UN PETIT APERÇU DES ÎLES DE LA MADELEINE
L'archipel des îles de la Madeleine est la demeure de Leuk Daour Mbaye, le génie tutélaire de Dakar - On parle d’îlot Sarpan pour faire référence à un sergent rebelle qui s’y était réfugié

Située à 4 km au large de Dakar avec une superficie de 45 ha, de par ses falaises abruptes et de sa couverture végétale verdoyante en hivernage, on ne peut s’empêcher de remarquer ces îles volcaniques en s’approchant des côtes sénégalaises. Elles apparaissent sur l’une des cartes les plus anciennes de la presqu’île du Cap-Vert datant de 1677 avec le Cap Manuel, l’île de Gorée, la pointe des Almadies, Rufisque le Cap Rouge (actuel Yenn sur mer) et les deux collines des Mamelles. Les îles de la Madeleine forme un archipel de deux îles :
La Toponymie
En français, on parle d’îlot Sarpan pour faire référence à un sergent rebelle qui s’y était réfugié. On parle aussi de Madeleine. Ce nom a été donné par les français. N’était-il pas dû à sa similitude aux îles de la Madeleine du Québec découvert par les français ou de sa forme ?
Par ailleurs, en Wolof, on désigne la grande île « Weur » qui a plusieurs interprétations :
- pour la première version qui est celle du grand Sérigne de Dakar d’Abdoulaye Makhtar Diop, « Weur » est une déformation de « Dafko Weur » dont l’interprétation littérale en wolof signifie (faire le tour) en référence à la première personne qui y est allée en faisant le tour de l’île, -pour la seconde version, on parle de « Weur » pour désigner les cinq (5) îles volcaniques de Dakar qui décrivent une sorte de bouclier sur la presqu’île du Cap-Vert c’est-à-dire « Dafa Weur Ndakarou »
- pour la dernière version, on parle de « Weur » pour faire référence au mode d’accès à l’île car on ne peut n y accéder qu’en faisant le tour « Da nga koy Weur ».
Le Caractère sacré des îles de la Madeleine pour les Lébou
Le culte des rabs repose en grande partie sur la relation de l’homme à la mer. L'archipel des îles de la Madeleine est la demeure de Leuk Daour Mbaye, le génie tutélaire de Dakar ; l’île de Yoff abrite le génie de Mame Woré Moll, le génie protecteur des Mbenguène de Yoff. Ces îles ont en commun d’être inhabitées. A Gorée, c’est une femme, Mame Coumba Castel. Ngor et Gorée sont, elles, habitées. C’est le génie protecteur qui accepte ou non que son île soit occupée par les humains. Et c’est parce qu’une majorité influente des villages traditionnels de la presqu’île du Cap-Vert croit fermement à l’existence de ces rabs, que l’île de la Madeleine et l’îlot de Yoff sont jusqu’à présent inoccupés. En effet, cette spécificité s’explique par le fait que la mer de Yoff est masculine et n’offre pas de conditions favorables à la végétation alors que celle de Soumbédioune est féminine.
Dans la mythologie Lébou, l’île est aussi le refuge du génie tutélaire de Ndakarou Leuk Daour Mbaye c’est-à-dire « Kou deuk Weur Mbaye » ou celui qui habite Weur. Ce n’est pas un hasard de constater que la plupart des cérémonies de « Saraxu Ndakarou », les bœufs sont immolés, les galettes de mil et du lait caillé sont versés sur les baies de Soumbédioune, Koon (plage de Magic land) et Ndali (Ifan). Ces sacrifices constituent des offrandes annuelles à Leuk Daour Mbaye qui tendent souvent en direction des îles Madeleine.
On ne peut parler des îles Madeleines sans citer Ousmane Diop Coumba Pathé borom « Weur ak Laar » l’homme au bâton magique, l’un des premiers habitants de la Gueule Tapée en compagnie du Djaraf Alieu Codou Ndoye et du grand imam El. Hadji Yakhya Diop. Selon Abdou Rahmane Gaye d’EMAD « sa canne magique qui rendait la mer calme ou furieuse, poissonneuse ou non, par simple indexation et selon sa volonté ; ses offrandes de bouillie de mil versées dans la mer autour des îles Madeleine et qui faisaient s’échouer des bancs entiers de poissons sur la plage », justifiant ainsi le caractère sacré qu’occupe l’île dans la construction identitaire des Lébou de Dakar depuis des siècle.
La richesse de la biodiversité
Les îles de la Madeleine constituent depuis 1949 une réserve ornithologique, officiellement reconnue comme telle en 1964. Ces îles deviennent parc national en 1976 et sont inscrites depuis 2005 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Le statut de patrimoine du lieu s’accompagne d’un ensemble de mesures d’interdits. Par exemple, dans toute la zone qui entoure les îles Madeleines, il est interdit de pêcher sur un rayon de 100 m.
D’ailleurs, on y trouve une variété d’espèces composée de lamantins, des tortues marines menacées d’extinction, une forte concentration d’oiseaux d’eau comme le faucon pèlerin, la sterne et le phaéton à bec rouge. La flore n’est pas en reste, l’île abrite des tamarins et des baobabs nains ou « Gouye Teud » en wolof, du fait de leur croissance rampante en forme de liane.