UN MAGISTRAT N’ECARTE PAS DE DEMISSIONNER
ESTIMANT QU’IL A INJUSTEMENT ETE AFFECTE A SAINT-LOUIS

Un magistrat du siège, qui a effectué 12 ans de service et qui était dans un cabinet d’instruction à Dakar, a été affecté à Saint-Louis sans son accord. Estimant que le principe d’inamovibilité a été violé, il a saisi la Cour suprême qui avait enrôlé le dossier avant, curieusement, de le retirer. Le juge, qui répond aux initiales de A D S, n’écarte pas de démissionner purement et simplement de la magistrature.
Un magistrat, actuellement en service à Saint-Louis est tellement dépité, qu’il envisage de démissionner. Il y a quelques mois, il a été affecté à Saint-Louis. Estimant que le principe d’inamovibilité (qui dit qu’un magistrat du siège ne peut être affecté sans son avis) a été violé, il a saisi la Chambre administrative de la Cour suprême et déposé un recours contre son affectation. L’affaire a été enrôlée, puis retirée. Selon des sources très au fait de cette affaire, il soupçonne l’ancien garde des Sceaux, Me Sidiki Kaba de l’avoir fait remplacer par un jeune magistrat de Tambacounda, récemment affecté à Dakar. Le magistrat en rébellion serait un ami du juge Ibrahima Hamidou Dème, rendu célèbre pour avoir dénoncé certaines pratiques de l’exécutif avant de claquer la porte du Conseil supérieur de la magistrature.
Le magistrat en question répond aux initiales A D S. Il a 12 ans de service et était auparavant au 7ème cabinet à Dakar. Il faut signaler que les démissions sont rarissimes chez les magistrats. Celle qui reste encore fraiche dans les esprits concerne le magistrat Ibrahima Hamidou Dème, substitut général à la Cour d’Appel de Dakar qui doit-on préciser, n’a pas quitté le corps, mais a claqué la porte du Conseil Supérieur de la Magistrature, dénonçant son fonctionnement entre autres et principalement les consultations à domicile qui avaient fini par être une règle et non une exception, selon le juge. «Le ministre de la Justice, chargé de préparer les propositions de nomination, a fait recours cinq fois, à la procédure dite de «la consultation à domicile» pour la désignation de magistrats, parfois à des postes très importants de l’appareil judiciaire. Cette procédure, consistant en une saisine individuelle des membres du Conseil pour recueillir leur avis sur les propositions formulées, ne garantit ni la transparence, ni le respect du principe constitutionnel de l’inamovibilité du juge », avait fustigé Dème. Joint au téléphone, un haut magistrat confirme l’existence de la saisie de la Cour suprême du juge en question, mais ajoute que c’est courant qu’un dossier mis sur le rôle soit enlevé pour complément d’enquête. Quoi qu’il en soit, le juge a saisi un avocat pour combattre cette injustice et menace même de démissionner purement et simplement. Un dossier sur la table du nouveau garde des Sceaux, Ismaila Madior Fall.