UN SOUFI DOUBLÉ D'UN AGRICULTEUR
Cheikh Sidy Mactar Mbacké
Cheikh Sidy Mactar Mbacké s'est révélé au grand public à la suite du rappel à Dieu de son cousin Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké Falilou. Il devient, le 1er juillet 2010, le septième khalife général des Mourides et le deuxième petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba à porter ce titre. Il accède donc au khalifat mouride de par son père, Mouhamadou Lamine Bara qui est un fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, même s'il n'a jamais accédé au khalifat. Le chiffre "7" n'a plus de secret pour lui. Il est, d'après certains, un chiffre mystique pour lui. 7e fils de son père. 7e khalife de Bamba. Il a accédé au khalifat le 7e mois, enfin sous son magistère, les minarets de la grande mosquée sont passés de 5 à 7.
Jusqu'à son accession au trône, Cheikh Sidy Mactar Mbacké n'était pas connu du grand public même s'il est, depuis 1990, le khalife de son père à Gouye Mbind, un quartier situé à l'est de la grande mosquée de Touba, en remplacement de son frère, Serigne Abdoul Aziz Bara Mbacké. En effet, l'histoire retient que le 28 décembre 2007, juste après l'annonce du décès de Serigne Saliou Mbacké, dernier fils de Serigne Touba sur terre, Serigne Cheikh Sidy Mactar Mbacké a été le premier des petits-fils à faire allégeance à Serigne Mouhamadou Lamine Mbacké, son aîné fraîchement nommé nouveau guide spirituel de la communauté mouride en tant que doyen d'âge.
De son vrai nom Cheikh Sidy Mactar Mbacké, le successeur de Serigne Bara Mbacké Falilou est plus connu sous le nom de Serigne Cheikh Maty Lèye en référence à sa mère. "Son père Serigne Bara Mbacké Ibn Serigne Touba avait trois fils nommés tous Cheikh. Pour faire la différence, on a ajouté à chacun le nom de sa mère ", fait savoir Cheikh Thioro Bassirou Mbacké, non moins porte-parole de la famille de Serigne Bara Mbacké Khadim Rassoul.
Selon Cheikh Thioro Bassirou Mbacké, Serigne Cheikh Sidy Mactar est le troisième khalife de Serigne Bara, ce fils de Serigne Touba rappelé à Dieu très tôt avant qu'il n'accède au khalifat. Il a vu le jour au quinzième jour du mois de ramadan 1925 à Mbacké Kadior, dans le département de Kébémer. Sa vie allait d'ailleurs être liée à jamais à cette ville. En effet, ce caractère de soufi qu'il a fini de se forger le pousse très souvent à y effectuer des retraites spirituelles. C'est pourquoi, avec l'installation de Serigne Cheikh Sidy Mactar Mbacké au Khalifat, Touba se trouve à nouveau entre les mains d'un soufi. Cheikh Sidy Mactar, selon certains, rappelle aux fidèles Serigne Saliou Mbacké. Car à les en croire, il lui ressemble sur deux grandes orientations qui constituent les fondements du mouridisme : l'attachement aux recommandations coraniques et la propension au travail. Et la meilleure manière de le montrer, ce sont les diverses activités dans lesquelles il évolue comme l'agriculture et l'élevage. Le successeur de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké Falilou a subi une formation soutenue dans le domaine du mysticisme.
C'est son père qui l'a initié à l'apprentissage du Coran, avant de le confier à de grands érudits comme son homonyme, Serigne Cheikh Awa Balla Mbacké, un frère de Serigne Touba, pour parfaire sa maîtrise du "Fiq" et des autres connaissances théologiques indispensables. De cette solide formation islamique, Serigne Cheikh Sidy Mactar en garde aujourd'hui l'amour de la lecture des écritures saintes. En effet, cet ascète à la silhouette frêle et à la barbe blanchie, passe la plupart de ses journées hors de Touba. Il est souvent en retraite dans ses maisons, soit de "Tawfekh", soit de "Keur Nganda" où de "Tamin".
