DOMMAGE COLLATÉRAL ?
Trois agents du ministère sénégalais de l'Environnement arrêtés en Gambie dans le contexte d'arrestations et de morts supposés d'opposants gambiens
Des agents du ministère de l’Environnement et du Développement durable en mission dans le département de Médina Yoro Foulah se trouvent depuis samedi entre les mains de police gambienne de Bansang. En plus d’eux, il y a le fils du maire de la commune de Niaming qui leur servait de guide pour s’enquérir du pillage de la forêt et mesurer l’ampleur du business du bois. Ils sont arrêtés par la police au village de Diakhanta au moment où ils filmaient le dépôt de troncs d’arbres qui devaient être acheminés à Banjul.
Par les temps qui courent, c’est le désamour total entre la Gambie et le Sénégal. En conséquence, le régime de Yaya Jammeh ne rate aucune occasion pour créer des ennuis au Sénégal. Alors que le blocus de la transgambienne est en train d’infester les relations entre Dakar et Banjul, les autorités gambiennes viennent d’arrêter des agents du ministère de l’Environnement et du Développement durable en mission dans le département de Médina Yoro Foulah.
En effet, face à la recrudescence de la coupe de bois de vênes, une mission du ministère dirigé par Abdoulaye Bibi Baldé, constituée de trois personnes dont une femme, a quitté Dakar pour aller constater de visu le pillage de la forêt dans cette partie Sud du pays. Selon des informations officielles, les agents du ministère de l’Environnement se sont rendus dans la Commune de Niaming située à environ 5 kilomètres de Médina Yoro Foulah. Le maire de ladite Commune, Chérif Boye, a demandé à son fils d’accompagner ses hôtes pour faire un tour dans la forêt. A bord de leur véhicule, ils ont sillonné la forêt jusqu’à la frontière gambienne à hauteur du village Diakhanta. C’est dans ce patelin de la Gambie qui jouxte la frontière que sont embarqués les troncs de bois de vênes coupés au Sénégal avant d’être acheminés à Banjul où attendent des hommes d’affaires chinois qui les achètent à prix d’or.
D’après toujours nos informations, c’est une fois arrivés à la frontière à hauteur de ce village que les hommes de Abdoulaye Bibi Baldé ont garé leur véhicule. Mais ils sont attirés par les nombreux troncs d’arbres qui jonchaient le sol et qui attendaient d’être acheminés dans la capitale gambienne. Au début, ils voulaient avoir le coeur net sur l’ampleur de ce business. C’est ainsi que, sans se douter un seul instant des risques qu’ils prenaient, ils ont franchi la frontière pour, dit-on, photographier les troncs. Les populations, qui ont suspecté leur présence sur les lieux, ont alerté la police gambienne. C’est au moment où ils étaient en train d’observer les troncs d’arbres que la police gambienne a débarqué. Elle a demandé aux trois agents et au fils du maire de Niaming d’embarquer pour Bansang. N’ayant pas pu convaincre les policiers de les libérer, ils sont convoyés jusqu’à Bansang, laissant leur chauffeur à la frontière. Le chauffeur, quant à lui, est rentré à Niaming chez le maire en attendant que la situation se décante.
"Ils sont dans de bonnes conditions"
Informé de la mésaventure de ses hôtes, le maire de Niaming s’est dépêché sur les lieux pour tenter de les tirer d’affaires. Mais ce fut impossible, en raison de la fermeté des policiers gambiens.
Ces derniers ont refusé toute négociation avant de rendre compte à leur hiérarchie. C’est la raison pour laquelle le sort de ces quatre Sénégalais est entre les mains du chef de la police gambienne. Le patron des flics de la Gambie a quitté hier Banjul pour Bansang afin de disposer de toutes les informations sur les raisons de la présence de ces agents du ministère de l’Environnement dans leur territoire.
Nos sources renseignent toujours que l’édile Niaming est retourné à Bansang hier pour rencontrer le chef de la police. Mais la rencontre n’a pas été fructueuse. Les autorités gambiennes lui ont donné rendez-vous aujourd’hui pour échanger sur le sort de ces quatre Sénégalais.
Nous avons joint le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Environnement qui n’avaient pas reçu l’information pour pouvoir commenter. Mais nous avons pu entrer en contact avec le premier magistrat de Niaming. Chérif Boye confirme l’information, mais rassure : "Je suis rassuré, ils sont dans de bonnes conditions."