SCOUTS ET GUIDES REFLECHISSENT SUR LA PAIX ET L’ENVIRONNEMENT
Après le Ghana en 2019 à Accra, le Sénégal est à l’honneur pour cette 4ème conférence africaine de l’association internationale Scouts et Guides (AISG).

Après le Ghana en 2019 à Accra, le Sénégal est à l’honneur pour cette 4ème conférence africaine de l’association internationale Scouts et Guides (AISG). Cette conférence, placée sous le thème, « Paix et environnement», a regroupé les pays comme l’Angola, le Bénin, le Burundi, le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, le Niger entre autres pays membres. La paix et l’environnement sont attendus dans les missions d’éducation. Les acteurs du scoutisme considèrent que la problématique de la paix reste un défi. Ils exhortent à la lucidité pour identifier toutes ces barrières.
La cérémonie d’ouverture de la 4ème conférence internationale de l’Amitié internationale des Scouts et Guides s’est tenue hier lundi. Cette rencontre, visant à apporter une stabilité et une contribution à l’amélioration des conditions de vie des communautés et axée sous le thème de la paix et de l’environnement, se déroulera du 23 au 28 avril 2023 à Dakar. L’évènement a débuté avec une belle prestation des fanfares aux rythmes des chansons de la paix. Juste après la bénédiction de l’abbé Gérard Diouf, Me Jean Paul Thibault, président de l’ASGAS (Amicale des Scouts et Guides Adultes du Sénégal) et du comité d’organisation de la conférence, a rappelé la représentativité de l’amitié, composée de 10 amicales régionales et départementales, basées à Dakar, Guédiawaye, Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Tambacounda, Kolda, Diourbel, Bambey et Mbour.
Ainsi, il a été révélé que du fait de l’âge de ses membres, la principale activité de l’ASGAS repose sur des actions caritatives et sociales. Mme Sarr Catherine Laurice, présidente de l’Association des Scouts et Guides du Sénégal, informe qu’une rencontre de scout guide adultes ou jeunes est synonyme de retrouvailles, de joie, de découverte, d’échanges interculturels et de partage d’expériences. Elle souhaite que le Sénégal, pays de la Teranga qui accueille cette conférence, soit le terreau d’un nouvel élan pour l’amitié internationale. Sous ce registre, elle rappelle que l’Aisg (Amitié Internationale des scouts et guides adultes) face aux défis de la paix et de l’environnement, le thème choisi est plus que jamais d’actualité dans un contexte mondial où la préservation de la paix et la sauvegarde de l’environnement ne sont plus des slogans. Mais des attitudes que chaque personne devrait s’approprier comme le veut Pape François. « La triple relation constitutive de tout être humain, la relation à l’autre, à la terre et à Dieu ramène au scoutisme guidisme, sur lequel se base toutes nos actions. En tant qu’adulte, nous devons nous poser en sentinelle et travailler constamment à asseoir une culture de paix et de dialogue permanent, en contribuant à la mise en place d’outils et de mécanismes favorables. Nous devons œuvrer à la préservation et à la protection de notre écosystème par des actes concrets qui serviront de legs aux générations futures », exhorte-telle. Catherine Laurice Sarr ajoute qu’à l’heure où on parle de paix, de stabilité, de dialogue inter religieux, de changement climatique, de développement durable, le scoutisme guidisme de par sa nature et de son mode de fonctionnement est mieux habilité à servir de cadre d’approche.
Un seul siège de l’Afrique au comité mondial contesté
Dr. Marie Louise Corréa, première femme présidente de l’Association scoutisme mondial, marraine de la conférence, a dénoncé le fait que l’Afrique n’est pas un pays. Mais, un continent. Elle estime que ce n’est pas normal qu’à chaque fois qu’on élit des membres du comité mondial, l’Afrique n’a qu’un seul siège. Selon Dr. Marie Louise Corréa, le thème est bien choisi. « On parle de paix et d’environnement partout dans le monde depuis des siècles. Tous les pays sont touchés ainsi que les continents. Même si les médias en parlent moins, on a beaucoup de pays africains qui vivent des drames en ce moment. Ce qui se passe aujourd’hui au Soudan, c’est grave. On dit que le Sénégal est épargné du terrorisme. Je mets un gros point d’interrogation », prévient-elle.
