sont derrière viennent des pays limitrophes…», a souligné le Secrétaire général du Collectif pour la modernisation des daaras
Pour Seydi Gassama, l’objectif principal du forum d’échange entre la société civile et les maîtres coraniques est de faire relancer les processus entamés depuis plusieurs années et qui sont en panne, tels que l’adoption d’une loi sur les daaras et l’adoption du Code de l’enfant. Deux textes extrêmement importants, selon directeur exécutif d’Amnesty international section Sénégal, car la loi sur le Statut des daaras va permettre à l’Etat de financer les daaras.