QUI EST IBRAHIM LY ?
Agé de 34 ans, il avait rejoint la Syrie fin 2014 - Arrêté au Sénégal après avoir posté des vidéos pro-Daech, il a été condamné lundi pour « association de malfaiteurs » et « apologie du terrorisme »
Ibrahim L. disparaît de Trappes fin 2014. Il réapparaît brusquement une semaine après l’attentat contre « Charlie Hebdo », en janvier 2015, dans une vidéo enregistrée depuis la Syrie : un message de propagande de Daech dans lequel il félicite les terroristes et appelle tous les Français à commettre des crimes et attentats. Une vidéo qui lui vaudra un signalement d’Interpol. Cet homme de 34 ans né à Trappes, qui a grandi au square Léo-Lagrange, dans le quartier des Merisiers, a finalement été interpellé au Sénégal en avril 2015. Ce lundi, après trois ans de détention, le tribunal correctionnel de Dakar l’a déclaré coupable d’« association de malfaiteurs » et d’« apologie du terrorisme ». Le parquet avait requis la perpétuité : il a été condamné à 15 ans de travaux forcés.
Lors de son procès, qui s’est tenu le mois dernier, Ibrahim a affirmé avoir rejoint la Syrie pour y « étudier le Coran et parler arabe au milieu des Arabes », et non pour combattre. Les enquêteurs ont pourtant découvert, sur son téléphone, des photos de lui portant une arme, et une vidéo dans laquelle il exhorte les musulmans au djihad. Et la vidéo du 14 janvier 2015, après l’attentat contre « Charlie Hebdo ».
Il avait écrit au président Hollande pour obtenir son extradition
Selon des sites d’information sénégalais, Ibrahim L. a écrit deux lettres au président François Hollande en 2016, pour tenter, en vain, de le convaincre de son innocence et obtenir son extradition vers la France. Selon lui, « les éléments de Daech lui ont confisqué son passeport, tout en lui interdisant toute communication avec ses parents établis en France », avant de le « forcer, avec une arme pointée sur la tête » à enregistrer cette vidéo.
C’est justement après l’avoir visionnée que son frère Mansour, âgé de 22 ans à l’époque, avait décidé de le rejoindre. A défaut de réussir à acheter des billets d’avion vers la Turquie, comme deux autres jeunes de Trappes partis le même jour, Mansour avait monté une équipe avec Fayçal, Bilal et sa jeune épouse, qui avaient tous leurs habitudes au Chicken Planet, comme Ibrahim, réputé ultra-radicalisé et prosélyte. Ils avaient pris la route le 17 janvier 2015, à bord d’un Renault Scénic, traversant six pays en trois jours. Jusqu’à l’accident, qui a mis fin à leur périple, à 400 km de la frontière syrienne, en Turquie. C’est là qu’ils ont été arrêtés.
Extradés vers la France, ils ont été jugés il y a deux ans. Si tous ont reconnu avoir tenté de rejoindre la Syrie, aucun n’a admis avoir eu l’intention d’y combattre. Bilal, 24 ans, et Mansour ont été condamnés à cinq ans d’emprisonnement. Fayçal, 19 ans, a écopé de quatre ans ferme. Et trois ans dont un avec sursis pour Sihem, 22 ans. Quant aux deux autres, partis en avion, l’un serait mort et l’autre combattrait dans les troupes de Daech.