LES REVENDICATIONS PHARES DE 2022
Licenciements des travailleurs des collectivités territoriales, passif social, faillite de la poste, tels sont les points particuliers qui sortent du lot de revendications
Comme chaque année, il y a des points particuliers qui sortent du lot de revendications. Hier, lors de la remise des cahiers de doléances, les différentes centrales syndicales ont été unanimes sur le fait de sauver la Poste sénégalaise ainsi la liquidation du passif social. Il a été également question de la situation des travailleurs des collectivités territoriales licenciés abusivement par les nouveaux chefs des exécutifs locaux.
L’administration publique locale est traduite au banc des accusés. Lors de la cérémonie de remise de cahiers de doléances hier à la salle des banquets au palais de la République, il est reproché à certains chefs d’exécutifs locaux de s’être séparés illégalement de certains agents des collectivités territoriales parce que tout simplement ils n’appartiennent pas à leur bord politique.
A en croire le secrétaire général de la Fgts/B qui a soulevé la question, c’est une violation flagrante des droits des travailleurs et cela risque de créer des tensions immenses au sein des territoires. Selon Sidya Ndiaye, si l’Etat ne fait pas quelque chose, les licenciements vont continuer pour défaut d’appartenance aux mêmes couleurs politiques. «La collectivité locale n’a pas de couleurs. Mais il y a des maires qui se comportent comme si c’était leur propriété», a dénoncé Monsieur Ndiaye qui décrie le foisonnement de postes fictifs, postes politiques et recrutements de complaisance, malgré tous les efforts de l’Etat pour organiser la fonction publique locale.
Répondant à cette interpellation, le président de la République a soutenu que les collectivités locales sont soumises à des textes et que les maires ne peuvent pas faire tout ce qu’ils veulent parce que soumis à la loi. «Si le maire ne respecte pas la loin, il est démis de ses fonctions. Il est révoqué», affirme Macky Sall. Poursuivant, le chef de l’Etat a rappelé que le gouvernement a mis beaucoup de temps pour négocier avec les syndicats sur les dispositions de la fonction publique locale avant d’arriver à un organigramme type des collectivités. «On a donné deux ans aux collectivités pour s’adapter. Elles ont donc l’obligation de respecter cet organigramme type et tout recrutement en dehors de cet organigramme est nul. Le texte est clair», a soutenu le Président Sall. Il ajoute que les emplois de la collectivité ne dépendent pas de la couleur du maire. «Normalement, ces emplois une fois établis doivent faire l’objet de contrats. La vérité aussi, c’est que des maires, juste avant de partir, recrutent un nombre exorbitant de personnels. Ce n’est pas normal. Il y a quand même un problème qu’il faut voir de près et fixer les règles», a-t-il relativisé.
LIQUIDATION DU PASSIF SOCIAL
Par ailleurs, une autre question soulevée par les syndicats, c’est celle relative au passif social. Prenant la parole, le secrétaire général de la Cnts/Fc a soutenu que le seul hic du dialogue social, c’est le passif social avant de demander au chef du gouvernement de le vider pour avoir un dialogue performant. «Ce qu’il y a d’extraordinaire chez nos employeurs, c’est on leur reconnaisse des droits qu’ils ne nous reconnaissent pas. C’est cela qui a alourdi le passif. Ils ont le droit de sanctionner, mais ils ne nous reconnaissent pas le droit de remettre en cause leur décision», a indiqué Cheikh Diop. Il a également posé sur la table les difficultés rencontrées par la Poste avant de demander au chef de l’Etat de tout faire pour sauver la société. Sur le premier point soulevé par Cheikh Diop, le chef de l’Etat a indiqué clairement qu’il ne peut passer tout son magistère à réparer les passifs sociaux alors qu’il doit poser des actes. «Si je passe mon temps à réparer les erreurs de mes prédécesseurs, moi, qu’est-ce que je vais faire ? Vous voulez que je répare la SIAS, AMA Sénégal, et qui d’autres ? Air Afrique, c’est presque fini. L’Etat a mis sur la table plus de 4 milliards Fcfa. Je dois aussi poser des actes. C’est clair. Mais bon je vais encore en poser davantage. On verra la liquidation du passif social et la relance des entreprises en difficultés», a-t-il déclaré. Il indique dans la foulée que l’Etat ne peut pas tout faire. Pour lui, c’est une illusion que de penser que l’Etat peut tout supporter. «L’Etat ne peut pas répondre à toutes les doléances. Nous faisons de notre mieux et vous le savez. En tant que président de la République, j’ai une forte sensibilité sociale», souligne-t-il. Il soutient ensuite que depuis qu’il est à la tête du pays, il ne s’est jamais impliqué dans la gestion d’un quelconque syndicat. «Je suis démocrate et je suis pour la liberté syndicale», a-t-il déclaré.
LE CAS INQUIETANT DE LA POSTE
Sur le cas de la Poste, le Président Macky Sall n’a pas caché son exaspération en soutenant que c’est plus de 5000 emplois et que l’Etat souffre beaucoup en essayant de sauver cette entreprise. «L’Etat ne peut pas comme ça payer des salaires pour des gens qui ne travaillent pas. Nous avons fait tellement d’efforts. Il y a eu un reliquat de 12,5 milliards Fcfa soldés la semaine dernière. C’est une perfusion continue. Il faut donc une restructuration», a-t-il affirmé. Aussi, appelle-t-il la Poste à se réinventer pour ne pas mourir. A l’en croire, l’entreprise doit à l’Etat plus de 150 milliards Fcfa. Compte tenu de tous ces facteurs, souligne-t-il, un plan social est nécessaire pour rendre viable son fonctionnement et continuer d’assurer sa mission de service public. A ce niveau de la gouvernance des ressources publiques, indique Macky Sall, les gens doivent être plus regardants sur les rubriques. «Il ne faut pas faire tout ce qu’on veut », a-t-il renchéri. Il confie ainsi que l’Etat a pris en charge la dette de la Poste qui est de 42 milliards Fcfa. A la suite de cela, il attiré l’attention sur les difficultés de trouver cette manne financière face à l’urgence de protéger le pouvoir d’achat des Sénégalais.