«SI QUELQU’UN REDIGE SA CONSTITUTION QU’IL TRIPATOUILLE 15 FOIS EN SI PEU DE TEMPS, IL Y A PROBLEME»
Boubacar Kanté, ancien membre du conseil constitutionnel
Le conseil constitutionnel a inauguré une nouvelle ère de dialogue avec les acteurs des médias, en perspective de la présidentielle du 24 février 2019. Pour outiller les journalistes, la haute juridiction a organisé un atelier de formation de deux jours (29 au 30 novembre) autour du thème :«conseil constitutionnel et médias: un dialogue à établir».
Les décisions rendues par le Conseil constitutionnel sont souvent passées à la loupe par les acteurs des médias. Pour établir un pont de dialogue entre les sept sages et la presse considérée à tort ou à raison comme le quatrième pouvoir, quoi de mieux que de se retrouver ensemble ? C’est dans ce cadre que s’inscrit le séminaire qui réunit les 7 sages et les membres du Synpics.
Selon le président du Conseil constitutionnel, Pape Oumar Sakho, la presse reste incontournable dans l’évolution de la démocratie. D’autant que les acteurs des médias participent à la formation de l’opinion publique. Revenant sur l’importance d’une telle initiative, Pape Ousmane Sakho estime que ce séminaire veut aider la presse à mieux couvrir l’élection présidentielle. «C’est la première fois que le Conseil constitutionnel organise une formation à l’intention des médias. L’utilisation de l’information en période électorale est d’une importance capitale. L’élection présidentielle est un moment important dans la vie d’une nation. Donc les médias sont les garants fondamentaux du droit d’accès à l’information», a soutenu Pape Oumar Sakho. Même s’il reconnaît à la presse le pouvoir de maitriser l’opinion publique, le président du Conseil constitutionnel est meurtri par les nombreux doutes émis autour de l’institution judicaire. «Cette situation contribue à asseoir l’opinion publique d’une justice aux ordres», dit Pape Oumar Sakho.
Pour le secrétaire général du Synpics, Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, la préservation de la paix sociale est un des sacerdoces du journaliste. C’est pourquoi, il se réjouit de cette rencontre qui se tient à la veille de l’élection présidentielle avec son lot de contentieux avant, pendant et après l’échéance. «Il faut faire de sorte que le peuple sénégalais puisse vivre l’élection présidentielle sans anicroche. Donc, il appartient aux médias d’éviter la manipulation qui est le sport favori de certaines personnes ou organisations qui ont tendance à tirer la couverture de leur côté», recommande Ibrahima Khaliloulah Ndiaye.
Ancien membre du Conseil constitutionnel, le Professeur Babacar Kanté, qui animait le séminaire, trouve que le débat sur les questions électorales est souvent biaisé. «Si quelqu’un rédige sa Constitution et la soumet au peuple qui l’approuve à 99% ; et qu’il se permet de la tripatouiller 15 fois en si peu de temps, et que personne ne dit rien, il y a problème», martèle le Pr Babacar Kanté.