Ainsi, elle insiste sur l’existence d’une ceinture de feu exigeant plus de vigilance. Parce que la paix, ce n’est pas seulement la chance de ne pas connaître de guerre comme le dit l’UNESCO. « Il y a beaucoup de facteurs qui sont regroupés pour réaliser la paix dans nos pays, dans nos continents et dans le monde. Parce qu’il n’y a plus de frontières. Nous sommes interconnectés. Ce qu’on va transmettre au futur c’est à nous de le travailler. On est fiers d’être scout. Nous sommes les élites et n’ayons pas peur des mots. Nous sommes la locomotive dans tous les domaines. Nous avons parlé de paix bien avant que le problème ne se pose. Partout où y a des conflits, les scouts sont devant. Partout où il y a des tsunamis, les scouts sont devant », renseigne-t-elle.
« Le scoutisme est un mouvement mondial, le scout est l’ami de tous mais le frère de tout autre scout. Qu’on soit au Japon, au Brésil, au Ghana ou au Sénégal, dès qu’on arrive dans un pays ,on rencontre des scouts on sait qu’on a des frères ici. Nos uniformes et nos foulards sont devenus des laissez-passer. Le scout est l’ami de la nature. Nous l’avons vécu et nous le vivons toujours. Scout un jour, scout toujours, on n’est plus scout. On est scout adulte, c’est un état d’âme, c’est une attitude », conscientise-t-elle.
D’après le représentant du Burundi, l’Afrique doit se prendre en charge en prenant en compte de ce qu’elle est et en évitant le complexe. «Nous sommes capables de beaucoup de choses. Mais, la politique de main tendue nous a affaiblis. Nous devons réfléchir sur les textes qui doivent nous régir. Levons nous comme un seul homme pour dire non à ces pratiques. Plus personne ne doit changer nos textes en notre nom», ordonne-t-il.
Problématique de la paix, un défi
L’Abbé Gérard Diouf indique que la paix et l’environnement pourraient être dans les missions d’éducation. La problématique de la paix reste un défi. «Nous devons apprendre la lucidité qui consiste à identifier toutes ces barrières qui sont entre nous. Après cela nous serons en mesure de les déplacer, nous devons aussi travailler à avoir un regard éclairé sur l’autre, voire l’autre comme l’image de Dieu. L’inconnu peut toujours être une barrière. Mais il faut savoir l’identifier pour pouvoir se déplacer avec et mener cette aventure avec. Il est extrêmement important pour nous aujourd’hui, d’avoir cette lucidité d’identifier toutes ces barrières », recommande-t-on. «Des scouts et guides adultes qui se mettent ensemble, c’est pour mutualiser leur savoir-faire et être, les expériences professionnelles, humaines et de foi pour continuer à servir. Aujourd’hui, nous célébrons l’Afrique, nous construisons l’Afrique et ensemble nous voulons participer à la construction du monde. Cette conférence est le signe de cheminer ensemble, notre volonté de nous parler et de nous écouter. Nous devons travailler à rapporter le génie de l’Afrique à la construction du monde», dit l’abbé Gérard Diouf.
La mise en pratique de la méthode scoute encouragée
Le Secrétaire général du ministère de la Jeunesse, de l’Entreprenariat et de l’Emploi exhorte à agir pour restaurer la planète et instaurer une paix durable en s’appuyant sur la mise en pratique de la méthode scoute.
Il rappelle que les activités peu responsables détruisent les supports de vie et suggèrent des comportements et attitudes à observer pour faire face aux problèmes environnementaux. Donc, il préconise une réconciliation avec la nature. « Les scouts, c’est des amis de la nature. Ils doivent travailler de sorte que les populations puissent les rejoindre dans cette posture. Et, pour le ministère de la jeunesse, cette démarche est importante », souligne-t-il. Les expériences pratiques des scouts sur le terrain, relève-t-il, peuvent aider la jeunesse à jouer son rôle dans le domaine climatique et environnemental. Mais aussi, à mieux participer à la prévention et à la résolution des conflits. Il a constaté que des conflits du terrorisme aux crimes organisés prennent des proportions inquiétantes à l’échelle nationale et transnationale. Ils portent atteinte à la sécurité de l’homme. « Sans un changement véritable de paradigmes, de transformation culturelle et spirituelle, nous ne serons jamais en mesure de faire face à ces types de conflits. Nous devons préserver et renforcer le développement de notre continent. Si nous voulons rendre meilleure notre Afrique, nous devons nous fixer des objectifs très ambitieux et agir ensemble sans perdre de temps », a plaidé le représentant du ministre, avant d’inviter à mettre fin aux problèmes de propreté, à réduire les inégalités et à inspirer les actions de lutte contre le changement climatique.