Pour autant, comme tout chef religieux mouride, Cheikh Sidy Mactar Mbacké est un éducateur qui dispose de Daara dans les villages qu'il a fondés, notamment à Tafekh Nganda. Il est aussi un grand cultivateur qui dispose de vastes superficies qu'il a mises en valeur à Mbacké Kadior, Tafekh Nganda, dans le cadre d'une vaste politique d'aménagement des terres au profit des populations de sa localité. C'est avec les fruits de ces récoltes qu'il finance la construction de mosquées et de maisons dédiées aux talibés de son père. Sur le plan social, il aide beaucoup les nécessiteux. Pour réaliser un vœu cher à son père d'effectuer le pèlerinage, Cheikh Sidy Mactar convoie chaque année une centaine de pèlerins à La Mecque. L'homme est également très attaché aux valeurs juridiques tout en affichant une neutralité absolue dans le fonctionnement du pouvoir. Ce qui ne l'empêche pas de tenir compte des réalités et exigences du monde actuel. Une attitude dictée par l'envergure de sa nouvelle mission déjà consolidée par ses prédécesseurs. On se rappelle encore son fameux discours dès ses premières heures de son accession au khalifat. Ainsi il s'est distingué par son vibrant appel lancé aux fidèles de cesser les clivages entre les confréries.
Les quatre actes majeurs de Serigne Sidy Mactar Mbacké
Devenu khalife de Touba en juillet 2010, suite au rappel à Dieu de Serigne Bara Mbacké Falilou dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, Serigne Sidy Mactar Mbacké s'est distingué, depuis lors, par son silence et sa forte personnalité. Son calendrier, chargé de moments de retraite spirituelle à "Tawfekh" ou à "Keur Nganda", lui laisse peu de temps qu'il consacre généralement à ses invités et talibés. Toutefois, le Khalife de Bamba sait prendre les grandes décisions en temps opportun, soit pour entamer de grands chantiers, soit pour faire taire une polémique. Ce qui fait en somme quatre grands actes posés depuis qu'il est devenu Khalife Général des Mourides.
Le premier acte majeur est pris au mois de mars 2013 avec la cérémonie de pose de première pierre de deux nouveaux minarets au niveau de la grande mosquée. Les minarets passent ainsi de 5 à 7. Les travaux, qui sont en phase de finition, se poursuivent et vont coûter au Khalife la colossale somme de 5 milliards de francs.
Le deuxième acte majeur est la construction à Dakar de la mosquée "Massalikoul Jinan" dont le coût financier est estimé à 12 milliards de francs, entièrement aux frais de la communauté Mouride. Cette mosquée est à inscrire dans le lot des grandes œuvres de la confrérie mouride avec 8000 places prévues.
Le troisième acte est le ndigël qu'il a donné pour mettre un terme à des polémiques qui ont enflé. C'est le cas lorsqu'il s'est agi de fermer le cimetière situé à l'est de la grande mosquée. Par la voix de Serigne Mountakha Mbacké Bassirou, Cheikh Sidy Mactar a interdit, en janvier 2014, toute inhumation dans ce cimetière et a déclaré ouvert le cimetière de "Bakhiya", malgré des résistances à certains niveaux.
Le quatrième acte a eu lieu, en effet, à la veille du magal 2014. Depuis plusieurs années, les autorités de la collectivité locale ont essayé vainement de déloger la gare routière de Touba pour désengorger l'axe principal, menant à la Grande mosquée, complètement bouché en période de Magal. Face au refus catégorique des groupements de chauffeurs et transporteurs, d'obtempérer, le Khalife a donné l'ordre de transférer la gare routière désormais relogée à quelques lieues de l'héliport. Cette décision a été déclarée irréfragable par le chef religieux.