QUELLES DIFFÉRENCES ENTRE L'HYDROXYCHLOROQUINE ET LA CHLOROQUINE ?
Les deux molécules sont proches, et souvent confondues dans les médias. Mais c'est bien l'hydroxychloroquine qui est actuellement à l'essai pour traiter le Covid-19
Question posée par Julien le 27/03/2020
Bonjour,
Vous remarquez que «beaucoup d’articles parlent de la chloroquine et d’autres de l’hydroxychloroquine», et nous demandez : «Pourquoi cette différence ? Y a-t-il une différence entre ces deux produits ?» Dans le cadre des recherches en cours pour traiter les malades du Covid-19, c’est bien l’hydroxychloroquine qui est testée, et non la chloroquine. Même si les deux molécules sont proches.
La chloroquine et l’hydroxychloroquine sont des dérivés de synthèse de la quinine, isolée par des pharmaciens français au début du XIXe siècle. La chloroquine a de longue date été utilisée comme un traitement contre le paludisme, mais des mutations de cette maladie l’ont progressivement rendu résistante à ce traitement dans certaines régions. Comme en Guyane où elle n’est plus prescrite depuis 1995, relève Le Monde, constatant que «ce médicament à l’emploi thérapeutique limité est de moins en moins produit.»
L’expérience a toutefois montré que ces antipaludéens pouvaient servir à traiter d’autres maladies : «Les gens qui avaient un lupus ou une maladie auto-immune constataient que ce traitement contre paludisme diminuait leurs symptômes, raconte à CheckNews le professeur Zahir Amoura, chef du centre de médecine interne II de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. D’où l’idée de l’utiliser contre les maladies auto-immunes comme le lupus ou de polyarthrite rhumatoïde.»
Comme en témoignent les notices des médicaments à base de chloroquine (nivaquine) et d’hydroxychloroquine (plaquenil), ils sont en effet notamment indiqués pour les traitements de la polyarthrite rhumatoïde, du lupus, ou de prévention des lucites.
«D’un point de vue sécurité du médicament»
Pourquoi, au vu de ces similarités, l’hydroxychloroquine a-t-elle été préférée à la chloroquine, dans les essais du professeur Raoult comme dans le protocole européen Discovery visant à déterminer quel médicament est efficace pour lutter contre le Covid-19 ? «La chloroquine donne parfois un certain nombre de complications comme des problèmes cardiaques, elle a une certaine toxicité rétinienne si on le prend longtemps, et sa toxicité fœtale est démontrée», poursuit le professeur Amoura. Qui développe : «L’ajout d’un dérivé hydroxydé permettait d’avoir moins souvent des complications. Ainsi, dans le cadre d’administrations chroniques, l’hydroxychloroquine a moins d’effets secondaires indésirables que la chloroquine.»
Lors de sa conférence de presse du 23 mars pour répondre aux questions de journalistes sur l’essai Discovery, le professeur Bruno Lina donnait une explication complémentaire : «Ce sont deux molécules qui se ressemblent beaucoup, qui ont le même mode d’action, mais qui n’ont pas tout à fait le même profil de sécurité d’utilisation. On parle dans ces médicaments d’un index thérapeutique, c’est la différence de dose qui existe entre la dose thérapeutique et la dose toxique. Quand vous utilisez la chloroquine, la dose en schéma thérapeutique est très proche de la dose qui est connue pour être toxique chez l’homme. Pour l’hydroxychloroquine c’est un tout petit peu différent. Cette dose utilisée pour traiter l’homme est beaucoup plus basse que la dose toxique. C’est pour ça qu’on a choisi l’hydroxychloroquine. C’est le même mode d’action, et ça va avoir le même impact, mais par contre d’un point de vue sécurité du médicament, c’est beaucoup mieux que la chloroquine qui est potentiellement toxique.»