TERME SUD TRANSFORMÉ EN CHAMP DE GUERRE
Située à Ouakam, la cité Terme Sud a été mercredi le théâtre de violents affrontements entre gendarmes et familles d’anciens militaires
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Tous au front. Anciens et soldats actifs se sont affrontés durant toute la journée d’hier, mercredi 30 septembre 2020. La cité Terme Sud (située à Ouakam) où logent d’anciens militaires a été prise d’assaut par des gendarmes qui ont reçu l’ordre de les déguerpir de leurs maisons. Accusant le Cemga, le Général Birame Diop d’être derrière cette mesure, les familles n’ont pas voulu se laisser faire. Toutefois, le Colonel Makhtar Diop parle d’une décision exécutoire de justice.
Située à Ouakam, la cité Terme Sud a été hier (mercredi 03 septembre)le théâtre de violents affrontements entre gendarmes et familles d’anciens militaires. Les échauffourées, qui ont démarré tôt le matin, ont duré jusqu’en début de soirée. Tout est parti d’une sommation faite par la Direction de Surveillance et de Contrôle de l’Occupation des Sols (Dscos) aux 79 familles de quitter leurs logements qu’elles occuperaient illégalement. Cette assignation fait suite à la décision rendue par la Cour suprême sur le litige autour du titre foncier n°1143/Nga sis à Ouakam Terme-Sud. Ayant reçu notification, dans la soirée du mardi 29 septembre, de quitter les lieux, les familles d’anciens militaires ont eu hier matin un réveil particulièrement mouvementé. Sous les ordres de leurs supérieurs, des gendarmes ont pris très tôt d’assaut le site pour déloger les 79 familles qui refusent de partir. «Nous avons reçu une sommation de nos supérieurs dans laquelle on nous notifiait que la Dscos va nous expulser de nos logements. Tout le monde pensait que c’était du bluff. Voilà ce matin, ils sont venus traduire en actes leurs menaces. C’est une honte qu’on dise que c’est l’Etat qui a voulu déguerpir des familles de militaires qui ont donné de leur sang pour ce pays», peste Aïssatou Ndour, épouse d’un ancien militaire.
«IL S’AGIT D’UNE DECISION EXECUTOIRE DE JUSTICE»
Mais c’était sans compter avec la résistance farouche des occupants. Ces derniers ont brûlé des pneus un peu partout dans le quartier et érigé des barrages de fortune. Décidés à affronter les pandores, ils se sont illustrés par des jets de pierres. Pour faire la genèse de cette affaire, le Colonel Makhtar Diop, Directeur de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA), indique que le dossier oppose la Coopérative Militaire de Construction (Comico). A l’en croire, la Comico est dans ses droits. D’ailleurs, ajoute-t-il, l’opération de déguerpissement obéit à une décision exécutoire de justice. «En effet, par arrêt n°48 du 26 décembre 2019, la Cour Suprême a confirmé la pleine propriété de la Comico sur l’extrait du titre foncier acquis auprès de l’État du Sénégal, le 16 octobre 2008, ordonnant en même temps l’expulsion de ces occupants jugés irréguliers des lieux», souligne le patron de la Dirpa. Une version que dément avec la dernière énergie la dame Aïssatou Ndour qui estime que le site abrite des logements de fonction. De l’avis de la dame, les parcelles ont été attribuées aux militaires depuis 1994, car ils étaient des fonctionnaires. «Nous avions saisi à l’époque le Président Abdoulaye Wade qui nous avait assuré qu’aucune famille ne serait déguerpie. Nous avons tout fait pour rencontrer le Président Macky Sall, mais en vain. Depuis 1994, il y a une indemnité de logement défalquée des salaires de ces soldats. Cela doit faire des milliards Fcfa. Par conséquent, je ne comprends pas l’attitude des autorités», s’offusque-t-elle.
«LES MANIFESTANTS CHARGENT LE CEMGA BIRAME DIOP»
Hier, les belligérants ne se sont pas fait de cadeaux. La journée a été noire pour les deux parties. Face aux forces de l’ordre qui ont usé de grenades lacrymogènes pour faire exécuter l’ordre de déguerpissement, les jeunes issus des 79 familles d’anciens militaires ont riposté à coups de jets de pierres. Ces derniers n’ont pas manqué de prendre possession de la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Ce qui a rendu électrique l’atmosphère. Particulièrement déterminés, les jeunes ont repoussé les gendarmes jusqu’à leurs derniers retranchements tout en se protégeant des bombes lacrymogènes.
Très en colère, les manifestants accusent le Cemga Birame Diop d’être le responsable de toute cette situation. «Nous sommes des familles de militaires. Nos pères et nos frères sont tous des militaires. Nos parents ont été de tous les combats. Si certains sont revenus sains des missions, d’autres sont rentrés avec des séquelles. Là où d’autres ont péri dans les champs de bataille. Aujourd’hui, on veut nous déguerpir. On pouvait le faire ailleurs et a d’autres personnes, mais pas à nous. Ils n’ont pas le droit de nous maltraiter de la sorte. Nous accusons le Général Birame Diop», fulmine Ndèye Fatou, une des manifestantes. Aux dernières nouvelles, huit jeunes ont été arrêtés par les gendarmes.