SATTAR BTP SA REFUSE DE SE PLIER AUX DÉCISIONS DE JUSTICE
Le sort des ex-ouvriers du complexe «Cœur de Ville de Kaolack» n’a toujours pas connu d’éclaircie
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Engagés comme ouvriers dans les travaux de construction du complexe «Cœur de Ville de Kaolack» qui ont démarré en 2004, Maguette Seck et ses camarades réclament leur argent à la société Sattar Btp Sa. Cette entreprise, en charge d’une sous-traitance du marché de construction de ce complexe, a été condamnée par les juridictions compétentes à leur payer plus de 910 millions Fcfa. Après une longue bataille judiciaire, Sattar Btp Sa a essuyé de multiples revers judicaires, mais refuse d’appliquer les décisions de justice.
Le sort des ex-ouvriers du complexe «Cœur de Ville de Kaolack» n’a toujours pas connu d’éclaircie. Les principaux concernés ont manifesté encore leur amertume dans la journée d’hier. Selon leur porte-parole Maguette Seck, en dépit de nombreuses décisions de justice tranchées en leur faveur, il y a une décennie, l’entreprise Sattar Btp S.A s’entête à leur narguer. Au nombre de 215, les ex-travailleurs du «Cœur de Ville de Kaolack» reprochent à Sattar Btp S.A d’avoir allègrement violé leurs droits les plus élémentaires. Puisqu’ils travaillaient sans équipement, ni protection. Non seulement, ils ne disposaient pas de bulletin de salaire, mais aussi leur traitement journalier était inférieur au barème fixant les salaires minimum au Sénégal. Lorsqu’ils ont saisi l’Inspection du Travail pour un meilleur traitement, raconte Maguette Seck, leur licenciement est intervenu. Devant cette situation, les travailleurs ont engagé des poursuites judiciaires contre Sattar. Au bout d’une longue procédure, les juridictions compétentes ont donné raison aux ex-travailleurs. Ainsi, Sattar est condamnée à leur payer 910.575.613 Fcfa pour «licenciement abusif, indemnités de préavis, dommages et intérêts pour licenciement abusif, dommage et intérêt pour non délivrance de bulletin de salaire et non déclaration de mouvement de travail, condamnation pour paiement de sommes complémentaires représentant les sommes dues pour le rappel différentiel de salaire, de congés annuels et de congés sur les rappels».
Après la première condamnation de Sattar par l’Inspection du travail de Kaolack par décision N°12 du 20 août 2009, laquelle a été suivie par plusieurs autres jugements dans les instances judiciaires, Sattar Btp Sa n’a décaissé qu’un acompte de 10 millions Fcfa, souligne Maguette Seck.
L’ETAT SOUPCONNE DE CAUTIONNER L’ILLEGALITE
La décision de la justice est certes sans équivoque, mais Sattar refuse de s’y plier. « Depuis 2009, soit donc depuis une décennie, nous courons derrière le paiement de cet argent. Aujourd’hui, certains d’entre nous sont aveugles, d’autres gravement malades, sans moyen de se soigner. Certains ont été expulsés avec leurs épouses et enfants et n’ont même pas les moyens de trouver un toit décent. Des mariages ont éclaté, faute de ressources pour faire vivre la famille. Des enfants ont été expulsés de l’école, parce que nous n’avons plus les moyens de payer leurs scolarités», a indiqué Maguette Seck qui se dit scandalisé par l’impunité dont jouit cette entreprise. Il estime que Sattar Btp S.A est protégée dans les hautes sphères de l’Etat notamment le ministère de l’Urbanisme et le ministère des Finances.