SALIF SADIO CHEF DE L’AILE COMBATTANTE DU MFDC DEBALLE
PROCESSUS DE PAIX, YAYA JAMMEHY, RELATIONS AVEC LES AUTRES CHEFS DU MAQUIS
Dans l’interview qu’il a accordée à la radio «Zig Fm», le chef de l’aile combattante du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), Salif Sadio, est revenu de fond en comble sur les principaux points concernant la crise en Casamance. Il a abordé le processus de paix en cours, Yaya Jammeh, ses relations avec les différents chefs de faction du Mfdc.
Vous avez entamé des discussions avec les autorités sénégalaises, où en êtes-vous ?
Les choses avancent, mais lentement. A la fin du mois de mars, la communauté Saint Egidio était même ici dans le maquis pour voir comment nous pouvons nous déplacer à Rome pour mener des négociations. Car, en Gambie avec les nouvelles autorités, on ne sait pas s’il sera facile de transiter pour se rendre à Rome. Avec l’ancien régime, c’était facile. Mais, on est toujours à l’écoute pour pouvoir régler le problème. L’Etat du Sénégal gêne un peu notre volonté de régler cette crise par la voie pacifique
Est-ce à dire qu’aujourd’hui les choses sont bloquées ?
Peut-être que les choses marchent au ralenti, mais on ne peut pas parler de blocage. Parler de blocage, c’est comme si c’était terminé. Lorsque la communauté de Saint Egidio nous a trouvés ici en fin mars 2017, elle nous a fait savoir qu’elle était en tractations pour avoir la même facilité avec les nouvelles autorités gambiennes.
Quels ont été les résultats des premières rencontres que vous avez eues avec les autorités sénégalaises à Rome ?
Je ne dirai pas que tout a été fait. Au contraire, on a noté la violation des textes signés. Nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin. Jusqu’à présent, nous n’avons pas répondu aux agressions de l’Etat du Sénégal. Nous avons entamé le processus de négociation à Rome. Malgré cela, il y avait toujours des violations. Nous pouvions répondre, mais nous avions promis au peuple sénégalais de passer par la voie pacifique.
Est-ce qu’il y a eu des points d’accord lors de ces discussions ?
Bien sûr. Il y a eu des points d’accord, même si je ne vais pas tout citer ici. C’est entre autres, le respect de la population, la cessation des multiples violations des droits de l’homme en Casamance, la libre circulation des personnes et des biens, tout cela a été discuté de l’autre côté. Les autorités sénégalaises n’ont pas convenablement rempli leurs missions.
On reproche aussi au Mfdc de perpétrer des braquages.
De quel Mfdc vous me parlez ? On parle toujours de Mfdc dans des braquages. Mais une chose est sûre : ceux qui sont en train de suivre ce dossier depuis 1982, savent que l’Etat du Sénégal fait tout pour ternir l’image du Mfdc. Dans sa manipulation, l’Etat du Sénégal est allé même jusqu’à créer d’autres Mouvements contre notre Mfdc. Depuis que le Sénégal a livré son engagement écrit de négocier avec le Mfdc sous la médiation de la communauté Saint Egidio, c’est à partir de cette rencontre que nous avons donné l’ordre à nos combattants de déposer les armes.
On a entendu des voix s’élever récemment pour dire qu’il y aurait des rapprochements entre les différents chefs du maquis.
C’est la pure fabrication des gens. Mais, moi en tant que chef du maquis, je ne suis pas informé par cette démarche. L’argent a tout gâté. A un moment donné, l’Etat du Sénégal croyait qu’il pouvait régler cette crise en donnant des mallettes d’argent aux gens pour créer leur front. Mais, tel n’est pas le cas. Ces gens ont abandonné le maquis jusqu’à s’allier avec l’Armée pour nous combattre. Depuis 2000, on a fait ce constat.
Donc, vous confirmez qu’il n’y a pas de rapprochement.
Jamais. Nous ne sommes pas dans ce jeu de l’Etat du Sénégal. Ils ont pris des personnes à Mpack pour dire qu’elles sont du Mfdc avec des liasses d’argent, alors que c’est tout à fait faux. Aucun de mes éléments n’a effectué le déplacement sur Mpack. Ils ont pris des combattants qu’ils ont acheminés à Dakar pour dire que ce sont mes éléments. Regardez mon âge! Je suis né en 1955, j’ai très tôt quitté l’école pour venir lutter. Je suis resté durant tout ce temps sans rien réaliser dans ma vie, sinon que de sacrifier toute ma vie pour la libération du peuple casamançais.
Quelle lecture faites-vous de la situation en Gambie avec le départ de Yaya Jammeh dont beaucoup disent qu’il était votre soutien ?
(Rires). Je le répète encore, une affaire gambienne reste toujours gambienne. Ça ne nous regarde pas, nous sommes en Casamance. Nos bases se trouvent en Casamance et nous nous luttons pour la Casamance. La Gambie et la Casamance sont deux peuples frères.
Le départ de Jammeh vous at- il affaibli ?
Il a plutôt affaibli le Sénégal, mais pas le Mfdc. Il est plutôt ami du Sénégal du le Mfdc. Il était à l’origine de la libération des prisonniers que je détenais dans le maquis